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F1 Technique: Les secrets dissimulés dans l'huile moteur

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Khatir Soltani
Toutes les pétrolières impliquées en Formule 1 envoient à chaque Grand Prix au moins un ingénieur qui doit effectuer plusieurs analyses au courant du week-end pour s'assurer que les huiles et lubrifiants effectuent correctement leur travail.

Louis Plancq, ingénieur de Total attaché à l'équipe Lotus Renault GP, nous explique en quoi consiste ses Grands Prix.

Mercredi : Installation
« Je suis sur le circuit dès le mercredi. Je m’assure déjà que nos machines et nos produits ont bien été livrés. Côté produits, les volumes à gérer représentent entre 20 et 30 barils de 50 litres de carburant par équipe, et une trentaine de litres de lubrifiants, » explique Plancq.

« Je vérifie minutieusement l’intégrité des barils, si les scellés sont intacts: au-delà de leur dangerosité, ce sont en effet des produits à la formulation confidentielle, il faut donc se prémunir contre l’éventualité de prélèvements « sauvages » ou de toute erreur de manipulation, pouvant par exemple entraîner une contamination. J’installe ensuite mes machines, un chromatographe et un spectromètre, dans le garage Lotus Renault GP. Je les démarre et les étalonne avec le carburant et l’huile moteur de référence. »

Total Lotus Renault F1
Photo: Total

Jeudi : Premier démarrage des moteurs
« J’indique à l’écurie quelle quantité d’huile il faut mettre dans les moteurs, et les deux voitures sont ensuite démarrées. Un premier niveau d’huile, obtenu sur un régime stabilisé à 7000 tours/minute pendant 5 à 7 secondes, constitue le niveau de départ, » nous explique-t-il.

« Aussitôt après l’arrêt du moteur, j’analyse l’huile avec le spectromètre. En 40 secondes, j’obtiens la teneur et la quantité de métaux passés dans le lubrifiant. Je compare le résultat à celui obtenu à l’issue de la dernière utilisation du moteur. S’il y a une différence, nous sommes capables de définir quel organe du V8 est incriminé. Enfin, nous nous réunissons avec tous les ingénieurs Renault. Il s’agit de mettre en place le programme du week-end. »

Vendredi : Les premiers tours de piste
« Les voitures tournent. Il faut distinguer les essais du vendredi, P1 et P2, de la suite du week-end, dans la mesure où des moteurs avec de forts kilométrages sont utilisés dans un premier temps, avant un changement en vue des essais du samedi, P3, les qualifications et la course, au profit de moteurs plus « neufs » donc présumés plus fiables, » précise Plancq.

« En ce qui concerne le carburant, j’arrête les analyses avec le chromatographe le vendredi soir. Le même produit a tourné sur plusieurs cycles dans les circuits concernés (moteurs,
robots), il n’y a donc plus de risque d’altération et de pollution. Je garde néanmoins l’appareil opérationnel pour être à même de réaliser un contrôle supplémentaire ou vérifier une analyse de la FIA ».

Khatir Soltani
Khatir Soltani
Expert automobile
  • Plus de 6 ans d'expérience en tant qu’essayiste automobile
  • Plus de 50 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à des discussions avec la quasi-totalité des manufacturiers au Canada