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Ottawa confirme ses cibles pour la vente de véhicules électriques au Canada

Le gouvernement du Canada annonce sa nouvelle réglementation concernant ses cibles de ventes de VÉ | Photo : AJAC
Le meilleur taux d'intérêt
Daniel Rufiange
Le premier objectif est de 20 % pour l’année 2026.

On attendait la confirmation et elle nous est venue aujourd’hui ; le gouvernement du Canada a fait connaître sa nouvelle réglementation concernant ses cibles de ventes de véhicules électriques au pays d’ici à 2035. 

C’est lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui (mardi) que le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, a annoncé les nouvelles normes gouvernementales. Selon lui, ces dernières vont permettre d’offrir des véhicules électriques plus abordables et de multiplier les stations de recharge. Il faudra voir de quelle façon cette approche pourra faire baisser les prix. Rien n’est moins sûr. 

On savait déjà que le gouvernement visait l’année 2035 pour que la vente de véhicules à essence soit interdite au pays. On connaît maintenant les étapes qui vont mener à l’atteinte de cet objectif. 

Communiqué de presse du gouvernement du Canadas annonçant sa nouvelle norme sur la disponibilité des véhicules électriques

Cibles pour les ventes de véhicules électriques, d'ici 2035
Cibles pour les ventes de véhicules électriques, d'ici 2035 | Photo : Gouvernement du Canada

La première étape, elle est pour l’année 2026. À ce moment, 20 % de tous les véhicules légers (voitures, VUS, camionnettes et fourgonnettes) vendus devront être « zéro émission ».

En 2030, ce pourcentage devra être de 60 %, alors qu’en 2035, il aura l’obligation d’être de 100 %. Plus en détail, on parle de 23 % en 2027, 34 % en 2028 et 43 % en 2029. 

Pour 2026, c’est réalisable, surtout si l’on considère qu’au Québec et en Colombie-Britannique, le seuil des 20 % a été atteint. À l’échelle nationale, il était de 13,3 % lors du troisième trimestre de la présente année, en hausse par rapport au 10,5 % du deuxième trimestre. 

Si un ralentissement de la demande de véhicules électriques a été observé en quelques endroits sur la planète, ce n’est pas encore le cas au Canada. 

Fonctionnement
En gros, les constructeurs gagneront, perdront et accumuleront des crédits, d’une valeur de 20 000 $ pour chaque véhicule doté d’une autonomie entièrement électrique d’au moins 80 km. Le tout sera calculé en fonction des objectifs de vente, que ces derniers aient été atteints, dépassés ou pas du tout atteints.

Les fabricants devront payer un crédit pour chaque véhicule qui ne sera pas vendu en deçà de leur objectif. La bonne nouvelle, surtout pour ceux qui sont déjà très actifs en matière d’électrification, c’est qu’ils peuvent commencer à accumuler des crédits dès maintenant avec la vente de véhicules électriques avant 2026, de même que s’ils construisent des stations de recharge rapide.

Les entreprises ne pourront compenser que 10 % de leur conformité totale.

Système de crédit pour les véhicules hybrides rechargeables
Système de crédit pour les véhicules hybrides rechargeables | Photo : Gouvernement du Canada

Et les PHEV ?
Le gouvernement va limiter la quantité de modèles pour chaque année. Les véhicules rechargeables ayant une autonomie électrique d’au moins 80 kilomètres auront la même valeur que les véhicules tout électriques ou à pile à combustible (hydrogène).

Si un modèle PHEV offre une liberté comprise entre 35 et 79 kilomètres, son créateur pourra profiter de crédits complets ou partiels, en fonction de l’année du modèle et du nombre de places proposées par ledit véhicule. 

Un porte-parole a déclaré que les véhicules électriques devraient être offerts à des prix similaires à ceux des véhicules à essence d’ici la fin de la décennie, pour ensuite devenir moins chers.  

C’est à souhaiter, mais il faut être très prudent, car en 2018, on prédisait que les prix des véhicules électriques seraient les mêmes que ceux à essence à la fin de 2023. Si l’on n’est pas loin de la vérité dans certains cas, lorsqu’il est question de véhicules plus abordables, les écarts sont encore importants. 

Un Volvo XC40 Recharge 2024
Un Volvo XC40 Recharge 2024 | Photo : D.Boshouwers

Les réactions
Du côté des fabricants automobiles, on n’est pas nécessairement heureux de toutes les mesures annoncées. 

En gros, les constructeurs et leurs concessionnaires affirment que les véhicules électriques demeurent trop coûteux pour le consommateur moyen. Voici deux réactions :

« Les Canadiens veulent avoir la certitude qu’ils pourront s’offrir, utiliser et recharger leurs véhicules électriques d’une manière qui convienne à leurs différents styles de vie et à leurs exigences géographiques avant de prendre l’une des décisions d’achat les plus importantes de leur vie. En outre, les taux d’intérêt et d’inflation élevés actuels ayant un impact considérable sur la capacité financière des consommateurs, beaucoup d’entre eux n’ont pas les moyens d’acheter des véhicules électriques, comme le montre l’augmentation des stocks sur les terrains de nos membres. »

- Tim Reuss, président de l’association de détaillants d’automobiles 

Ainsi que :

« Aujourd’hui, nous devons déterminer si le gouvernement a mis en place des moyens réalistes pour atteindre des objectifs de ventes de VZÉ extrêmement ambitieux qui entraîneront des conséquences majeures pour les constructeurs automobiles. Ces conséquences seront appliquées, que l’infrastructure appropriée soit en place ou non, que les subventions d’achat soient maintenues ou non et que la demande du marché soit présente ou non… Le contexte économique et géopolitique actuel rendra l’adoption des véhicules zéro émission par les consommateurs non seulement compliquée, mais également irrégulière. Au bout du compte, les constructeurs automobiles devront payer les conséquences de facteurs sur lesquels ils n’ont aucun contrôle. »

- David Adams, président and chef de la direction, Global Automakers of Canada

En même temps, les ventes de véhicules électriques sont à la hausse au pays. Et les constructeurs ont gracieusement accepté des subventions importantes pour la fabrication de batteries et de composantes électriques au pays, le signe qu’ils sont engagés sur la voie de l’électrification. 

Le plus important là-dedans, ça demeure le consommateur et son portefeuille. Automotive News rappelle que la Banque Scotia a calculé que les prix des véhicules devront baisser d’environ un tiers pour être abordables pour les ménages à revenu moyen et de moitié pour les ménages à faible revenu.

Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque