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La Corolla beige

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Michel Deslauriers
Depuis un bout de temps, la Corolla beige est devenue le bouc émissaire des journalistes automobiles. Sur Facebook et sur Twitter particulièrement, mes acolytes se sont fait un malin plaisir à ridiculiser les Corolla beiges, et je dois admettre y avoir contribué quelques fois de mes remarques personnelles.

Les Corolla beiges ne sont pas des mauvaises voitures en tant que telles. C’est juste que la berline compacte de Toyota est, disons, très ordinaire au niveau look et aussi amusante à conduire qu’un ouvre-boîte électrique. La fiabilité légendaire est une bonne chose, mais en même temps, elle l’empêche d’avoir du caractère. La couleur beige ne fait qu’ajouter une couche supplémentaire d’ennui à la voiture.

Et lorsque la voie de dépassement est congestionnée, la plupart du temps, c’est une Corolla beige qui bloque le chemin en roulant à pas de tortue, rendant furieux les conducteurs derrière.

Pour un journaliste automobile, se moquer d’une Corolla beige, c’est un peu comme commettre un meurtre pour un motard visant à devenir membre officiel d’un clan. Genre.

Toyota devrait-il être en beau joual vert pour ça? Non, pour trois simples raisons.

D’abord et avant tout, puisqu’on parle fréquemment des Corolla beiges, on crée involontairement un battage publicitaire au niveau des réseaux sociaux. Pensez-y.

Également, et de façon subtile, on admet qu’une Corolla beige constitue la parfaite machine pour rouler vite tout en passant inaperçue. On a plus de chances de faire de la vitesse, sans se faire pincer, à bord d’une Corolla beige qu’avec une Porsche ou même une Volkswagen GTI. Je suis convaincu que vous n’avez jamais vu une Corolla beige filer à toute vitesse sur l’autoroute. Voyez-vous? J’ai raison.

Enfin, j’ai déjà été propriétaire d’une Corolla beige, quoique brièvement. En 2004, j’ai acheté une berline Corolla 1987 munie d’une automatique à 3 rapports pour 200 $. Après avoir remplacé des lignes de freins qui fuyaient (le premier voyage jusqu’à la maison fut, euh, divertissant), elle s’est avérée plutôt fiable durant l’année.

Toyota Corolla 1987
Photo: Toyota

Bon, j’ai remplacé le radiateur, le réservoir à essence et la partie avant du tuyau d’échappement avec des pièces usagées. Elle a toujours démarré. Elle ne m’a jamais laissé tomber. Après que les deux amortisseurs arrière aient transpercé la caisse, à cause de la rouille, je l’ai vendue pour 400 $. Elle roule peut-être encore aujourd’hui.

Alors, j’avoue : j’étais « l’un d'eux ».

Symbole de l’abandon créatif automobile, l’existence de la Corolla beige sera éternelle, peu importe toutes les méchancetés que nous, journalistes, lui ferons subir.
Michel Deslauriers
Michel Deslauriers
Expert automobile
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