TOYOTA PRIUS
Une hybride de race pure
Éric Lefrançois
collaboration spéciale, La Presse
Il y a six ans, qui aurait parié que plus de 150 000 exemplaires de la Prius, berline hybride alliant énergies thermique et électrique, sillonneraient les routes de la planète en 2003? C'est pourtant l'exploit réalisé par Toyota, qui démontre ainsi sa capacité de nous faire rouler vers l'avenir deux fois plutôt qu'une avec le lancement de la deuxième génération de Prius.
Et dire que pendant ce temps, la vaste majorité des autres constructeurs se contentent de parader avec des prototypes dont la mise en marché paraît toujours plus lointaine.
On ne trouve pas la Prius que dans les parcs de voitures gouvernementales ou d'entreprises qui cherchent à afficher leur souci de l'environnement, mais aussi dans les stationnements résidentiels. En tout, 1000 exemplaires circulent au Canada depuis sa mise à vente en 2000. Ce petit nombre est sans doute dû à son prix. Certes, la Prius est écologiquement correcte. Mais à près de 30 000 $, aussi bien équipée soit-elle, la première génération de ce véhicule coûtait plusieurs milliers de dollars de plus qu'une compacte.
Il reste qu'évoquer la « voiture propre de demain », c'est un peu comme parler d'une alimentation saine: tout le monde admet qu'elle est nécessaire à notre bien-être, mais c'est la raison qui parle ainsi. Le coeur, lui, réagit à d'autres sollicitations: Jaguar, Ferrari, foie gras, sauce Béarnaise, il y a des mots qui rallument instantanément les prunelles ou activent les glandes salivaires. Ce qui attire serait donc néfaste pour la santé?
Consciente de ces faits, la direction Toyota passe en vitesse supérieure et tente de rendre l'offre plus attrayante. À commencer par la forme et les couleurs (la palette est aujourd'hui beaucoup plus large). En fait, la seconde génération est présentée sous les traits d'une berline cinq portes aux formes seyantes et dont les dimensions tant intérieures qu'extérieures s'apparentent plus à celles d'une intermédiaire que d'une compacte, comme en fait foi notre tableau comparatif. Tant mieux puisque la Prius paraît plus compétitive. Le prix de vente moyen d'une intermédiaire au Canada est sensiblement le même que celui demandé pour une Prius.
Attrayante
À bord, on apprécie l'habitabilité, la clarté, le silence, le confort général et sa plus grande polyvalence. Dans ce domaine, la Prius a fait un prodigieux bond en avant. Le hayon s'ouvre sur une aire de chargement facile d'accès et modulable, contrairement à la mouture précédente, où le dossier de la banquette refusait de s'effacer.
L'écran tactile posé au centre du tableau de bord demeure fidèle au poste et permet non seulement de surveiller le sens de circulation des énergies, mais aussi, entre autres, de syntoniser une nouvelle chaîne radio, de régler la soufflerie du ventilateur ou de pouvoir lire les informations dans la langue de son choix (étonnamment, toutes les interfaces n'ont pas été traduites). C'est moderne, d'accord, mais pas plus ergonomique qu'il faut, dans la mesure où l'écran couleur est parfois difficile à consulter quand Galarneau brille et que cette disposition n'est pas courante, hormis pour les propriétaires d'une BMW de Série 7.
Même la procédure de départ a été revue. Le geste devient machinal, mais provoque toujours le même étonnement chez les passagers d'un jour. On insère la clef (ou plutôt une forme de télécommande) dans une fente, on appuie sur le frein et on pousse le bouton Power. L'écran de bord s'allume. Pas un bruit, pas une vibration. Le pied sur le frein toujours, on manipule l'élégant petit joystick à droite du volant pour sélectionner le rapport désiré. Grâce à son moteur électrique, la Prius démarre en silence, en douceur et sans pollution. Quelques dizaines de mètres plus loin, autour de 30 km/h, le moteur thermique de 1,5 litre prend le relais et la Prius s'apparente alors davantage à une automobile traditionnelle.
L'effet de surprise joue toujours. Et on ne se lasse pas.
LA Presse
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