Slammer
07/11/2006, 15h20
Petit article dans le journal les Affaires
La même auto coûte plus cher ici qu'aux États-Unis
12 octobre 2006
Jesse Caron, Journal Les Affaires
En juin 2006, une vaste étude de DesRosiers Automotive Consultants révélait que les prix de détail des voitures 2006 étaient en moyenne de 17 % plus élevés au Canada qu'au sud de la frontière.
Bien que relativement modéré pour les petites voitures, l'écart était cependant très évident pour les véhicules de haut de gamme et les utilitaires sport.
L'analyse 2007 de DesRosiers Automotive n'est pas encore prête, mais une comparaison effectuée par LES AFFAIRES n'augure pas de répit à court terme pour les Canadiens. Son auteur, Dennis DesRosiers, est catégorique : "Jusqu'à maintenant, les constructeurs d'autos n'ont pas ajusté leurs prix de détail pour refléter la vigueur retrouvée de notre dollar, et les Canadiens ne profitent pas des avantages associés à une devise forte."
Une situation d'autant plus étonnante que les marchés de l'automobile du Canada et des États-Unis sont des jumeaux quasi identiques. Les véhicules vendus des deux côtés de la frontière sont très similaires, ils doivent respecter des normes de sécurité semblables et ils proviennent souvent des mêmes usines d'assemblage. Cette situation est unique au monde, dit M. DesRosiers.
Morale : si vous avez un penchant - et des moyens - pour une auto de luxe, vous pourriez économiser beaucoup en l'achetant aux États-Unis. Mais pour les voitures de grande diffusion, l'économie est plutôt négligeable, et elle pourrait être compensée par les promotions des constructeurs canadiens, meilleurs qu'aux États-Unis.
Le dollar en cause
Le dollar canadien, faut-il le rappeler, est en grande forme. Depuis qu'il a touché un creux à 63,7 ¢US en 2002, il n'a fait que remonter jusqu'à son cours actuel de quelque 90 ¢US.
Dans sa revue de l'année 2005, Statistique Canada mentionne que chaque citoyen a économisé 294 $ sur les biens durables et semi-durables depuis que le huard a débuté son envolée. C'est donc dire que plus le dollar monte, plus le pouvoir d'achat augmente.
Or, on devrait en sentir les effets de cette augmentation au moment de l'achat d'une auto. On pourrait s'attendre à ce que les prix des autos vendues au pays diminuent à mesure que le huard grimpe. Ou, à l'inverse, que celui des véhicules écoulés aux États-Unis augmente, puisque la devise américaine perd de la valeur.
Pourtant, les chiffres démontrent le contraire. La petite Impreza WRX se distinguait déjà comme l'une des plus désavantagées dans la plus récente étude de DesRosiers, rendue publique il y a un peu plus de trois mois. L'Impreza canadienne commandait alors un supplément de quelque 24 % par rapport à l'américaine.
Si les tarifs n'ont pas bougé, le dollar, lui, s'est encore apprécié depuis la fin du premier semestre. Voilà pourquoi l'achat de l'Impreza WRX 2007 aux États-Unis apparaît encore plus alléchant pour un amateur canadien, en vertu d'un écart de prix qui a gonflé à 29,3 %.
Seulement cinq véhicules inclus dans la comparaison 2006 de DesRosiers - qui comprend la plupart des modèles sur le marché - étaient plus abordables pour les conducteurs canadiens que leurs vis-à-vis américains. Parmi eux figurent la Hyundai Elantra et la Toyota Corolla, deux voitures de la catégorie des compactes, qui présentent le plus faible écart de prix entre les deux pays.
En 1999, lorsque le dollar s'enlisait encore dans les bas-fonds, la situation était complètement inverse. À l'issue de sa première comparaison de prix transfrontalière, DesRosiers avait alors constaté un écart de 3 167 $ en faveur des acheteurs canadiens.
