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Voir la version complète : En réponse à Dave sur les producteurs bovins vs laitier ...



lizlec
02/11/2010, 20h12
Liz, moi j'aimerais comprendre comment certains se meurent alors qu'on en a d'autres qui sont plein aux as ? Astie, on a des clients qui se sont mis riche avec la vente de leur quotas de lait et qui était pas pauvre pentoute avant... Tsé, comme dirait l'autre, le gars de la poule aux oeuf d'or, il est pas vraiment pauvre... c'est quasiment un "guichet automatique" sa business.

Qu'est-ce qui se passe dans la viande pour que ce soit si pire que ça ? Parce que lorsqu'on fait l'épicerie, le steak, lui, il a monté en crisse !!! Est-ce qu'on produit trop de viande pour la demande ? Trop de lait pour la demande ?

Fiou ... c'est long, mais c'est mon point de vue de la situation selon mon expérience dans le domaine ... bonne lecture aux courageux :rolleyes: :

Le phénomène actuel au niveau laitier provient principalement des cultivateurs qui étaient présents au moment de l'établissement des quotas lesquels furent établis pour protéger nos cultivateurs de la compétition américaine entre autre ... ces cultivateurs ont alors obtenu gratuitement leur quotas afin de produire leur lait (mon père s'était d'ailleurs fait offrir du quotas gratuit à l'époque et avait refuser, car les nouvelles normes nécessitaient de grosses rénovations au niveau de la préservation et manutention du lait et à cette époque la production pour la viande était aussi payante que celle pour le lait). Par la suite, la loi de l'offre et la demande établissait le prix pour l'échange des quotas entre producteurs par le même principe que la transaction d'actions, donc vendus aux plus offrants.

Au fil des ans, les techniques de production ont changées et les recherches ont menées à accroître la production des vaches grâce à l'établissement des régimes alimentaires et à la "maîtrise" de la génétique tout en facilitant la tâche des producteurs grâce aux nouvelles machineries entre autre. Bien que le besoin en lait augmente au fil des ans, les techniques de production ont menées à un accroissement encore plus rapide de la capacité de production ce qui à créé un engouement pour les quotas donc une augmentation rapide des prix. Les fermes voulant accroître leur production ou simplement vendre le surplus de lait que leurs vaches produisaient grâce à leur nouveau régime devaient donc se procurer des quotas qui se voyaient alors échangés pour des prix de plus en plus élevés atteignant un sommet de plus de 32 000$/kg de matière grasse produite par jour (une vache produit près de 1kg de M.G. par jour) en 2006. Depuis, le prix est plafonné à 25 000$ par les fédérations responsablent de gérer le tout.

Dans l'exemple d'une ferme moyenne ici en Abitibi de disons 50 têtes, ceci implique une valeur minimale en quotas de 1,25M$ et cela ne représente que ton "droit" de produire ... ajoutons à cela la valeur du troupeau (minimum 2500$ par tête et beaucoup plus selon l'historique génétique de la bête), les équipements et bâtiments ... on se retrouve alors rapidement avec une entreprise valant la modique somme de 3-4M$.

Ce qui se passe actuellement est que les cultivateurs qui ont alors obtenus leur ferme de la main de leur père dans les années 70 lors ou peu de temps après l'établissement des quotas (avant la flambée des prix des quotas) et veulent prendre leur retraite se retrouvent avec une entreprise valant plusieurs millions de $ et ont peu de choix devant eux ... la valeur de l'entreprise étant très élevée, il devient pratiquement impossible pour le cultivateur de vendre et de faire financer une telle entreprise par une institution financière sans se porter garant de l'acheteur, sans oublier que le quotas (1,25M$ dans mon exemple) ne peut pas être financer, car il ne s'agit que de "vent" ... dans le fond c'est une action et demain matin ça peut ne plus rien valoir du tout si, par exemple, le système de quotas est abolis ou les règles d'importation modifiées de façon importante !!!!

