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Voir la version complète : 336,700$ par année par emploi.. qu'ils disent...



julienn
15/01/2007, 20h17
Je sais pas qui s'est mêler dans ses chiffres mais me semble que ceux là sont gros pas mal....

Hallucinant même !





Lettre parue dans La Presse de samedi.


Des bénéfices illusoires
La vente de l’électricité à faible prix aux alumineries constitue une perte pour la société québécoise
GÉRARD BÉLANGER ET JEAN-THOMAS BERNARD
Les auteurs enseignent au département d'économique de l'Université Laval

Le 14 décembre dernier, le gouvernement du Québec et Alcan se sont associés pour l'implantation d'une nouvelle alumine-rie au Saguenay-Lac-Saint-Jean. La réalisation de ce projet devrait amener Alcan à investir 2 milliards au cours des 10 prochaines années et à engager 740 personnes qui occuperont des emplois hautement spécialisés. La contribution gouvernementale à ce projet est complexe et elle comporte des dimensions financières, fiscales et énergétiques. Nous avons estimé le coût total de cette contribution à 3,19 milliards, soit 249,2 millions par année durant 30 ans ou 336,700$ par année par emploi au cours de la même période.

Une entente de même nature a été conclue en septembre 2002 pour la réalisation de la phase II de l'aluminerie Alouette de Sept-îles: vente de 500 MW au tarif grande puissance L modulé à la baisse et prêt sans intérêt de 260 millions $ pour 30 ans. De plus, Alcoa a frappé et frappe toujours à la porte du gouvernement pour obtenir de l'aide pour ses projets de rénovation et d'expansion à ses usines de Deschambault et de Baie-Comeau. C'est beaucoup d'argent fourni par le gouvernement québécois eu égard aux demandes pressantes qui lui sont adressées pour la santé, l'éducation et les infrastructures.

L'argument le plus souvent présenté pour justifier l'aide gouvernementale est celui des retombées économiques. Pour le projet de l'Alcan, le gouvernement estime qu'il créera plus de 2500 emplois directs et indirects incluant les
740 emplois en usine, soit: deux emplois indirects par emploi direct. Il faut faire la même analyse pour les alternatives qui peuvent être considérées. Pour ce cas-ci, Alcan investira 2 milliards alors que le gouvernement renonce à 3,12 milliards. Cette dernière somme aurait pu être utilisée à améliorer le réseau routier québécois; c'est un projet d'investissement qui aurait généré plus de retombées économiques directes et indirectes que les 2 milliards de l'Alcan.

La même analyse peut être appliquée à d'autres dépenses gouvernementales comme la santé, l'éducation et la redistribution du revenu. Il est: faux d'affirmer que les profits reliés à l'exportation de l'électricité au Québec n'ont pas de retombées économiques, comme l'affirme l'Association de l'aluminium du Canada dans un texte de publicité distribué dans plusieurs quotidiens.

L'ampleur du développement hydroélectrique à faibles coûts au Québec est sans aucune mesure par rapport à ce qui existe partout ailleurs dans le monde: un système de plus de 40000 MW a 95% hydroélectrique. La disponibilité d'électricité à faibles coûts a marqué tous les secteurs d'activité, en particulier le secteur industriel, qui consomme plus de 50% de l'électricité. Le secteur fonte et affinage des métaux, auquel appartiennent les alumineries représente 50% de cette consommation. Cela a contribué au développement industriel et: à l'enrichissement collectif depuis 100 ans.

Cependant, deux change m e n ts majeurs sont survenus dans les dernières années. Il y a d'abord l'accroissement des coûts des nouvelles sources d'approvisionnement en électricité au Québec. Il est normal qu'il en soit ainsi puisque les meilleurs sites ont été mis en valeur et qu'il faut faire appel à des endroits de plus en plus éloignés

Ainsi, dans sa politique énergétique déposée en juin 2006, le gouvernement considère le développement de la Romaine (1500 MW) et de Petit Mécatina (1500 M W ) q u i fournirait de l'électricité à plus de 10,O¢/kWh. Le projet éolien de 1000 MW en cours de construction livrera de l'électricité à 8,3¢/kWh. L'ère du développement hydroélectrique à faibles coûts tire à sa fin au Québec.

L'autre changement a été l'ouverture du marché de gros de l'électricité aux États-Unis en 1998. Hydro-Québec peut maintenant vendre directement aux prix du marché. Pour les 11 premiers mois de 2006, le prix moyen a été de 8,9c/kWh.
Donc si nous considérons le coût de mise en valeur des nouvelles sources d'électricité au Québec ou le lucratif marché de l'exportation, la vente de l'électricité à faible prix aux alumineries constitue une perte pour la société québécoise. La politique industrielle du gouvernement québécois ne reflète pas cette nouvelle réalité. Un développement industriel qui a contribué de façon significative à l'accroissement de la richesse collective est en train de se transformer en un frein à cette amélioration du bien-être collectif. Les ententes récentes et celles en préparation nous montrent qu'il en sera malheureusement ainsi pour les décennies à venir.