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Le « muscle car » existe-t-il toujours?

Pontiac GTO 1969 | Photo : Pinterest
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Éric Descarries
Une petite leçon d'histoire s'impose…

Si vous êtes un « véritable » amateur de voitures, peu importe leur provenance, vous savez ce que sont les muscle cars. Sinon, en voici une brève description…

Le concept de muscle car est on ne peut plus américain. Après la Deuxième Guerre mondiale, alors que l’Europe cherchait à se remettre d’une période douloureuse et que l’Asie essayait de s’adapter aux temps modernes, l’industrie automobile américaine reprenait son souffle et tentait, de son côté, de répondre à une demande croissante des jeunes automobilistes pour une meilleure performance. Dès le début des années 1950, de nouveaux moteurs V8 vraiment plus puissants et plus efficaces ont fait leur apparition. 

Or, c’est plutôt au milieu des années 1960 que les vrais muscle cars sont nés. Les pistes d’accélération aux États-Unis (drag strips) commençaient à mettre en vedette de gros coupés américains mus par d’aussi gros moteurs V8 de 7,0 litres ou plus avec multiple carburation. C’était l’époque des Super Stock (SS). 

C’est alors que le gourou de GM de l’époque, John Z. DeLorean (le même DeLorean qui allait créer la voiture sport éponyme), eut la brillante idée de glisser un de ces gros V8 (de 389 pouces cubes ou 6,3 litres) à multiples carburateurs dans le compartiment-moteur d’une Pontiac Le Mans de dimensions intermédiaires, créant ainsi ce qui est maintenant reconnu comme le tout premier muscle car de l’histoire, la Pontiac GTO. 

Il n’en fallut pas plus pour que la concurrence emboîte le pas. En quelques mois, le marché a été inondé de Chevrolet Chevelle SS, Ford Fairlane 390, puis 427, Plymouth Road Runner 383 ou Hemi et j’en passe. Même les constructeurs indépendants ont suivi la parade : American Motors a glissé des V8 de 401 pouces cubes (6,5 litres) dans ses Rebel, tandis que Studebaker a placé des V8 289 (4,9 litres) à compresseur dans ses Lark. Les grands ingénieurs américains ont même poussé l’audace jusqu’à coincer de gros V8 dits « big block » dans les compartiments-moteurs de véhicules jugés compacts à l’époque. GM a été l’un des joueurs importants dans ce domaine avec des Chevrolet Nova 396 et autres folies du genre.

Rapidement décrits, les muscle cars se limitaient à d’immenses moteurs puissants (avec du couple à revendre) dans les petits véhicules de l’époque, sans que les ingénieurs ne tiennent vraiment compte de la tenue de route, de la direction ou du freinage. En fait, les plus fameux muscle cars manquaient vraiment de luxe et de finition. Un véritable muscle car était donc un coupé bas de gamme avec un intérieur des plus dénudés, bien souvent sans radio, mais avec une mécanique d’une puissance impressionnante capable de réaliser des temps remarquables à la piste d’accélération. 

Muscle car ou pony car?
Alors que les puristes préfèrent parler de muscle cars basés sur des coupés intermédiaires ou compacts, d’autres incluent les coupés sportifs Ford Mustang, Chevrolet Camaro, Mercury Cougar, Pontiac Firebird, Dodge Challenger, Plymouth Barracuda et AMC Javelin dans la mêlée. En vérité, ces autos étaient identifiées comme des pony cars en référence à la Mustang. Toujours selon la mécanique qui se cachait sous leut capot, elles pouvaient être considérés comme des sportives (elles se sont rapidement retrouvées en course sur circuit routier, donnant même naissance à la légendaire série américaine Trans Am) ou des muscle cars (si elles étaient équipées de ces immenses V8 super puissants capables d’écumer les pistes d’accélération).

L’époque des muscle cars a duré jusqu’au début des années 1970 alors que la crise du pétrole a frappé l’Amérique du Nord de front. Il y a eu aussi l’avènement des normes de sécurité de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) qui allaient non seulement modifier l’aspect des autos, mais aussi mettre un frein à cette course à la performance. Les derniers muscle cars ont été construits au milieu des années 1970, mais à cette époque, leurs moteurs « étouffés » n’avaient plus la même performance que les « big block » des années 1960. 

Que reste-t-il de nos amours?
Les muscle cars sont donc disparus aussi rapidement qu’ils sont apparus. De nos jours, il est plutôt difficile, voire impossible, de recréer cette époque légendaire. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs constructeurs ont essayé. Même les Européens et les Japonais ont tenté de le faire en glissant des V8 et d’autres moteurs puissants dans leurs caisses les plus petites. Or, contrairement aux muscle cars du passé, ces autos se sont avérées très coûteuses. 

Les seuls vestiges de cette belle époque se retrouvent dans les quelques pony cars qui restent sur notre marché, soit les Ford Mustang, Chevrolet Camaro et Dodge Challenger. Ces autos demeurent livrables avec des moteurs V8 impressionnants (malgré le fait que Ford propose un 4-cylindres turbo de 2,3 litres de plus de 300 chevaux dans sa Mustang, un moteur plus puissant que celui de la Mustang 390 (6,2 litres) des années 1960, et que GM et Dodge offrent un V6 de plus de 300 chevaux dans leurs Camaro et Challenger respectives). Nostalgiques des années 1960, les 3 géants de Détroit mettent également à la disposition des amateurs de courses d’accélération des versions vraiment muscle cars de leurs coupés, comme la Mustang Cobra Jet, la Chevrolet Camaro COPO ou la Challenger Drag Pack. Notons cependant que ces voitures ne sont pas conçues pour la route! 

Outre ces pony cars, il ne reste plus vraiment de muscle cars tels que nous les avons connus sur le marché, exception faite peut-être des Dodge Charger SRT Hellcat ou Scat Pack à moteur V8 HEMI (NDLR : cet article a été rédigé avant le lancement de la Challenger SRT Demon). Toutefois, alors que les muscle cars du passé étaient disponibles à un prix relativement raisonnable, se procurer une voiture équivalente de nos jours demande un budget beaucoup plus élevé!  

 

Éric Descarries
Éric Descarries
Expert automobile
  • Plus de 41 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 55 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 200 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque