Dans La Presse du 22 juillet, on évoque l’audition cet automne, devant la Régie des alcools, sur la révocation possible du permis du Buonanotte, un restaurant achalandé de Montréal, pour cause de « soirées houleuses » ces dernières années.

La Régie laisse entendre que le Buonanotte est incapable d’opérer en sécurité à cause de quelques incidents de violence, de surcapacité, et de la présence de crime organisé.

Toutefois, plusieurs des incidents cités dans la plainte de la Régie concernent des efforts par le restaurant d’expulser des personnes reliées au crime organisé – précisément ce que la police demande à de tels établissements, car elle semble incapable de mettre en prison des criminels connus.

Les forces policières imposent donc sur les gérants le fardeau de protéger la vie nocturne de Montréal de cette clientèle indésirable.

Elles leur offrent toutefois peu d’appuis, malgré les demandes répétées qu’on place des policiers à l’entrée, ou bien de faire comme en Alberta, où la loi interdit l’entrée dans de tels établissements à des membres reconnus de la pègre.

Même si ce n’est pas un cas unique dans le secteur, une discussion plus importante est méritée sur le système sévèrement dysfonctionnel de surréglementation et de poursuites excessives qui entrave l’industrie. Que ce soit au niveau provincial ou municipal, qu’il s’agisse des services de sécurité ou de la Régie des alcools qui est désuète, nos lois archaïques et la mauvaise gestion du secteur entraînent la perte de millions de dollars de nos taxes et d’énormes ressources gouvernementales.

Le Buonanotte n’est que la plus récente victime de cette persécution institutionnalisée. Dans son cas, le SPVM et la Régie n’aiment pas sa clientèle.

D’autres font face à différents problèmes, comme le restaurant de Brossard, fermé pendant deux semaines par la Régie parce que l’alcool dont il se servait pour cuisiner, tout en provenant de la SAQ, ne comportait pas l’étampe du gouvernement.

Dans un tel climat, on voit fréquemment l’escouade de la moralité du SPVM, mandatée pour faire respecter les lois sur les permis d’alcool, en collaboration avec ECLIPSE qui vise le crime organisé, monter des dossiers bourrés d’insinuations et de fausses accusations contre des commerces qui leur causent des ennuis dans le but de les fermer.

Un tel dossier, véridique ou non, sert à convoquer le commerce devant un tribunal de la Régie des alcools, qui n’est pas une vraie cour, où on leur garantit au moins d’une amende, et probablement la suspension ou même la révocation de son permis, ce qui entraîne la perte d’emplois et de taxes pour le gouvernement.

Mais pour chaque amende qui est contestée (presque toutes le sont) pour une mouche ou une plainte de bruit sans fondement, le gouvernement dépense des milliers de dollars en frais de cour, salaires de procureurs, heures supplémentaires de policiers et autres frais administratifs. Tout cela pour percevoir 1000 $ ou moins auprès de défendeurs, qui sont souvent à court d’argent. Le gouvernement se fiche des milliers de dollars que le commerçant doit dépenser en frais d’avocat, ce qui peut hypothéquer son commerce de façon permanente.

Quand on constate qu’il y a environ 1000 auditions par année devant la Régie, on a une meilleure idée du gaspillage monumental de nos taxes par cette machine opérée par l’État pour inventer des emplois, qui célèbre la destruction des commerces et du gagne-pain des gens qui y travaillent.

Nos élus rejettent toute responsabilité pour cette culture malicieuse, disant que ce n’est pas à eux de s’ingérer dans les opérations policières. La police prétend qu’elle ne fait que ce que ses patrons lui disent et ce que la loi exige.

Presque tous les restaurateurs avec qui je parle me disent qu’ils n’ouvriront jamais un autre commerce au Québec à cause de l’expérience écrasante d’un système malsain et incompétent, qui fait tout pour empêcher le succès et qui ne fait aucun effort pour créer un meilleur environnement où les entrepreneurs peuvent bâtir des commerces rentables.
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