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Le « DieselGate » : pour tout savoir sur les rappels des véhicules diesel de Volkswagen

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Josée Paquet
Récapitulatif de cette saga qui a entraîné la démission de Martin Winterkorn

La tricherie de Volkswagen aux tests antipollution sur ses véhicules diesel est sur toutes les lèvres depuis près d’une semaine et la situation s’envenime de jour en jour, le constructeur croulant désormais sous les enquêtes, les rappels et les recours collectifs. On tire à boulets rouges de toutes parts sur Martin Winterkorn, qui doit malgré tout remercier le ciel que la civilisation ait suffisamment évolué pour ne pas dresser l’échafaud sur lequel l’attendrait un nœud coulant. Cette bourde – que dis-je, cette énormité – vient d’ailleurs de lui coûter son poste à la tête du groupe Volkswagen, le principal intéressé ayant remis sa démission ce mercredi. Il a réitéré ses excuses et dit prendre toute la responsabilité de cette affaire, tout en martelant ne s’être rendu coupable « d’aucun manquement » et que son départ permettra à Volkswagen de repartir sur de nouvelles bases. Il demeure aussi « convaincu que le Groupe Volkswagen et son équipe sauront surmonter cette grave crise ».

Qu’en est-il exactement de tout ce scandale et surtout, comment s’y retrouver parmi la tonne d’informations qui déferle sur le Web depuis quelques jours? 

Voici un récapitulatif des principaux faits du « VolkswagenGate », des véhicules impliqués dans les rappels, des actions prises par le constructeur dont un programme d’échange de même que ce qui pourrait attendre Volkswagen au cours des prochains mois.

1. Comment une ONG (Organisation non gouvernementale) et une université ont mis à jour la tricherie
Il y a 2 ans, l’International Council on Clean Transportation, une ONG basée aux États-Unis et en Allemagne, a voulu prouver que les véhicules vendus en sol américain polluaient moins car, disait-on, les normes environnementales aux États-Unis étaient plus strictes qu’ailleurs dans le monde. En collaboration avec les chercheurs de l’Université de Virginie Occidentale, ils ont réalisé des tests sur de nombreux véhicules mais ont noté une différence flagrante entre les chiffres qu’ils avaient obtenus et ceux révélés par les autorités américaines. Les résultats de l’ONG ont alors été transmis à l’Agence de protection environnementale américaine (EPA) de même qu’au California Air Ressources Board (CARB).

Après avoir mené leurs propres tests, les autorités ont constaté que non seulement les véhicules diesel de Volkswagen n’affichaient pas les mêmes chiffres que lors des tests initiaux de l’EPA lorsqu’ils étaient testés en conditions réelles, mais qu’ils faisaient littéralement exploser les plafonds établis. Et on ne parle pas ici de quelques grammes de pollution supplémentaires, mais bien de véhicules 40 FOIS plus polluants que ce qui était écrit sur papier.

Ironiquement, c’est en voulant prouver que les véhicules en sol américain étaient plus « propres » que la supercherie a été révélée… par une ONG et des chercheurs universitaires qui cherchaient complètement autre chose. Ne dit-on pas toujours que les plus grandes inventions ont été découvertes par hasard? Il faudrait ajouter les plus grandes tricheries dans cette catégorie…  Devant les faits accomplis, Volkswagen n’a eu d’autre choix d’avouer qu’elle avait installé des logiciels trompeurs dans ses 482 000 véhicules vendus aux États-Unis entre 2009 et 2015.

2. Volkswagen fait son mea culpa… seulement à moitié
Le 18 septembre, le scandale des tests antipollution truqués éclatait au grand jour. Volkswagen a reconnu que les logiciels installés dans près de 500 000 véhicules diesel vendus aux États-Unis étaient en mesure de détecter le moment précis où le véhicule était testé, donnant du coup des données faussées, mais qui répondaient aux normes antipollution. En plein Salon de Francfort et après avoir déclaré que Volkswagen commercialiserait 20 modèles hybrides et électriques d’ici 2020, l’annonce de cette tricherie a eu l’effet d’une bombe dans l’industrie automobile. Les véhicules ciblés aux États-Unis ont fait l’objet d’un rappel et les ventes ont été suspendues.