Il peut également céder le tout à ses enfants s'ils désirent prendre la relève, plus souvent qu'autrement contre une forme de rente assurant les vieux jours des parents jusqu'à leur décès moment auquel ils seront alors héritié, mais si l'un des enfants ne désire pas embarquer dans l'entreprise comment régler de façon juste et équitable pour qu'il ait sa part ?!?! Intervient donc une solution plus facile ... liquider tous les actifs, incluant le quotas, tout comme un actionnaire ayant fait le bon choix au moment opportun et voulant toucher ses bénéfices !!! Voila ce qui explique la création d'anciens cultivateur maintenant bien nantis. Bien sûr plusieurs passeront le flambeau à leur progéniture et cela permet la survit de la majorité des producteurs laitier d'aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier aussi que par l'établissement des quotas, le cultivateur étant assurer d'un revenu fixe, il était beaucoup plus aisé d'établir un budget et d'obtenir du financement ce qui a grandement favorisé l'expansion des fermes, ce qui n'est pas le cas du bovin !!! L'expansion a alors mené vers une production plus élevée, rendue plus aisée par les avancées technologiques et en somme ont permis aux cultivateurs de se retirer un salaire décent pour leur travail ... et encore, il ne faut pas compter le revenu sur le nombre d'heures travaillées, car cela donne plus souvent qu'autrement un montant bien en deça du salaire minimum !!!

Bref, le quotas laitier a permis aux producteurs laitiers de survivre, mais le laisser aller du marché nous a mené aujourd'hui vers un problème tout à fait différent où il devient difficile de vendre son entreprise en un tout et où il est alors plus simple de vendre en morceaux ... les autres cultivateurs environnant s'approprient alors les terres, les équipements, le troupeau et le quotas, à la hauteur de ce qu'ils sont en mesure d'absorber pour faire croître leur entreprise, créant alors une ferme encore plus grosse et valant encore plus chère et qu'il sera encore plus difficile de se départir si ce n'est pas à ses enfants.

Pour ce qui est du bovin, le libre marché à joué un rôle pervert ... contrairement au laitier où le nombre d'intervenant est limité par la gestion des quotas (le producteur achemine son lait à la laiterie qui elle paie la fédération et cette dernière donne la part prévue au cultivateur puis la laiterie vend sont produit directement au super-marché/épicerie/dépanneur), le domaine bovin s'est vu envahie par de multiples intermédiaires ... vite fait comme cela je dirais minimum 4 ou 5. Le producteur vends via un encan ou un acheteur à un parc d'engraissement (ca s'appel pas comme ça pour rien ... des miliers de bêtes entassées dans un espace minimal pour qu'il bouge le moins possible et engraisse le plus vite possible), puis est revendu une fois de plus via l'encan à un abatoir qui elle vends ses stocks à des grossistes qui eux vendent à des chaînes d'alimentation diverses. Tous ce beau monde se prends une marge de profit sur cette viande, mais le cultivateur est forcé de vendre la bête à un prix plancher souvent dérisoir vu la possibilité d'importer des viandes venant de d'autres provinces, mais surtout des États-Unis qui eux ont des conditions de production différentes des nôtres et qui leurs permettent de produire à moindre coût.

Aussi, l'un des plus grand "mangeur de profit" dans cette chaîne sont les abatoirs qui sont de moyennes à grandes entreprises avec des centaines d'employés syndiqués qui sont grassement payés ... souvenez vous le cas de l'abatoir de porc d'Olymel je sais plus trop où au Québec dont le salaire moyen était de 28$/h ... tab?%&*)( trouvez vous ca normal qu'un coupeux de viande ... pas un boucher là qui fait des belles coupes toute belle pour notre BBQ ... non non un coupeux en vrac qui coupe en quartier une pièce de viande, soit payé 28$/h plus avantages sociaux, etc. ... moi non ... mais bon ça c'est un autre sujet ... :P.

Bref, contrairement au domaine laitier, le producteur bovin n'obtient pas sa juste part du produit que l'on retrouve dans notre assiette. Trop d'intervenants et une compétition injuste de la part de nos voisins du Sud ... un peu comme nous avec nos scieries qui se voient "donner" le bois et soutenues par des programmes de prêts gouvernementaux peuvent produire à moindre coût que les usines américaines ... qu'est-ce que les States ont fait ?!?!? En contre-partie, le gouvernement fait le stricte minimum pour nos producteurs agricoles comparativement aux scieries par exemple ... mais bon, une scierie de 4M$ fait travailler des dizaines de personnes bien payées et qui paient beaucoup d'impôt, alors que la ferme de 4M$ fait travailler 2-3 personnes à temps plein (dont le ou les proprios qui retirent à peu près le minimum pour vivre généralement) et 2-3 autres personnes à temps partiel l'été pour la période des récoltes ... je crois que c'est ce qu'on appel un choix politique/financier et non un de société.

Voilà ... c'est mon point de vue ... J'espère ne pas avoir trop voyagé du coq à l'âne et que c'était compréhensible. Désolé pur les fautes s'il y a lieu, j'ai pas le courage de me relire maintes fois pour faire toutes les corrections :rolleyes: .

