La procédure est fort simple. Trois mécanos costauds poussent la voiture en roue libre. Je dois freiner exactement à l'endroit prévu, tenir le volant droit et le pied sur le frein pendant que l'action se déroule. Facile ? Non, pas tant que ça, car assis à un pouce du sol, je ne vois plus les bandes blanches que je dois suivre par terre... De plus, les mécanos, accroupis et prêts à l'action, me laissent très peu de place et je crains fort de leur rouler sur les pieds tellement le couloir est restreint ! Le préposé au cric avant se tient droit devant moi, mais je préfère regarder la main du mécanicien qui va enlever le pneu avant gauche. Quand je vois sa main tomber sur le pneu, je freine au maximum et j'immobilise la voiture. La pédale de frein en aluminium de la Jordan est très large et est recouverte d'antidérapant. Il n'y a que deux pédales dans une F1 et il faut impérativement freiner du pied gauche, comme en karting.
Premier essai. Les mécanos poussent la voiture, qui roule à bonne vitesse. Je dirige la voiture et surveille le gant du préposé. Je ne vois même pas le gars qui s'occupe du cric avant. Je freine fort, pile où il le fallait. La monoplace de 600 kilos est soulevée comme s'il s'agissait d'une plume. Les pistolets à air comprimé sifflent dans tous les sens. Bang ! Bang ! Les roues sont enlevées et remplacées par d'autres, et pas délicatement ! D'ailleurs, la voiture se balance, en équilibre sur les deux crics.