Toutefois, nous n’étions pas au bout de nos surprises, puisque quelques jours plus tard, le constructeur a annoncé par voie de communiqué que ce n’était pas 482 000 véhicules diesel aux États-Unis de marque Volkswagen et Audi qui contenaient ce logiciel trompeur, mais bien 11 millions… au niveau mondial. Boum. Si le scandale des cotes de consommation erronées de Hyundai et Kia a fait l’effet d’une petite gifle dans l’industrie, la tricherie monumentale de Volkswagen, quant à elle, est une raclée à la puissance 10. Déjà qu’on sentait les autorités de différents pays aux abois à la suite des révélations de tricherie du géant allemand, plusieurs enquêtes ont été depuis déclenchées dans différents pays.

3. La débandade de Volkswagen en Bourse affecte l’ensemble de l’industrie
Après de tels aveux, la dégringolade du titre de Volkswagen était prévisible. Si on peut penser que les constructeurs rivaux se délecteraient de la chute du numéro 1 mondial, il en fut tout autrement. Les marchés boursiers étant ce qu’ils sont – et les investisseurs aussi – c’est l’ensemble de l’industrie automobile qui a vu des milliards de dollars en capitalisation boursière partir en fumée. En l’espace de 2 jours seulement, Volkswagen a perdu plus du tiers de sa valeur (donc 25 milliards d’euros), et l’ensemble des constructeurs ont aussi vu leurs titres chuter à moins grande échelle.

Si certes la tricherie est l’œuvre de Volkswagen, les différentes enquêtes lancées un peu partout dans le monde visent non seulement le géant allemand, mais aussi l’ensemble des manufacturiers. Car si le plus gros joueur mondial a effrontément trafiqué les résultats de ses tests, est-ce que d’autres constructeurs ont pu faire de même? Il est difficile de croire que VW soit le seul, comme le disait hier notre collègue Mathieu St-Pierre, à avoir agi de la sorte, mais pour le moment, ils sont tout seuls au banc des accusés. Et si l’ensemble des grands constructeurs avaient eux aussi triché? C’est ce que les indices boursiers semblent dire depuis quelques jours, d’autant plus que les équipementiers et fournisseurs subissent les dommages collatéraux de ce scandale. Ainsi, Magna, dont Volkswagen est le 6e client en importance selon La Presseperd lui aussi des plumes sur les marchés boursiers. Comme dirait un maître Jedi célèbre s’il était parmi nous, « Grande est la suspicion dans l’industrie »…

4. Les véhicules rappelés aux États-Unis et aussi au Canada
Dès que l’annonce de la tricherie de la part de Volkswagen a été dévoilée au grand jour, la vente des modèles diesel 2015 et 2016 a été suspendue aux États-Unis, et les véhicules munis de ce logiciel ont fait l’objet d’un rappel. Volkswagen Canada et Audi Canada ont emboîté le pas et ont cessé toute vente de véhicules diesel, tant neufs qu’usagés. De même, toute référence à ces véhicules a été effacée de ces sites Web. Comme quoi on considère la situation comme catastrophique chez Volkswagen AG…

L’EPA a émis un communiqué comprenant la liste complète des véhicules visés, en spécifiant toutefois qu’ils ne présentent aucun risque d’accident, et qu’aucune action ne doit être prise par les conducteurs à ce moment-ci :

  • Jetta 2009 à 2015;
  • Jetta Sportwagen 2009 à 2014;
  • Beetle 2012 à 2015;
  • Beetle décapotable 2012 à 2015;
  • Audi A3 2010 à 2015;
  • Golf 2010 à 2015;
  • Golf Sportwagen 2015;
  • Passat 2012 à 2015.

Volkswagen Canada envisagerait sérieusement de mettre sur pied un programme d’échange pour les propriétaires d’un des véhicules visés par cette tricherie, selon ce qu’a appris la chaîne Argent. Ainsi, les clients qui possèdent un véhicule au diesel pourraient l’échanger contre un véhicule à essence, en payant toutefois un montant pour combler la différence de valeur.

« Le conducteur d’un véhicule TDI a peut-être une crainte quant à la valeur résiduelle de son véhicule. Volkswagen a déjà songé au problème. Ne vous inquiétez pas, les concessionnaires et le manufacturier vont tout faire pour rassurer le consommateur », a affirmé Charles Bassili à TVA Nouvelles. De même, Volkswagen et Audi Canada entendent mettre en place des mesures pour aider les concessionnaires, aussi affectés par ce scandale. 

De même, les recours collectifs contre le constructeur poussent comme des champignons tant au Canada qu’aux États-Unis, et il y a fort à parier, avec les différentes enquêtes déclenchées en Allemagne, en Corée, en Italie, au Royaume-Uni et dans bien d’autre pays que Volkswagen ne soit pas au bout de ses peines, bien au contraire.

5. Qu’est-ce qui attend Volkswagen au cours des prochaines semaines et des prochains mois?
Les suppositions pleuvent dans ce cas-ci, et nul ne peut prédire avec certitude ce que les prochains mois réservent pour Volkswagen et pour l’industrie en général. Une chose est certaine toutefois, c’est que le constructeur s’expose à des amendes phénoménales, de nombreuses sources parlant cette semaine de 37 500 $ d’amende PAR véhicule truqué, aux États-Unis seulement. À 482 000 véhicules, la douloureuse amende se chiffrerait déjà à un peu plus de 18 milliards de dollars. Maintenant qu’on sait qu’il y a 11 millions de véhicules affectés au niveau mondial, la facture pourrait grimper de manière exponentielle. Et bien que le groupe dispose de sommes colossales, elles ne sont pas illimitées non plus…

Tout cela en plus des milliards de dollars partis en fumée en Bourse, des ventes suspendues, des recours collectifs, de l’atteinte irrémédiable à l’image même de la marque et des réparations à prévoir sur les véhicules (entre 5000 et 8000 $US selon Wired). De plus, reste le problème des rappels, comme le soulève Wired. Si bien souvent les gens ignorent les rappels de sécurité sans qu’ils ne soient plus inquiétés que ça, dans ce cas-ci la donne pourrait changer. En effet, comme ces véhicules diesel ne répondent pas aux normes – ils sont donc illégaux –, les propriétaires qui omettraient de faire réparer leur voiture pourraient se voir refuser le renouvellement de leur immatriculation tant qu’une preuve que le véhicule répond aux normes de pollution n’aura pas été fournie. Sans compter la valeur à la revente, lorsque les propriétaires voudront se débarrasser de leur véhicule…

Et est-ce que les clients bouderont également les autres produits Volkswagen à essence, même si ceux-ci ne sont pas en cause, simplement parce qu’ils redouteraient que les chiffres aient été eux aussi trafiqués? Est-ce que les constructeurs rivaux qui vendent des véhicules au diesel – Mercedes-Benz, BMW, Peugeot – verront leurs ventes chuter car les clients auront le sentiment qu’eux aussi aient pu tricher?

Quoiqu’il en soit, c’est une semaine très sombre pour l’industrie automobile en général, et si aujourd’hui c’est la tête de Martin Winterkorn qui est tombée, il faut s’attendre à ce que d’autres le suivent dans sa disgrâce. Volkswagen est loin d’être tirée d’affaire, certes, mais sa chute risque encore d’entraîner dans son sillage la réputation du diesel, déjà malmenée de toutes parts depuis longtemps, la confiance du public envers elle et peut-être aussi envers d’autres constructeurs. Rappelons aussi que le groupe Volkswagen comprend 12 constructeurs; subiront-ils aussi les dommages collatéraux de cette tricherie? Porsche goûte déjà à cette médecine avec une chute prodigieuse en Bourse…

Est-ce que vous, en tant que consommateurs, achèterez des produits Volkswagen ou Audi, à essence ou au diesel, ou si vous avez irrémédiablement perdu confiance envers l’entreprise?

 

Josée Paquet
Josée Paquet
Expert automobile