(Pour une idée de ce qu'est le quotas laitier exactement, ceci l'explique asser bien http://fr.wikipedia.org/wiki/Quota_laitier_au_Canada)

togo
02/11/2010, 20h50
Ça s'adonne que je chasse le canard sur la terre d'un producteur de bovins. À peu près 300 têtes.
Laissez-moi vous dire qu'ils ne roulent pas sur l'or.

Eux aussi s'arrachent les cheveux en voyant le prix du boeuf à l'épicerie alors qu'ils ont toute la misère du monde à faire leur frais.
Là dedans comme dans la construction, il doit y avoir des enveloppes qui se promènent pour éviter de faire la lumière dans le dossier.

Faut aussi savoir que pour l'épicier, la viande est une source de profits considérables. Finalement, tout le monde a l'air de se graisser sauf le producteur.

Dave
03/11/2010, 11h51
Quand même fou quand on y pense...

Les riches et les pauvres, dans la même salle, dans le même "clos", catégorisé comme étant pareil.

Si je comprends, ceux qui font du lait et qui ont acquis pour rien leur quotas imprime du cash quasiment mais ceux qui ont acquis des quotas pur une grosse part de leur productione ne font pas tant de cash car c'est dur à amortir ces quotas en cash flow.

Dans le bovin, comme la viande vient de partout et que les states en raison de leur climat et leur géographie favorable se retrouve avec un gros surplus de production alimentaire, ils sont fort et peuvent vendre à moindre prix. Comme dirait l'autre, maudit hiver de marde ! les cultivateur américain qui ont du foin à l'année sont vraiment avantagés et surtout quand ils peuvent avoir plus de 2000-3000 bêtes.

En tk, thanks bud... c'est cool !

Dave
03/11/2010, 11h52
Chose sure, ça peut ben expliquer la mort de petites fermes et la consolidation de clisse de grosses fermes... donc quand l'UPA pleure la disparition de ferme, c'est plus ou moins vrai de la manière que de petites fermes ferment leur porte, mais que leur production est englobé par le voisin qui pisse plus loin de son côté.

David contre Goliath mais avec une victoire à tout coup de Goliath...

lizlec
03/11/2010, 14h00
...
Si je comprends, ceux qui font du lait et qui ont acquis pour rien leur quotas imprime du cash quasiment mais ceux qui ont acquis des quotas pur une grosse part de leur productione ne font pas tant de cash car c'est dur à amortir ces quotas en cash flow. ...

Difficile de généraliser aussi facilement, mais oui certains sont plus aisés que d'autres selon combien leur a couté leur quotas entre-autre et pour certains selon leurs qualités de gestionnaires. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que comme toute entreprise des investissements sont requis ne serait-ce que pour renouveler la machinerie (asser dispendieuse en passant ... un tracteur de 100hp c'est 100 000$ et avec un 100hp tu fais pas grand chose, sans oublier que pour une ferme de 50 têtes ça en prends au moins 2, idéalement 3 et que c'est pas si tough que ça ces bébelles là) et d'autres investissements pour se conformer aux nouvelles règles à l'égard de l'environnement tel que les fosses pour le fumier il y a de cela quelques années !

need_for_speed
03/11/2010, 17h12
Difficile de généraliser aussi facilement, mais oui certains sont plus aisés que d'autres selon combien leur a couté leur quotas entre-autre et pour certains selon leurs qualités de gestionnaires. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que comme toute entreprise des investissements sont requis ne serait-ce que pour renouveler la machinerie (asser dispendieuse en passant ... un tracteur de 100hp c'est 100 000$ et avec un 100hp tu fais pas grand chose, sans oublier que pour une ferme de 50 têtes ça en prends au moins 2, idéalement 3 et que c'est pas si tough que ça ces bébelles là) et d'autres investissements pour se conformer aux nouvelles règles à l'égard de l'environnement tel que les fosses pour le fumier il y a de cela quelques années !

Un tracteur de 100 hp ne fait pas la job pour une ferme de 50 têtes?

Hé ben!

C'est en masse suffisant pour la job à faire. Idéalement, ça en prend deux, un avec bucket et l'autre sans. Et peut-être aussi un plus petit pour les plus petites jobs où les plus gros ne passent pas toujours.

