Affaire Norbourg
Lacroix passe aux aveux

Source: http://www.radio-canada.ca/nouvelles...ix-aveux.shtml

Vincent Lacroix a vidé son sac. Dans un document de 1200 pages de témoignage au syndic de faillite, l'ex-PDG de Norbourg explique dans le détail comment il a floué 9200 investisseurs.

Dès le départ, en 2000, Vincent Lacroix avoue avoir pris 150 000 $ dans un fonds. Trois ans plus tard, les 20 millions qui se trouvaient dans ce même fonds avaient disparu. En fait, Lacroix va se servir sans permission, durant cinq ans, de l'argent des investisseurs pour bâtir Norbourg et s'enrichir.

Ces faits étonnent encore Denis St-Onge, l'avocat du syndic RSM Richter qui l'a interviewé. « Ce qui m'a surpris, comme individu, c'est la facilité avec laquelle M. Lacroix a pu retirer des fonds », explique-t-il.

Vincent Lacroix est tout aussi étonné de pouvoir sortir des millions de dollars de chez Northern Trust, le gardien de valeur, sans que personne ne le questionne. « Il aurait dû y avoir des drapeaux rouges; il y avait des comptes qui étaient short cash de 400 000 $ à 800 000 $ puis Northern Trust nous envoyait quand même le transfert », affirme-t-il au syndic.

Des drapeaux rouges, il y en avait déjà, en 2001, puisque Norbourg était dans la mire de la Commission des valeurs mobilières du Québec (CVMQ, l'ancêtre de l'Autorité des marchés financiers), qui se demandait comment Vincent Lacroix trouvait ses fonds. C'est alors qu'Eric Asselin, qui, selon Lacroix, enquêtait officieusement sur Norbourg pour la CVMQ, lui aurait offert de l'aider à obtenir l'autorisation de démarrer d'autres fonds communs de placement.

Lacroix déclare au syndic: « M. Asselin m'a demandé 10 000 $ cash. Je lui ai dit: "Écoute, je pars à Cuba, puis je vais te donner 5000 $ avant, je vais te donner 5000 $ après, en revenant, si [les fonds] sont approuvés. » À son retour de voyage, les fonds avaient été approuvés par la CVMQ, selon Lacroix.

« Et l'argent pour Asselin venait d'où? » demande le syndic. « De Norbourg services financiers », répond Lacroix.

En conférence de presse, Eric Asselin, a affirmé ne rien avoir à se reprocher.

Selon M. Lacroix, c'est Eric Asselin qui l'a averti à l'automne 2002, que la CVMQ allait effectuer une inspection chez Norbourg, alors qu'il y était vice-président. Vincent Lacroix affirme au syndic que c'est à partir de ce moment que le « shift de nuit débute » pour falsifier les documents.

Vincent Lacroix prétend que lui, Eric Asselin, et d'autres collaborateurs travaillaient jour et nuit pour produire de faux courriels, des états de compte et des rapports fictifs. Ces documents ont semblé satisfaire la CVMQ, à l'époque, soutient-il dans son interrogatoire au syndic.

Lacroix prétend aussi que 71 000 $ des investisseurs ont été payés à la petite amie de son ex-bras droit Eric Asselin. Selon lui, « Mme Rosita Ivanova est une copine de M. Asselin, lorsqu'il se retrouvait en Suisse. Le but du transfert était de l'aider financièrement. »

Pour construire son empire, Vincent Lacroix aurait aussi bénéficié de la complicité d'un employé du ministère des Finances. Il dit avoir versé un pot de vin de 120 000 $ au fonctionnaire Jean Renaud. L'ex-patron de Norbourg affirme au syndic que « Jean Renaud faisait aussi une distribution interne. » En d'autres mots, le pot de vin aurait été redistribué, selon Lacroix, à l'intérieur du ministère des Finances. En échange, Renaud lui aurait obtenu 1 million de dollars en crédits d'impôt.

« Je pense que M. Lacroix nous a dit sa vérité. Est-ce qu'il nous a dit toute la vérité? Juste la véritié? Je ne le sais pas », indique Me St-Onge.

Le syndic RSM Richter nous confirme qu'après sept jours de témoignage de Vincent Lacroix, aucun nouveau montant d'argent n'a été découvert pour les investisseurs.