Avantage Amérique du Nord
Selon la recherche du cabinet DesRosiers, la "surprime canadienne" était beaucoup moins élevée pour les autos nord-américaines que pour les marques étrangères en 2006. C'était la première fois que la firme de recherche constatait des politiques de prix si différentes. Par le passé, les écarts étaient presque nuls d'une société à l'autre.
En 2007, les voitures de tourisme de General Motors, Ford et DaimlerChrysler coûtaient en moyenne 4 332 $ de plus ici qu'aux États-Unis. Dans le cas des autos importées, la différence doublait, ou presque, à 7 939 $. Le segment des camionnettes suivait une courbe semblable.
Les données de notre échantillon tendent à confirmer cette observation. Le plus faible écart revient à la Chevrolet Uplander, la seule nord-américaine du groupe.
GM est justement le constructeur qui a offert la plus grande parité entre les deux pays en 2006, selon l'étude de DesRosiers. Malgré tout, il est également celui qui a perdu la plus grande part de marché entre juin 2005 et juin 2006.
"Les consommateurs en sont venus à s'attendre à d'importants rabais de la part de GM. Ceux qui ne les ont pas obtenus n'ont tout simplement pas acheté chez GM", explique Dennis DesRosiers. Il voit là un inconvénient flagrant des ristournes à grande échelle qu'ont adoptées les grands constructeurs ces dernières années.
Sans combler l'écart entre les prix canadiens et les tarifs américains, ces mêmes promotions contribuent néanmoins à l'atténuer. D'après le président l'Association pour la protection des automobilistes, Georges Iny, elles sont actuellement meilleures au pays qu'aux États-Unis.
Et c'est tant mieux pour les conducteurs d'ici, puisqu'il faudra encore quelques années avant que les constructeurs rajustent leurs prix de détail en fonction du dollar, conclut l'étude de Dennis DesRosiers.
Vous trouverez des tableaux présentant l'écart de prix pour cinq modèles, de même que des textes supplémentaires sur le phénomène dans le journal LES AFFAIRES.
La même auto coûte plus cher ici qu'aux États-Unis
12 octobre 2006
Jesse Caron, Journal Les Affaires
En juin 2006, une vaste étude de DesRosiers Automotive Consultants révélait que les prix de détail des voitures 2006 étaient en moyenne de 17 % plus élevés au Canada qu'au sud de la frontière.
Bien que relativement modéré pour les petites voitures, l'écart était cependant très évident pour les véhicules de haut de gamme et les utilitaires sport.
L'analyse 2007 de DesRosiers Automotive n'est pas encore prête, mais une comparaison effectuée par LES AFFAIRES n'augure pas de répit à court terme pour les Canadiens. Son auteur, Dennis DesRosiers, est catégorique : "Jusqu'à maintenant, les constructeurs d'autos n'ont pas ajusté leurs prix de détail pour refléter la vigueur retrouvée de notre dollar, et les Canadiens ne profitent pas des avantages associés à une devise forte."
Une situation d'autant plus étonnante que les marchés de l'automobile du Canada et des États-Unis sont des jumeaux quasi identiques. Les véhicules vendus des deux côtés de la frontière sont très similaires, ils doivent respecter des normes de sécurité semblables et ils proviennent souvent des mêmes usines d'assemblage. Cette situation est unique au monde, dit M. DesRosiers.
Morale : si vous avez un penchant - et des moyens - pour une auto de luxe, vous pourriez économiser beaucoup en l'achetant aux États-Unis. Mais pour les voitures de grande diffusion, l'économie est plutôt négligeable, et elle pourrait être compensée par les promotions des constructeurs canadiens, meilleurs qu'aux États-Unis.
Le dollar en cause
Le dollar canadien, faut-il le rappeler, est en grande forme. Depuis qu'il a touché un creux à 63,7 ¢US en 2002, il n'a fait que remonter jusqu'à son cours actuel de quelque 90 ¢US.
