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L'affaire Acura

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Mathieu St-Pierre
Je n’ai pas épargné Acura ces trois dernières années. Aujourd’hui, j’ai obtenu satisfaction. C’est la semaine du Salon de l’auto de Montréal, et la gang de Honda/Acura a décidé d’inviter une poignée de journalistes automobiles à dîner pour discuter de la marque.

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Acura NSX Concept (Photo: Sébastien D'Amour/Auto123.com)

J’admire la franchise! Acura a débuté les agapes en affirmant qu’elle était vraiment très heureuse que l’année 2011 soit enfin terminée. Si les catastrophes naturelles ont donné du fil à retordre à la marque nippone, ses représentants ont aussi mentionné qu’ils étaient pleinement conscients du design douteux, du moins de celui de l’Acura.

En effet, les ventes de la division de luxe de Honda dégringolent depuis quelques années, une période qui coïncide avec le fiasco économique de 2008 et l’arrivée de l’Acura TL 2009 mal aimée. Au même moment, Acura rêvait de percer le marché des modèles de prestige et livrer bataille aux Mercedes, Lexus et BMW de ce monde. Il va sans dire que sa stratégie s’est un peu retournée contre elle.

Bref, la TL faisait peur tellement elle était laide, la TSX avait l’air boursouflée, la CSX n’avait rien de spécial et la RL… bof. C’est en grande partie grâce aux MDX et RDX (58 % des ventes) qu’on voit encore des produits récents de la marque sur la route aujourd’hui. Sans ces utilitaires, Acura aurait livré à peine plus de 6000 voitures neuves l’an dernier…

Or, le vent est en train de tourner. Parcourez notre récente couverture du Salon de l’auto de Détroit et jetez un coup d’œil sur les nouveaux ILX, RDX et NSX. Voilà le nouveau visage d’Acura. Alors que le RDX pourrait faire mieux, les ILX et NSX, diamétralement opposés, frappent dans le mille. Le design représente une pierre angulaire de la stratégie future d’Acura, et si on se fie à ces deux modèles, le constructeur a peut-être enfin compris.

Le changement ne se fera pas du jour au lendemain, remarquez. Les TL, TSX et RL actuelles seront toujours présentes dans les salles d’exposition des concessionnaires Acura, mais au moins il y a de l’espoir. En effet, nous avons pu entrevoir la nouvelle voiture phare d’Acura, toujours sans nom. D’après les croquis, le constructeur semble sur la bonne voie. On y reconnaît sans contredit une Acura, avec une pointe de raffinement à la sauce Lexus (désolé) dans la silhouette. Je remarque autre chose aussi, mais n’en dirai pas plus. Je la verrai en chair et en os prochainement, au Salon de New York.

Acura RDX 2013 vue 3/4 avant
Acura RDX 2013 (Photo: Sébastien D'Amour/Auto123.com)

À l’avenir, Acura se concentrera sur les besoins réels des consommateurs ce qui lui permettra certainement de nous en donner plus pour notre argent. Exemple : 450 chevaux pour une berline intermédiaire. Sont-ils vraiment tous nécessaires? Et que dire des interfaces technologiques complexes? Beaucoup de conducteurs ne les utilisent jamais et ne les comprennent même pas.

Acura devance peut-être la tendance et l’avenir immédiat de l’entreprise pourrait en souffrir. Encore une fois, Acura est peut-être sur une piste intéressante. Les prochaines années amèneront leur lot de réalités pour bon nombre de constructeurs qui continuent de nourrir la folie des grandeurs.

Avec un peu de chance, Acura traversera la tempête et en ressortira plus forte que jamais. D’ici là, quelques quatre petites années tout au plus, sa gamme entière aura été repensée.

Mais on ne s’arrêtera pas aux voitures. Les concessionnaires devront sortir le grand jeu eux aussi et offrir un « service de concierge » capable d’enrichir vconsidérablement l’expérience client. Une tâche qui s’annonce ardue pour ceux qui vendent moins de 300 voitures en moyenne par année. Mais ils devront s’y mettre s’ils espèrent livrer 400 modèles annuellement dès aujourd’hui.

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Acura ILX Concept (Photo: Acura)

Ainsi, Acura a l’intention de reconstruire son image de marque, franchement volatile au cours des 10 à 12 dernières années. Elle veut refaire de la passion une des raisons pour lesquelles les consommateurs convoitent ses produits. En ce moment, acheter une Acura se veut une démarche purement rationnelle.

En 2000, je lorgnais l’Integra parce qu’elle avait du culot. Aujourd’hui, je choisirais une Accord tout équipée en espérant que la prochaine TL m’interpellerait autant que le modèle 2004-2008.

Je ne suis pas convaincu de certaines des perspectives d’Acura, mais je me fais mon bon prince et je lui donne le bénéfice du doute. Quant à moi, seul le design saura attiser la passion. Acura a toujours brillé au chapitre de la maniabilité, des performances, de la qualité et de la technologie.

Maintenant, c’est l’heure d’accrocher les regards… pour les bonnes raisons.

La NSX réussira à cet égard, mais seules quelques douzaines trouveront preneurs chaque année, soit plus ou moins le même nombre de RL livrées en 2011. L’ILX semble prometteuse, mais toutes les données évoquent une Honda+ et non une Acura en tant que marque distincte. Bon, revoilà les pensées négatives…

Si le constructeur réussit à injecter l’ADN d’Acura dans une silhouette qui fait saliver les passants, il sortira gagnant. À l’aube d’un nouveau chapitre de son histoire, Acura devrait recruter un concepteur qui réussira à revaloriser ses produits tout en conservant leur âme.
Mathieu St-Pierre
Mathieu St-Pierre
Expert automobile
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