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Essai de la Plymouth Road Runner HEMI 1968 : pour adultes avertis…

Plymouth Road Runner 1968 | Photo : D.Rufiange
Le meilleur taux d'intérêt
Daniel Rufiange
En 1969, à sa 2e année sur le marché, la Road Runner mérite le titre de voiture de l’année par le magazine Motor Trend

Le marché regorge aujourd’hui de véhicules qui proposent des mécaniques produisant plus de 400 chevaux. Diable, plusieurs en avancent plus de 500 ; certaines, plus de 600 ! Il y a même une compagnie qui propose une bête de 707 chevaux et qui l’an dernier, commercialisait un modèle capable d’en cracher 840.

De la folie, on s’entend, mais une folie génératrice de passion. Et la passion dans le monde automobile, ça vend.

Cette compagnie, vous l’avez deviné, c’est Dodge de laquelle on dit souvent qu’elle est la survivante d’une autre époque, d’une ère où la puissance que générait un véhicule semblait tout ce qui comptait.

Et bien si on se reporte 50 ans en arrière, c’était le cas. À la fin des années 60, les différentes divisions des manufacturiers américains rivalisaient d’adresse afin d’offrir LA bête, LE véhicule qui allait faire saliver les amateurs et les faire craquer au point de sentir l’obligation de s’en procurer un.

Chez Plymouth, en 1968, on a trouvé la solution.

| Photo : D.Rufiange

Afin d’en avoir le cœur net, nous sommes allés à la découverte de cette dernière afin de voir si la réputation qu’elle traîne depuis un demi-siècle est surfaite.

La réponse à la fin de nos impressions de conduite du modèle, mais avant, une petite remise en contexte.

Orgie de modèles
Celui qui aimait les voitures performantes à la fin des années 60 se retrouvait comme un enfant en liberté dans un magasin de bonbons ; du choix à la tonne, l’envie de tout avoir… mais pas les moyens de tout acheter.

Le consommateur devait donc faire un choix et ce dernier était loin d’être facile.

C’est simple, chaque constructeur américain, que dis-je, chaque division de chaque constructeur proposait plusieurs modèles dont la compétence et l’intérêt se mesuraient en chevaux-vapeurs. On ne retrouvait pas seulement des Dodge, Chevrolet ou Ford dans les magazines traitant des muscle car à la mode, mais bien des Oldsmobile, des Buick, des Mercury, des AMC, des Pontiac et, bien sûr, des Plymouth.

Comme la Road Runner, l’une des idées les plus folles des années 60.

| Photo : D.Rufiange

Escalade de coûts
Lorsque les premiers muscle car sont apparus, ils étaient relativement abordables. Pontiac, la précurseure, avait eu l’idée de greffer à un de ses plus petits modèles le moteur le plus puissant qu’elle possédait. Le résultat ? Une bête offerte à bon prix.

La recette a été copiée, mais tranquillement, les coûts ont commencé à grimper. À l’aube de 1968, les muscle car n’étaient plus tous abordables. C’est là que Plymouth a eu une brillante idée. Cette dernière est née d’un appel qui a été fait par le département des ventes à un dénommé Joe Sturm, le directeur du développement de produits. Ce qui lui fut soumis était inédit, soit d’offrir un modèle dépourvu d’équipement (sans tapis, sans siège, sans fioritures, etc.), mais d’un moteur puissant, le tout à un prix imbattable.

L’idée va trouver une bonne oreille auprès des têtes dirigeantes et le OK sera donné pour la création d’un tel bolide. L’objectif était simple ; offrir une voiture capable d’atteindre 100 milles à l’heure à la célèbre mesure du quart de mille, à moins de 3000 $ US.

Au final, on réussira à offrir une voiture à un prix de 2870 $, moquette et banquette arrière incluses.

