Düsseldorf, Allemagne – Le constructeur Mazda ne fait pas les choses comme les autres. La division désormais centenaire – les festivités ont eu lieu en 2020 – a été l’une des dernières à embarquer dans ce virage électrique, Mazda qui commercialise depuis l’an dernier le très urbain et électrique MX-30. Pour preuve, le reste de la gamme canadienne ne compte actuellement aucune autre forme d’électrification… aucune! Le constructeur croit plutôt que l’avenir de l’automobile passe par un mélange de solutions énergétiques pour propulser nos véhicules de demain.
Voilà pourquoi, au cours des prochains mois et années, le portfolio de la marque va grandement s’élargir. Non seulement Mazda veut offrir de plus gros véhicules utilitaires sur différents marchés à l’échelle internationale, mais il veut également poursuivre le développement de ces modes de propulsion, notamment l’option hybride rechargeable qui fera l’objet d’un texte séparé dans ces pages.
Mazda nous a en effet confié les clés du nouveau CX-60 PHEV 2022, un multisegment muni d’un groupe motopropulseur hybride rechargeable, mais qui ne sera pas offert en Amérique du Nord. Avant de vous livrer mes impressions de conduite sur ce VUS confiné au marché européen et au Japon notamment, prenons le temps de décortiquer la stratégie de Mazda d’ici 2030.
Des solutions multiples plutôt que l’unicité électrique
Comme certaines marques concurrentes, les gens de Mazda ne croient pas que l’option électrique soit l’unique voie d’avenir. On entend beaucoup le discours politique local sur la voiture électrique, une solution qui n’émet évidemment pas d’émissions puisque les véhicules électriques n’ont tout simplement pas de tuyau d’échappement.
Or, l’assemblage à grande échelle d’un parc automobile entièrement composé de voitures électriques pourrait s’avérer catastrophique pour certaines régions du globe – notamment au Canada – où les développements miniers viendraient perturber des milieux naturels simplement parce que leur sous-sol est riche en composantes cruciales aux batteries logées à bord des voitures électriques. Il y a bien sûr le lithium, mais d’autres matériaux sont nécessaires à ces millions de batteries.
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Mazda croit plutôt au développement d’une série de solutions différentes… sans exclure l’avenue électrique. Les ingénieurs affectés au développement de ces multiples technologies vont donc poursuivre leur travail sur les piles à combustibles et l’hydrogène comme carburant d’avenir, mais également sur les mécaniques à combustion interne carburant à l’essence ou au diesel, les groupes motopropulseurs aidés par des systèmes hybrides légers, des systèmes hybrides conventionnels et même l’option hybride rechargeable. Mazda considère également les carburants synthétiques qui sont actuellement à l’étude par quelques marques comme BMW et Porsche. Vous vous souvenez peut-être du moteur SkyActiv-X présenté par Mazda il y a quelques années, une idée qui n’a jamais atteint nos routes, eh bien, elle est toujours au menu de la marque.
Il n’est pas dit que toutes ces alternatives feront partie de l’avenir de la marque, mais il est rassurant de voir qu’un petit constructeur comme Mazda ne jette pas ses billes dans le même panier, et ce, même s’il y a de fortes chances que l’énergie électrique soit LA solution envisagée par les stratèges de la marque à long terme.
La plateforme Large
Pour mieux répondre à cette demande sans cesse croissante du marché pour les véhicules utilitaires, Mazda lance donc cette nouvelle plateforme Large dédiée à quatre nouveaux modèles, dont deux qui traverseront la frontière canadienne. Pour l’instant, seul le CX-60 existe en Europe et au Japon notamment, ce nouveau multisegment intermédiaire à deux rangées de sièges qui sera rejoint par le CX-80, un véhicule doté d’une troisième rangée pour les familles nombreuses. Chez nous, c’est plutôt le CX-70 et le CX-90 qui se grefferont à l’offre utilitaire nord-américaine. C’est d’ailleurs le plus gros des deux qui arrivera en premier, mais pour l’instant, ce sont les seules informations que nous avons à propos de ce futur produit à vocation familiale.
