Citation:
Dans les années 60, ce n'était pas la collectivité qui importait, mais l'individu.
Je, me, moi.
C'était la décennie du plaisir, on s'éclatait tous azimuts, la drogue, le sexe, la rébellion, la musique.
L'important, c'était le trip, l'expérimentation. Fuck le reste! JE m'éclate, JE m'amuse, JE m'exprime.
La responsabilité sociale? JE m'en balance!
Aujourd'hui, c'est le contraire. On est à l'ère de l'hyperlien, de l'effet papillon, tout est lié, tout est connecté.
Tu prends de la drogue? Tu enrichis le crime organisé! Tu manges de la viande? Tu détruis l'écosystème! Plus moyen de parler de drogue sans parler de surdose et de dépendance, de liberté sexuelle sans parler de sida ou d'avortement, ou de célibat sans parler de dénatalité...
Les «tripeux» sont maintenant considérés comme des êtres immatures, égoïstes, irresponsables.
Dans le rang!
Comme c'est souvent le cas, on est passé d'un extrême à l'autre.
Avant, tout ce qui comptait, c'était le plaisir. Maintenant, c'est la responsabilité.
Plus moyen de sortir du rang sans se faire rappeler à l'ordre.
Dans les années 60, on se méfiait de la morale comme de la peste et l'on prenait plaisir à transgresser toutes les règles. Quarante ans plus tard, les donneurs de leçons règnent en maître.
Plus moyen d'ouvrir un journal sans se faire dire quoi manger ou comment se comporter.
Ne fume pas, ne mange pas de gras, n'achète pas tel produit, ne visite pas tel pays, n'emprunte pas tel moyen de transport, ne bois pas trop, ne prends pas de drogue, lève-toi tôt, performe au travail, fais de l'exercice, élève tes enfants de telle façon...
Vous ne trouvez pas qu'on étouffe, vous?
Dans les années 60, les motards du film Easy Rider passaient pour des héros. Aujourd'hui, on les jetterait en tôle.
Un banc de poissons
Oui, le monde a progressé depuis les années 60. On est plus responsable, moins égoïste, moins je-m'en-foutiste...
Mais j'ai l'impression qu'en chemin, on a perdu la notion de plaisir.
L'individu qui ne pense pas comme les autres est suspect. La société ressemble à un banc de poissons, tout le monde nage dans la même direction.
Des fois, je me dis qu'on est dû pour un nouveau Refus global...