Il y a un policier à Montréal qui ne semble vraiment pas avoir de pitié pour les chauffeurs de taxi, que ceux-ci aient ou non de la difficulté à joindre les deux bouts à cause du ralentissement économique.
L'agent Pierre Bélanger, du poste de quartier 21,
vient de remettre, d'un seul coup, quatre billets d'infraction totalisant 2 310$ à Jihad Ibrahim. Aucun n'a rapport avec la sécurité de la conduite du taxi.
Ce même policier et un autre avaient remis pour 600 $ de contraventions à un autre chauffeur, Youcef Herroug, comme Le Journal le rapportait à la mi-mars.
Le nom du policier commence à être bien connu dans l'industrie du taxi.
«Je n'ai pas les moyens de payer ça, c'est sûr que je vais contester et que je vais aller en prison si le juge ne me donne pas raison», lance Jihad Ibrahim, un Libanais d'origine. Âgé de 32 ans, il est chauffeur de taxi depuis quatre ans et gagne sa vie durement. Douze heures par jour pour gagner moins de 100 $, comme la plupart des chauffeurs de taxi, d'ailleurs, en cette période de morosité économique.
Il lui faudra donc travailler 23 jours, au minimum, uniquement pour payer ses contraventions... s'il ne garde pas un sou pour lui.
Aucun danger pour autrui
Les faits reprochés remontent au matin du 11 mai.
Selon la version du chauffeur,
il avait immobilisé son taxi au coin de Saint-Hubert et Sainte-Catherine, mis de l'argent dans le parcomètre pour aller au petit coin, dans un café adjacent.
Le policier l'intercepte. Le chauffeur pro-teste. D'autres policiers arrivent en renfort.
Cette protestation lui vaut une première amende de 500$ plus les frais, pour un total de 638$
Comme le chauffeur vient de recevoir son nouveau permis de conduire daté du 1er mai et qu'il détient encore son ancien, il y en a deux dans son portefeuille et le policier s'en aperçoit. Cela lui vaut une amende de 600 $ plus les frais, soit 865 $.
Il en reçoit une troisième de 638 $ pour avoir présumément refusé de montrer son permis de taxi, et une quatrième pour s'être garé ailleurs qu'à un stand de taxi.
L'insulte à l'injure
Jihad Ibrahim a reçu en mains propres ses quatre contraventions, toutes rédigées en anglais.
Le chauffeur ne comprend pas pourquoi. Il ne parle que le français et l'arabe, comme plusieurs membres de la communauté libanaise, et il soutient n'avoir parlé au policier qu'en français.
«C'est carrément du harcèlement», se plaint M. Ibrahim, qui attend lui aussi une date pour aller s'expliquer en cour municipale.
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