Mon grand-père avait un John Deere 6210 1998 (72 hp), un John Deere 2550 1986 avec bucket/ pic à balle ronde (72 hp) et un David Brown 880 1971 (40-45 hp) et ça faisait bien la job. Maintenant, le 2550 a été remplacé par un 6420 avec bucket 640 mais je n'ai pas d'information là-dessus, malheureusement.

Quand l'activité principale des tracteurs est de faire les foins, c'est ben correct.

lizlec
03/11/2010, 18h16
Un tracteur de 100 hp ne fait pas la job pour une ferme de 50 têtes?

Hé ben!

C'est en masse suffisant pour la job à faire. Idéalement, ça en prend deux, un avec bucket et l'autre sans. Et peut-être aussi un plus petit pour les plus petites jobs où les plus gros ne passent pas toujours.

Mon grand-père avait un John Deere 6210 1998 (72 hp), un John Deere 2550 1986 avec bucket/ pic à balle ronde (72 hp) et un David Brown 880 1971 (40-45 hp) et ça faisait bien la job. Maintenant, le 2550 a été remplacé par un 6420 avec bucket 640 mais je n'ai pas d'information là-dessus, malheureusement.

Quand l'activité principale des tracteurs est de faire les foins, c'est ben correct.

Ca dépends de la vitesse à laquelle tu veux faire le travail et de ta quantité de récoltes à produire ... sans oublier que les foins est à peu près la partie la plus facile pour un tracteur ... aussi il y a des machines pour toutes les puissances de tracteurs, mais ca va jouer sur ton temps requis pour faire le travail et/ou le nombre de personnes requises ... par exemple, faire tourner une fauchause à disques de 12' (ce qui est pas hors normes en terme de fauchause) avec un tracteur de moins de 90-100hp ca fonctionne, mais tu es très très loin de la capacité d'un tel équipement ... nous aussi nous avions des tracteurs moins puissants, 1 de 70HP 4x4 et un autre de 55HP 2WD ... ca fonctionnait, mais nous étions limités à la faucheuse à faux conventionnelle pour la fauche soit un beau 2-3 acres à l'heures VS 10 acres et + pour une fauchause à disques .. et le 70hp était tout juste ce qu'il fallait pour la presse à balle ronde pour dire que ca allait bien.

Par contre, pour le temps des labours à l'automne et du hersage/préparation aux semis le printemps, le 70HP en avait plein le cul de tirer la charrue de 3 versoirs seulement, la herse à disques (somme toute assez petite) et la gratte pour applanir. Et comme c'était le seul tracteur capable de faire ces tâches, bien tu peux pas vraiment avoir d'aide et ca prends bien du temps ... sans oublier que toujours accoté à 100% ca consomme, tu causes de l'usure prématurée et ca fini par casser quelque part, mais surtout ca prends du temps ... beaucoup beaucoup de temps. Mon père rêvait d'un 90hp et +, mais il a abandonné avant. En comparaison, les tracteurs de 105hp à 6cyl d'un autre cultivateur avec lequel on échangeait du "temps", consommaient moins que notre 4cyl de 70hp pour les mêmes tâches. Ce dernier a finit par se procurer 2 de 105hp et 1 de 145hp ... le tout pour suffir à maintenir une ferme de 40 vaches laitières.

Ca devient également une question de choix un moment donné ... l'autre cultivateur dont je te parles aurait pu se procurer 4 tracteurs de 80-90hp avec les équipements appropriés pour cette puissance et aurait fait le même travail dans le même temps, mais ca implique un opérateur de plus, de l'entretient supplémentaire, etc. Un autre exemple de tâche qui requiert de la puissance est la préparation du fumier et l'épandage de ce dernier ... son tracteur de 145hp peine à préparer le mélange dans la fosse lorsque vient le temps de l'épandage et ses tracteurs de 105hp sont limite pour traîner le tanker d'épandage ... il aurait pu demeurer avec la vieille méthode et l'épandage solide (et encore je suis pas sûr qu'il ait le droit avec les nouvelles règles environnementales) ... mais encore là ça prends facilement 5 fois plus de temps pour la même superficie et l'épandage liquide est plus efficace point de vue uniformité.

Bref, il y a des choix stratégiques là-dedans aussi ... ça peu dépendre de l'étendue et la quantité de terres, la distance entre les différentes terres, l'accès à de la main-d'oeuvre, etc. Plus de terres peu impliquer qu'il ne sera pas nécessaire de faire une 3e fauche ce qui laisse plus de temps pour faire les 2 autres ... des terres plus éloignées impliquent plus de temps passé en déplacement ce qui peu justifier un besoin de faire le travail plus vite, etc ...