Le nom retenu, Road Runner, pour même profiter du logo de la Warner Brothers, fruit d’une entente avec cette dernière. Vous savez, quand les astres s’alignent…

| Photo : D.Rufiange

La Road Runner 1968
Les premières Road Runner qui voient le jour sont équipées de vitres arrière fixes qui s’ouvraient latéralement, mais qui ne pouvaient pas être baissées ; une des façons d’économiser des coûts. De même, les premiers modèles seront tous pourvus d’un pilier B. Il faudra attendre le début de l’année 1969 avant de voir des variantes à toit dur (sans pilier B). À ce moment, le prix dépassait légèrement les 3000 $ US (3034 $).

Le modèle de base livrait aux acheteurs un moteur V8 de 383 pouces cubes, un bloc qui avançait tout de même une puissance de 335 chevaux à 5200 tours/minutes. En option, au coût de 714.03 $, celui qui en avait les moyens pouvait se procurer le célèbre moteur HEMI de 426 pouces cubes et ses 425 chevaux.

Sur les versions à transmission manuelle, des éléments suspenseurs plus résistants devaient aussi être choisis en option, ce qui faisait grimper la facture d’environ 150 $. C’est la raison pour laquelle des 44 599 Road Runner assemblées en 1968, seulement 840 ont reçu le moteur HEMI.

Et c’est au volant de l’une de ces dernières qu’on a eu la chance de se retrouver, le temps d’un court essai.

| Photo : D.Rufiange

Domptage 101
Aujourd’hui, lorsque je prends le volant d’une voiture qui compte 500 ou 600 chevaux, je suis toujours fébrile, mais je ne peux pas dire que j’ai la frousse. Les systèmes de contrôles de la stabilité font un travail extraordinaire pour nous remettre sur le droit chemin advenant un écart de conduite.

Avec un vieux bolide équipé d’un moteur 426 HEMI sous le capot, j’ai eu l’impression d’avoir été lancé dans une fosse aux lions avec un fouet en plastique pour dompter une bête sauvage. Je vous avoue avoir ressenti une petite frousse.

De l’adrénaline à l’état pur

Bien installé à bord, le dressage commence au moment de faire tourner la clef. Là, on entend la bête rugir de toutes ses forces, une musique qui nous signale qu’on vient de s’embarquer dans une aventure peu ordinaire.

On connaît l’instrument qui loge à l’avant et on sait quel genre de symphonie il peut nous proposer. C’est à nous de donner la mesure ; tout devient alors une question de dosage. On sait qu’on peut perdre le contrôle à tout moment, mais aussi y aller d’une performance à faire frissonner.

| Photo : D.Rufiange

Sur la route de campagne empruntée, les premières accélérations se sont effectuées en douceur. Il est important de « sentir » le genre d’adhérence qui s’offre à nous et de comprendre où sont les limites. On réalise aussi que les fossés sont prêts à nous accueillir ; la définition d’antipatinage, en 1968, ça se résumait à retirer sa paire de patins ou refuser d’en porter une.

Puis, tranquillement, la relation de confiance s’installe, teintée de respect. On savoure alors la sonorité de ces organes mécaniques sortis d’une autre époque. Le modèle à l’essai, entièrement d’origine, a grandement contribué à ce voyage dans le temps.

Conclusion
Surfaites la réputation de la Road Runner ? Aucunement. Ce modèle rustique ne fait pas dans la dentelle et exige un respect de tous les instants. Il est prêt à mordre quiconque l’oublie, ne serait-ce qu’un seul instant.

Ça fait partie de son charme et en gros, c’est ce qui est si séduisant, si attrayant.

Surtout que ce genre de modèle n’existe plus.

| Photo : D.Rufiange

Fiche technique
Marque : Plymouth
Modèle : Road Runner
Année : 1968
Production : 44 599 (840 avec moteur HEMI)
Prix : 3887 $
Moteur : V8 de 426 pouces cubes HEMI
Puissance : 425 chevaux @ 5000 tr/min
Couple : 490 livres-pieds @ 4000 tr/min
Transmission : automatique à trois vitesses
Poids : 3400 livres (avec V8 de 383 pouces cubes)
Modèles similaires en 1968 : Buick Gran Sport, Chevrolet Chevelle SS, Dodge Coronet, Ford Fairlane, Mercury Comet, Oldsmobile 442, Pontiac GTO

Photos de la Plymouth Road Runner 1968

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Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque