Un autre problème auquel Jaguar fait face est une perception de piètre fiabilité entretenue parmi les consommateurs néophytes. Selon des experts de J. D. Power and Associates, rien ne pourrait être plus faux. Dans son sondage de qualité initiale (IQS) 2004 - basé sur les réponses de plus de 51 000 acheteurs et locataires 90 jours après l'obtention de leurs véhicules - la marque Jaguar s'est classée troisième sur 37, surclassant des rivales telles que BMW et Mercedes-Benz ainsi que d'autres féroces (et luxueuses) compétitrices - seules Lexus et Cadillac l'ont devancée, terminant première et deuxième respectivement. Dans l'étude de fiabilité des véhicules (VDS) 2004 - basée sur les réponses de propriétaires de modèles 2001 - Jaguar a occupé une position un peu moins enviable, terminant 25e sur 37 marques. Aussi médiocre que soit son classement dans la VDS, c'est tout de même une "performance" meilleure que Mercedes-Benz, Volvo et Volkswagen, cette dernière étant en train d'essayer de vendre des voitures dans la même ligue que Jaguar. De plus, Audi n'était que trois rangs en avant et assez loin derrière dans le IQS. Toutefois, c'est la perception qui fait vendre. Après tout, combien d'acheteurs de véhicules neufs savent que Hyundai a battu Toyota dans le IQS 2004? Certainement pas beaucoup.
Si la perception désavantage Hyundai en raison de l'aubaine qu'est son lieu d'origine (Corée), elle affecte tout aussi négativement Jaguar à cause de sa réputation universelle : la plupart des consommateurs ne prennent pas la peine de visiter un concessionnaire puisqu'ils ne pensent pas au départ être en mesure de se permettre une telle voiture. Jaguar est la victime de son trop grand prestige, exactement le contraire de ce que Lexus et Infiniti essaient de réaliser dans leur quête pour faire la barbe à des marques bien établies et respectées comme BMW et Mercedes-Benz.
Jaguar a pourtant tenté de rejoindre la masse en produisant une compacte Type-X, mais la voiture n'a jamais complètement pris son envol malgré un style attrayant typique à Jaguar, des touches luxueuses et un prix compétitif. La Type-S a fait mieux, mais la XJ complètement redessinée qui est arrivée sur le marché l'année dernière ressemblait tellement au modèle 2003 que même les loyaux clients de la marque pouvaient difficilement les différencier. La décision de jouer de façon conservatrice avec le design de la XJ semble s'être retournée contre Jaguar; la voiture n'a pas suscité beaucoup d'intérêt et ne se vend pas vraiment bien. Il y a une différence entre "conservatrice" et "sagement évolutive".
En fait, le proprio de Jaguar, Ford, n'a pas connu véritablement plus de succès avec sa mini-fourgonnette Freestar, qui ressemble beaucoup trop à la vieille Windstar. Nissan a fait totalement l'inverse et a fabriqué une mini-fourgonnette tellement radicale que personne n'en veut. À ce qu'on peut voir, offrir un véhicule qui a de l'allure dans ce marché hautement compétitif est tout un travail d'équilibre.