Le constructeur a tout de même partagé quelques informations clés sur cette nouvelle architecture destinée à ces quatre nouveaux VUS que Mazda se plaît à définir comme « premium ». Pour ceux et celles qui ne le savaient pas encore, la division nipponne cherche à rehausser son image depuis quelques années, Mazda qui a dans sa mire quelques constructeurs de luxe.
Cette nouvelle plateforme qui priorise les roues arrière motrices – et qui sera disponible avec le rouage intégral bien entendu – et un arrangement longitudinal pourra être commandée avec plusieurs mécaniques différentes selon les marchés, notamment une livrée hybride rechargeable avec moteur 4-cylindres atmosphérique, une nouvelle mécanique 6-cylindres en ligne turbo avec système hybride léger et même un autre moteur 6-cylindres en ligne turbodiesel avec un procédé hybride léger semblable.
Ce qui s’en vient chez nous
S’il est clair que la mécanique diesel ne viendra pas chez nous, le nouveau bloc 6-cylindres à essence en revanche sera l’alternative à la mécanique hybride rechargeable, elle qui devrait être très similaire à celle que nous avons pu tester à bord du CX-60 PHEV européen. Alors que toutes les marques font des pieds et des mains pour réduire la cylindrée des motorisations thermiques, Mazda emprunte un chemin différent non seulement pour séduire une clientèle habituée aux véhicules situés plus haut dans l’organigramme automobile, mais aussi pour réduire la charge du moteur, surtout à cadence d’autoroute où les grosses cylindrées font mieux en matière de consommation d’essence que les petits moulins.
Le constructeur va aussi profiter de l’occasion pour moderniser la boîte de vitesses automatique implantée à bord de ses futurs multisegments. En effet, Mazda qui fait encore appel à une boîte à six rapports dans tous ses modèles actuels fera bientôt confiance à une boîte automatique à huit rapports, l’unité qui se distingue par l’absence d’un convertisseur de couple. Mentionnons aussi que cette boîte a été développée à l’interne, le constructeur qui ne voulait pas d’une composante issue d’un équipementier externe.
On ne connaît pas encore tous les détails entourant cette mécanique à six cylindres alignés toutefois. En revanche, la cylindrée de ce 6-en-ligne a été divulguée, le bloc turbocompressé qui aura une cylindrée de 3,0-litres et qui sera aidé par un système hybride léger de 48 V.
L’autre groupe motopropulseur planifié pour le marché nord-américain sera justement celui qui équipe le CX-60 PHEV qui vient à peine de faire ses débuts en Europe. Le 4-cylindres atmosphérique de 2,5-litres déjà bien connu du public en Amérique de Nord sera accompagné de ce bloc de batterie d’une capacité de 17 kWh, d’un moteur-générateur logé entre le bloc thermique et la boîte de vitesses et d’un embrayage entre les deux moteurs, le thermique et l’électrique. L’option munie du moteur 6-cylindres reprend la même configuration, mais le moteur électrique est plus petit.
Et l’option électrique, elle?
Questionné sur la compatibilité de cette nouvelle plateforme à une propulsion entièrement électrique, l’ingénieur de Mazda Motor Europe, Joachim Kunz, a confirmé qu’il était possible d’arrimer une mécanique électrique à cette architecture, mais que le constructeur se concentrait surtout à l’heure actuelle à développer son propre châssis dédié à l’énergie électrique. Cette plateforme est d’ailleurs attendue quelque part en 2025.
Ce qui est certain, c’est que Mazda cherche actuellement à se réaligner pour faire face aux nouveaux défis de l’industrie – notamment une empreinte écologique réduite – sans toutefois toucher à l’agrément de conduite si cher aux yeux du constructeur.
