Stéphane Dumas
12/02/2006, 19h54
trouvé à http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-740289,0.html
Il faut se réjouir que Carlos Ghosn, le PDG de Renault, ait choisi une politique offensive. On redoutait de ce redresseur d'entreprises qu'il annonce, jeudi 9 février, des fermetures d'ateliers, sinon d'usines, et des licenciements. Il a, au contraire, choisi une stratégie de croissance. Renault devrait redevenir, sur cette lancée, un modèle pour toute la France, repoussant la contrition mais mobilisant les énergies, exigeant plus de créativité, plus de travail, de qualité et de rentabilité. La leçon devrait être méditée par la classe politique.
Le contraste est fort avec son concurrent allemand Volkswagen, qui a laissé entendre, vendredi 10 février, la suppression de 20 000 postes. En fait, les deux entreprises, et les deux pays, sont dans des situations inversées. "Notre problème majeur, a dit M. Ghosn, n'est pas un problème de coûts." En revanche, l'Allemagne souffre de salaires relativement peu compétitifs malgré une productivité élevée. VW, qui a conservé à son siège de Volksburg une usine gigantesque très intégrée, comme le fut Billancourt autrefois, est particulièrement handicapée.
Les groupes allemands ont entrepris, ces dernières années, des politiques drastiques de réduction des coûts. Parallèlement, ils ont consolidé et élargi leur production de biens de qualité. Leur spectaculaire réussite à l'exportation d'automobiles ou d'équipements démontre qu'ils sont parvenus à redonner à l'Allemagne une place de choix dans la mondialisation. Mais les directions des entreprises, comme le gouvernement, entendent ne pas s'arrêter là. VW veut continuer à redresser sa rentabilité, au besoin en diminuant les capacités.
Le groupe Renault dispose, grâce à l'ancien PDG Louis Schweitzer, d'une assise internationale très solide avec Nissan, Dacia, Samsung. Le bilan est sain. Mais l'entreprise Renault dépend trop des ventes en France (la moitié de son chiffre d'affaires) et d'un seul modèle, la Mégane. Elle a raté son développement dans le haut de gamme, segment le plus rentable. "Le problème est qu'on gagne en F 1 et qu'on n'a rien à mettre derrière", a expliqué M. Ghosn.
Le nouveau PDG veut lancer 26 nouveaux modèles dans les quatre ans, prendre place dans les motorisations propres (mélange des hydrocarbures avec des biocarburants) et remonter en qualité et en gamme. Renault devra vendre au moins 800 000 voitures supplémentaires pour atteindre 3,3 millions de voitures en 2009. La croissance et la montée en gamme forment la double clé du maintien des effectifs et de l'amélioration de la rentabilité. Ces deux objectifs ne sont pas contradictoires, comme on le pense trop souvent en France : ils sont liés.
Les syndicats de Renault l'ont compris. Puisse la France tout entière l'entendre !
Il faut se réjouir que Carlos Ghosn, le PDG de Renault, ait choisi une politique offensive. On redoutait de ce redresseur d'entreprises qu'il annonce, jeudi 9 février, des fermetures d'ateliers, sinon d'usines, et des licenciements. Il a, au contraire, choisi une stratégie de croissance. Renault devrait redevenir, sur cette lancée, un modèle pour toute la France, repoussant la contrition mais mobilisant les énergies, exigeant plus de créativité, plus de travail, de qualité et de rentabilité. La leçon devrait être méditée par la classe politique.
Le contraste est fort avec son concurrent allemand Volkswagen, qui a laissé entendre, vendredi 10 février, la suppression de 20 000 postes. En fait, les deux entreprises, et les deux pays, sont dans des situations inversées. "Notre problème majeur, a dit M. Ghosn, n'est pas un problème de coûts." En revanche, l'Allemagne souffre de salaires relativement peu compétitifs malgré une productivité élevée. VW, qui a conservé à son siège de Volksburg une usine gigantesque très intégrée, comme le fut Billancourt autrefois, est particulièrement handicapée.
Les groupes allemands ont entrepris, ces dernières années, des politiques drastiques de réduction des coûts. Parallèlement, ils ont consolidé et élargi leur production de biens de qualité. Leur spectaculaire réussite à l'exportation d'automobiles ou d'équipements démontre qu'ils sont parvenus à redonner à l'Allemagne une place de choix dans la mondialisation. Mais les directions des entreprises, comme le gouvernement, entendent ne pas s'arrêter là. VW veut continuer à redresser sa rentabilité, au besoin en diminuant les capacités.
Le groupe Renault dispose, grâce à l'ancien PDG Louis Schweitzer, d'une assise internationale très solide avec Nissan, Dacia, Samsung. Le bilan est sain. Mais l'entreprise Renault dépend trop des ventes en France (la moitié de son chiffre d'affaires) et d'un seul modèle, la Mégane. Elle a raté son développement dans le haut de gamme, segment le plus rentable. "Le problème est qu'on gagne en F 1 et qu'on n'a rien à mettre derrière", a expliqué M. Ghosn.
Le nouveau PDG veut lancer 26 nouveaux modèles dans les quatre ans, prendre place dans les motorisations propres (mélange des hydrocarbures avec des biocarburants) et remonter en qualité et en gamme. Renault devra vendre au moins 800 000 voitures supplémentaires pour atteindre 3,3 millions de voitures en 2009. La croissance et la montée en gamme forment la double clé du maintien des effectifs et de l'amélioration de la rentabilité. Ces deux objectifs ne sont pas contradictoires, comme on le pense trop souvent en France : ils sont liés.
Les syndicats de Renault l'ont compris. Puisse la France tout entière l'entendre !