Comme vous en avez entendu parler, l'animateur vedette de Top Gear, Jeremy Clarkson, a été congédié par la BBC après avoir frappé un des producteurs de l'émission. Ma première réaction a été : je te gage qu'ils ont arrangé ça pour mousser les cotes d'écoute!
Connaissant le tempérament bouillant du controversé grand gaillard, on peut s'imaginer qu'il a piqué une crise quand quelqu'un lui a apporté des M&M rouges alors qu'il avait clairement demandé des bleus. D'ailleurs, la nouvelle a eu l'effet d'une bombe et une foule de rumeurs et d'opinions enflammées ont tout de suite commencé à se répandre sur la toile.
Maintenant que la poussière est retombée et que j'ai lu plusieurs articles et blogues sur le non-renouvellement du contrat de Clarkson, je suis mieux placée pour dire ce que je pense réellement de toute cette affaire.
Premièrement, il est clair que la BBC a eu une décision très difficile à prendre. Clarkson est un gros atout pour la chaîne et une célébrité reconnue mondialement. Le directeur général Tony Hall a salué sa contribution à Top Gear et à la BBC en général.
Or, Clarkson a toujours été un bouffon et une sorte de brute que nous aimions détester. J'ai eu la chance de parler avec son coanimateur Richard Hammond au téléphone (pendant qu'il était assis devant son foyer en train de siroter un thé) et je lui ai demandé si travailler avec Clarkson était vraiment aussi difficile qu'on le laisse croire.
En toute honnêteté, il m'a répondu oui (un oui qui voulait dire « mets-en! »). Et je l'ai cru.
Voyez-vous, je ne pense pas que Jeremy Clarkson soit quelqu'un de gentil. Je n'aimerais pas avoir une conversation avec lui, encore moins être un journaliste qui doit l'interviewer. D'ailleurs, on m'a offert de prendre contact avec lui pour arranger une entrevue, mais j'ai refusé faute de courage. Je pense que sa carrière est fondée sur son image de bad boy et que Clarkson a fini par devenir son propre personnage au fil des ans.
Le monde a besoin de méchants comme le yin a besoin du yang. Clarkson était le contraire de Hammond, tandis que James May servait parfois d'arbitre entre les deux. Certains se réjouissent du congédiement de l'animateur vedette, disant qu'il s'agit d'une grande victoire pour tous ceux qui ont déjà été intimidés, mais je vous invite à lire tous les livres et toutes les chroniques de Clarkson depuis près de 20 ans.
Ensuite, revenez me voir et dites-moi que vous le haïssez encore autant. Essayez de me convaincre qu'il n'a plus sa place à la télévision, que vous ne voulez plus entendre ses opinions et que vous espérez qu'il se la ferme pour de bon. Vous en serez incapable.
L'arrogance et l'ignorance en surface cachent une intelligence profonde. C'est ce qui a entre autres permis à Top Gear de durer aussi longtemps et d'être plus populaire que toutes les autres versions de Top Gear à travers la planète. C'est aussi ce qui explique pourquoi Hammond et May ont déclaré qu'ils ne veulent pas reprendre les tournages sans lui.
Bien sûr, je dénonce la violence dont Clarkson a fait preuve envers le producteur Oisin Tymon. Si c'était mon fils qui avait reçu un coup de poing en pleine face venant d'un costaud et vulgaire animateur de télé, j'aurais été la première à réclamer haut et fort qu'on le foute à la porte. Toutefois, nous sommes tous humains et nous commettons tous des gestes impulsifs. Nous faisons aussi des erreurs et nous en tirons des leçons.
L'émission Top Gear telle que nous la connaissons devait se terminer à un moment donné. Après tout, rien n'est éternel, les produits changent et les gens s'intéressent à d'autres choses. Quand la fin arrive aussi brusquement que dans ce cas-ci, par contre, ça fait encore plus mal et, avouons-le, c'est un peu triste.
Est-ce que Jeremy Clarkson mérite une autre chance? Selon moi, oui. Je le répète : le monde a besoin de méchants. Je vais attendre impatiemment son prochain projet. Clarkson reste un modèle — à la fois bon et mauvais — pour tous les journalistes automobiles.