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L'auto à hydrogène, oui, mais...

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Le meilleur taux d'intérêt
Khatir Soltani
Commençons cette chronique par une devinette : en quelle année la première automobile hybride essence-électricité a été créée et qui en fut l'inventeur ?
(Réponse à la fin de l'article)

La semaine dernière, j'ai omis de mentionner, lorsque je parlais de 3,750,000,000 de litres que nous sauverions en diminuant notre vitesse de 10% que nous diminuerions nos émissions de gaz à effet de serre par 9,000,000 de tonnes de CO2. Ce qui veut dire qu'avec cette simple mesure, nous obtiendrions le tiers du but total fixé par le gouvernement du Canada.

Cette semaine, un quotidien de Montréal a parlé de façon très positive de l'avenir prometteur que représente l'hydrogène comme source d'énergie domestique et de propulsion. Bien que l'hydrogène soit plein de promesses, je tiens à y mettre un bémol. L'histoire n'est pas aussi rose que cet article tend à le laisser croire.

Pour ceux d'entre nous qui sont assez vieux, nous associons parfois l'hydrogène à deux souvenirs plutôt négatifs. Je ne sais pas si vous avez déjà vu le fameux reportage sur l'incendie du dirigeable à l'hydrogène Hindenburg, mais ce moment a été sans aucun doute un des plus horribles de l'histoire filmée du 20e siècle.

Autre moment mémorable de l'histoire explosive du 20e siècle : la première fois où nous avons pu voir l'explosion d'une bombe « H »; H pour hydrogène. Beaucoup plus puissante que les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, elle était considérée comme l'arme ultime.

C'est avec un tel pedigree que l'hydrogène a commencé sa carrière comme objet de recherche afin d'en faire un mode de propulsion propre qui pourrait en venir à prendre la place du pétrole, ce carburant à la fois polluant et non renouvelable. Mais ces histoires ont laissé pour bon nombre de gens l'impression que de se promener à bord d'un véhicule propulsé à l'hydrogène serait comme être assis sur une bombe ambulante. Et qui voudrait prendre un tel risque ?

L'hydrogène est une ressource quasi inépuisable. Il se trouve un peu partout dans la nature, en quantité. Par exemple, sachez que 75% de l'univers est composé d'hydrogène. Un des endroits les plus évidents où le trouver est évidemment dans l'eau, car l'eau est composée de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène, d'où la formule chimique H2O. (Comme je l'ai écrit dans un article précédent, la première fois que j'ai entendu parler de l'auto à « l'eau » fut en 1974. Cette idée ne date donc pas d'hier, car j'ai su par la suite qu'on en parle depuis bien plus longtemps encore).

Comment cela fonctionne-t-il ?

C'est très simple. Il y a deux méthodes principales pour faire fonctionner une auto à l'hydrogène. Il y a la méthode la plus simple qui consiste à modifier un moteur à explosion traditionnel. Cette méthode a l'avantage d'être la moins coûteuse, mais comme les moteurs à combustion interne traditionnels sont peu efficaces, c'est vers la seconde solution que tous se tournent.

La seconde solution est celle appelée du « Fuel Cell » ou pile à combustible. Cette solution a un taux d'efficacité environ 4 fois supérieur au moteur traditionnel. Il fonctionne sur un principe qui ressemble à celui d'une batterie traditionnelle, c'est-à-dire une réaction chimique qui crée de l'électricité, sauf que dans le cas d'une pile à combustible, on peut toujours approvisionner cette batterie en produits chimiques, ce qui fait qu'elle ne tombera pas à plat une fois le produit dépensé comme c'est le cas dans nos batteries de tous les jours.

Les piles à combustible utilisent de l'hydrogène emmagasiné et le mélange avec de l'oxygène afin de créer de l'électricité qui alimentera des moteurs électriques. Il n'en ressortira que de l'eau sous forme de vapeur.

