La saison 2012 marque le 30e anniversaire du décès du pilote de Formule 1 Ferrari, Gilles Villeneuve, survenu sur le circuit de Zolder en Belgique le 8 mai 1982. Nous continuons notre série de reportages spéciaux avec celui-ci qui retrace ses débuts en monoplace, en Formule Ford 1600.
Gilles Villeneuve a effectué ses premiers pas en circuits routiers aux commandes d'une petite monoplace de Formule Ford : une voiture à châssis tubulaire, fort simple, propulsée par un moteur Ford Kent quatre cylindres de 1,6 litre gavé par un seul carburateur, sans aileron et chaussée de pneus rainurés. Notre interlocuteur est Jean-Pierre St-Jacques, celui qui a construit la voiture qu'a piloté Gilles Villeneuve et qui est demeuré un bon ami du grand champion. « En 1968, j'étais un machiniste chez Sidbec-Dosco à Contrecœur. À cette époque, la seule façon de faire de la course automobile sans beaucoup d'argent était de construire sa propre voiture. Je n'étais pas un ingénieur, mais j'étais ingénieux ! C'est ce que j'ai fait », de raconter St-Jacques en exclusivité à Auto123.com. « Après quelques courses en classe Super Vee, j'ai fabriqué une copie d'une Caldwell de Formule Ford, née Merlyn. J'ai fabriqué au total cinq de ces voitures, que j'ai appelées Magnum. Je courais en compagnie de Reg Scullion quand au printemps 1972 à Sanair un ami qui travaillait chez Skiroule a voulu me présenter un gars nommé Gilles Villeneuve ». Jean-Pierre St-Jacques, maintenant à la retraite, continue son récit. « C'était à l'occasion de l'école de pilotage de l'ACAM et je voulais rouler un peu avec ma Magnum. Je savais qu'il s'agissait de ma dernière année de compétition. J'allais me marier et tout était à vendre. Gilles est donc arrivé à Sanair avec un ami à lui. Gilles était tout petit, tout frêle. Il voulait courir en Formule Ford. Je lui ai donc dit que je lui vendrais tout ce qu'il voulait en fin de saison ». La saison 1972 passe et arrive l'automne. « Comme il me l'avait dit, Gilles m'appelle et m'annonce 'Je suis acheteur : voiture, pièces de recharge, roues, tout'. Sa jeune épouse, Joann, n'était pas trop d'accord... Au cours de l'hiver qui suivit, Gilles est souvent venu chez moi pour travailler sur la voiture. Gilles avait une Pontiac 62 avec une remorque et un jour il est venu chercher le Magnum No. 4. Par la suite, je suis souvent allé chez lui à Berthierville pour lui donner un coup de main, » de nous raconter St-Jacques. « Gilles était un super mécano, d'une habilité incroyable. Il n'avait aucune formation en mécanique ou en usinage, mais travaillait incroyablement bien avec ses mains. J'étais réellement impressionné par son talent naturel », de préciser notre interlocuteur.
Au printemps 1973, Gilles n'avait pas de licence de pilotage et il a suivi son premier cours de pilotage en compagnie de Marc Cantin à l'Autodrome St-Eustache. « Il a vite remporté sa première victoire en Formule Ford. Il ne disposait pas du meilleur moteur, mais il possédait un talent brut stupéfiant. Je n'avais jamais vu ma Magnum se faire brasser de telle façon ! Dès sa première course, il était hyper spectaculaire à voir. Il coupait les points de corde, escaladait les vibreurs, soulevait de la terre et du gazon, bloquait les roues aux freinages, était tout en travers... Heureusement, la Magnum était très solide ! Il a vite gagné des courses et il a facilement remporté le titre du Championnat du Québec de Formule Ford dès sa première année, » de confier St-Jacques. Après une pause, St-Jacques se confie. « Quand j'y songe, c'est quand même extraordinaire d'avoir vu ce jeune homme, sans le sou, tout gagner en sport automobile et parvenir à courir en F1 au sein de la plus prestigieuse écurie, Ferrari ! Il sortait de nulle part. Il n'avait que son talent. En 1973, il était champion de Formule Ford et juste quatre ans plus tard, il disputait son premier Grand Prix de F1 avec McLaren ! Mais il était terriblement égoïste. La course passait avant tout, même avant sa famille », de confier St-Jacques.
En 1973, je suis allé avec lui assister au Grand Prix du Canada au circuit de Mosport en Ontario. Nous avons passé notre samedi soir à admirer les mécanos travailler sur les monoplaces de F1. Le dimanche de la course, nous étions derrière la clôture dans le brouillard à regarder la grille de départ. Gilles m'a donné un coup de coude et m'a dit, de but en blanc 'C'est là que je m'en vais...' Il était très sérieux. Il me regardait droit les yeux. Et c'est ce qu'il a fait. Sans un sou, mais avec un talent formidable », de conclure Jean-Pierre St-Jacques.
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