Dans sa revue de l'année 2005, Statistique Canada mentionne que chaque citoyen a économisé 294 $ sur les biens durables et semi-durables depuis que le huard a débuté son envolée. C'est donc dire que plus le dollar monte, plus le pouvoir d'achat augmente.
Or, on devrait en sentir les effets de cette augmentation au moment de l'achat d'une auto. On pourrait s'attendre à ce que les prix des autos vendues au pays diminuent à mesure que le huard grimpe. Ou, à l'inverse, que celui des véhicules écoulés aux États-Unis augmente, puisque la devise américaine perd de la valeur.
Pourtant, les chiffres démontrent le contraire. La petite Impreza WRX se distinguait déjà comme l'une des plus désavantagées dans la plus récente étude de DesRosiers, rendue publique il y a un peu plus de trois mois. L'Impreza canadienne commandait alors un supplément de quelque 24 % par rapport à l'américaine.
Si les tarifs n'ont pas bougé, le dollar, lui, s'est encore apprécié depuis la fin du premier semestre. Voilà pourquoi l'achat de l'Impreza WRX 2007 aux États-Unis apparaît encore plus alléchant pour un amateur canadien, en vertu d'un écart de prix qui a gonflé à 29,3 %.
Seulement cinq véhicules inclus dans la comparaison 2006 de DesRosiers - qui comprend la plupart des modèles sur le marché - étaient plus abordables pour les conducteurs canadiens que leurs vis-à-vis américains. Parmi eux figurent la Hyundai Elantra et la Toyota Corolla, deux voitures de la catégorie des compactes, qui présentent le plus faible écart de prix entre les deux pays.
En 1999, lorsque le dollar s'enlisait encore dans les bas-fonds, la situation était complètement inverse. À l'issue de sa première comparaison de prix transfrontalière, DesRosiers avait alors constaté un écart de 3 167 $ en faveur des acheteurs canadiens.
Avantage Amérique du Nord
Selon la recherche du cabinet DesRosiers, la "surprime canadienne" était beaucoup moins élevée pour les autos nord-américaines que pour les marques étrangères en 2006. C'était la première fois que la firme de recherche constatait des politiques de prix si différentes. Par le passé, les écarts étaient presque nuls d'une société à l'autre.
En 2007, les voitures de tourisme de General Motors, Ford et DaimlerChrysler coûtaient en moyenne 4 332 $ de plus ici qu'aux États-Unis. Dans le cas des autos importées, la différence doublait, ou presque, à 7 939 $. Le segment des camionnettes suivait une courbe semblable.
Les données de notre échantillon tendent à confirmer cette observation. Le plus faible écart revient à la Chevrolet Uplander, la seule nord-américaine du groupe.
GM est justement le constructeur qui a offert la plus grande parité entre les deux pays en 2006, selon l'étude de DesRosiers. Malgré tout, il est également celui qui a perdu la plus grande part de marché entre juin 2005 et juin 2006.
"Les consommateurs en sont venus à s'attendre à d'importants rabais de la part de GM. Ceux qui ne les ont pas obtenus n'ont tout simplement pas acheté chez GM", explique Dennis DesRosiers. Il voit là un inconvénient flagrant des ristournes à grande échelle qu'ont adoptées les grands constructeurs ces dernières années.
Sans combler l'écart entre les prix canadiens et les tarifs américains, ces mêmes promotions contribuent néanmoins à l'atténuer. D'après le président l'Association pour la protection des automobilistes, Georges Iny, elles sont actuellement meilleures au pays qu'aux États-Unis.
Et c'est tant mieux pour les conducteurs d'ici, puisqu'il faudra encore quelques années avant que les constructeurs rajustent leurs prix de détail en fonction du dollar, conclut l'étude de Dennis DesRosiers.
Vous trouverez des tableaux présentant l'écart de prix pour cinq modèles, de même que des textes supplémentaires sur le phénomène dans le journal LES AFFAIRES.