Le danger

Y a t'il un danger supérieur avec l'hydrogène versus le pétrole ?

La réponse est a priori oui. Cela dit, de nombreux tests ont été effectués sur des réservoirs ultra résistants (beaucoup plus que les réservoirs standard d'essence) et ont démontrés le très haut degré de sécurité dont ils ont fait preuve. J'ai vu des testeurs tirer avec des fusils sur ces réservoirs et d'autres les laisser tomber de plusieurs étages. Évidemment, des tests de collision ont été aussi effectués. Tous ces tests ont été passés avec brio.

Alors, pourquoi le : « mais » ?

-Le premier problème réside dans le coût très élevé de cette technologie à ce jour. On multiplierait le coût d'une auto ordinaire par 3 fois minimum.

-Le deuxième problème vient des infrastructures. Où aller s'approvisionner en hydrogène ? Et de façon sécuritaire ? Pensez simplement à la quantité incroyable de stations-service. On dit qu'une bonne quinzaine d'années risquent de passer avant qu'une infrastructure décente soit mise sur pied pour l'hydrogène.

-Le troisième et plus gros problème est le suivant : l'hydrogène n'est pas un carburant primaire. C'est pourquoi il faut produire l'hydrogène et il faut pour cela dépenser de l'énergie. S'il s'avère que ce soit en utilisant du pétrole, du gaz naturel, ou tout autre source d'énergie polluante...

...nous créons un autre problème: si pour produire de l'hydrogène, on utilise de l'électricité produite par une centrale au gaz, au mazout, au charbon ou à toute autre source polluante et émettrice de gaz à effet de serre, nous ne réglons pas le problème de pollution. C'est pourquoi un véhicule à hydrogène doit obtenir cet hydrogène à partir d'un mode de production propre comme le solaire, l'éolien, etc.

Évidemment, on peut se demander si les puissants lobbies pétroliers et automobiles ne sont pas derrière ce processus qui semble bien lent. Quand on songe qu'en moins de dix ans, les Américains sont partis d'un projet à un alunissage, il y a de quoi se poser de sérieuses questions. Mais je ne présumerai pas ici des intentions de ces gens. Même si ce n'est pas l'envie que me manque.

Voilà pourquoi on doit mettre un bémol à la solution magique que semble représenter l'auto à hydrogène. Nous n'en sommes pas encore rendus là. En outre, le gouvernement américain a diminué ses exigences actuelles envers les constructeurs afin qu'ils fassent en sorte que leurs véhicules soient plus économes. Cela veut donc dire qu'en annonçant une subvention afin d'aider la recherche pour la propulsion à hydrogène, qui n'est pas certaine de donner des résultats concluants, on laisse tomber les mesures beaucoup moins onéreuses qui pourraient entrer en vigueur dès maintenant.

Que faire en attendant ?

Comme je l'ai dit auparavant, de nombreux scientifiques voient les véhicules hybrides essence-électricité comme la meilleure solution de transition pour les dix à quinze prochaines années. Par ailleurs, je vous entretiendrai dans les prochaines semaines d'autres types de carburants.

Le biodiesel, l'éthanol, le gaz naturel et autres options seront étudiés afin que vous puissiez en savoir plus sur ces choix; que vous puissiez savoir si VOUS pouvez les utiliser et combien cela vous coûterait.

De plus, j'ai été approché par des représentants et inventeurs qui veulent me montrer leurs inventions qui, apparemment, sont propres et nous sauveraient de l'essence et seraient peu dispendieuses à installer. À suivre.

Réponse à la devinette du début :
(La première automobile hybride essence-électricité date de 1904 ! Et son créateur ne fut nul autre que Ferdinand Porsche...)
Khatir Soltani
Khatir Soltani
Expert automobile
  • Plus de 6 ans d'expérience en tant qu’essayiste automobile
  • Plus de 50 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à des discussions avec la quasi-totalité des manufacturiers au Canada