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Hommage au frein à main

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Miranda Lightstone
Un des derniers liens mécaniques entre l'homme et la voiture
Un des derniers liens mécaniques entre l'homme et la voiture

L'équipe de Top Gear au Royaume-Uni vient d'aborder un excellent sujet dans le quatrième épisode de sa 19e saison : le frein à main.

Voyez-vous, l'ère du frein à main mécanique tire rapidement à sa fin. Le frein de stationnement électronique a pris le dessus, ce qui m'attriste beaucoup. Bientôt, je ne pourrai plus entendre le « click-click-click-clank » en tirant sur le levier, je n'aurai plus à utiliser mes deux mains pour le relâcher (quand une personne plus forte que moi l'avait actionné) et je ne pourrai plus exécuter de virages en J (comme on l'a si bien enseigné dans l'émission Canada’s Worst Driver).

Juste un bouton à enfoncer...

Terriblement ennuyant! Où est le plaisir là-dedans?

Les gars de Top Gear nous ont pourtant démontré que le bon vieux frein à main peut devenir une sorte d'aphrodisiaque quand vient le temps d'impressionner la gent féminine. J'en sais quelque chose : mon mari m'a prouvé à quel point il maîtrisait le frein à main à de nombreuses reprises, notamment pour regagner le contrôle de la voiture dans un dérapage et vaincre l'ABS au besoin. L'alliance à mon doigt vous dit le reste.

C'est un peu comme regarder le guitariste d'un groupe de musique y aller d'un solo ou se faire peindre le portrait par un artiste : il se donne en spectacle et fait l'étalage de ses talents de manière intime et privilégiée, dévoilant du même coup une facette de sa personnalité qu'il ne montre pas souvent. L'effet ne serait pas du tout le même si le guitariste en question jouait à Rock Band sur la Xbox ou si l'artiste s'amusait avec notre photo sur son iPad.

Parfois, la technologie n'est PAS la solution.

Certains jugent que se servir d'un frein à main mécanique en conduisant est un signe de délinquance. Au contraire, ça peut devenir amusant et même sécuritaire dans des conditions bien précises. Voilà d'ailleurs pourquoi on enseigne cette technique dans la majorité des écoles de conduite de performance et des formations de conduite hivernale. Je suis toujours déçue quand je monte à bord d'un véhicule avec un bouton « P » mais aucun levier de frein à main, surtout en hiver.

J'en viens à me questionner sur tous les systèmes électroniques qu'on retrouve maintenant dans nos automobiles et la tristesse s'empare à nouveau de moi.

Les rares fois où je peux conduire ma propre voiture, une Subaru Impreza WRX 2004, je me rappelle à quoi ressemblait la conduite avant la multiplication des nouvelles technologies. Pourtant, elle n'a que neuf ans! J'ai la chance d'avoir un embrayage hydraulique (non commandé électroniquement) ainsi qu'un frein de stationnement comme je les aime, sans parler d'un lecteur de cassettes (inutile, mais je m'en fous!). Pas de Bluetooth. Pas de GPS. Pas de distractions. Il n'y a que moi, le moteur turbo, la boîte de vitesses manuelle et la transmission intégrale. Je n'ai pas à me soucier de gadgets fantaisistes et capricieux que je ne peux contrôler.

Bref, le déclin du frein à main me déprime. De plus en plus, nous nous privons de ce qui rend la conduite automobile si intéressante : le lien mécanique entre l'homme et la machine. J'ai de la peine pour tous ces adolescents qui voudront tantôt impressionner leur copine avec leur maniement du frein à main et qui devront plutôt se contenter de lui montrer à quel point ils peuvent brancher leur iPhone rapidement via la connexion Bluetooth.

Ça n'a vraiment pas le même effet. Croyez-moi, c'est une fille qui parle.

Photo: Sébastien D'Amour


Miranda Lightstone
Miranda Lightstone
Expert automobile
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