Des lignes d'encre sur un parchemin, le modèle de de Vinci a réussi à se matérialiser... et à fonctionner! Le long et ardu processus pour en arriver à un tel résultat a cependant pris de nombreuses années. Après la découverte du croquis en 1905 par un érudit italien du nom de Girolamo Calvi, 70 ans ont été nécessaires pour que quelqu'un assemble les ressorts, les bobinages et les tambours tel qu'illustré, et ce, sans que le tout tombe en morceaux.
La partie ayant le plus compliqué la tâche des ingénieurs qui ont monté le véhicule était l'ensemble de ressorts en lames. Autrement dit, la voiture n'était pas dotée d'un système de suspension très reconnu à l'heure actuelle. Les ressorts étaient en fait intégrés au mécanisme de direction du véhicule. Une autre pierre d'achoppement s'avérait sa source d'énergie et la façon dont il se mouvait. Le projet a véritablement pris son envol après que le professeur italien Carlo Pedretti ait appliqué des designs supplémentaires au modèle. Sa conclusion : les ressorts, les bobinages et autres designs innovateurs concourraient à faire avancer et diriger le véhicule.
Pedretti s'est joint à un expert américain en robotique, Mark Rosheim, pour créer des plans compréhensibles aux artisans du 20e siècle. Le manuel d'assemblage modernisé a ensuite été envoyé à Paolo Galluzzi et son équipe d'historiens pour la construction. Pourquoi avoir eu recours à des historiens plutôt qu'au savoir-faire d'un grand constructeur automobile? Réponse : le musée tenait à ce que le véhicule soit bâti à l'aide d'outils que l'on ne retrouvait qu'au 15e siècle.
Le modèle vieux de 600 ans a l'air d'une grosse caisse en bois avec son lot d'engrenages, de plaques de métal et de barils montés sur trois larges roues. C'est à se demander où de Vinci avait mis son génie artistique la journée de son dessin. Comme son hélicoptère et son sous-marin, le design de la voiture n'était pas fait pour impressionner par sa beauté, mais bien pour fonctionner. Une vraie démonstration d'ingéniosité mécanique!
L'aspect le plus complexe de l'automobile est la manière avec laquelle elle est propulsée. Au lieu de cylindres, de soupapes et de pistons, elle utilise des barils contenant des ressorts hélicoïdaux et des engrenages afin de développer la puissance requise pour la faire avancer. Quand le véhicule de de Vinci est tiré vers l'arrière - un peu à l'image d'un arc et d'une flèche, ou mieux d'une petite auto jouet qui, une fois traînée vers l'arrière, est propulsée vers l'avant - l'énergie pour le pousser vers l'avant est accumulée et ensuite relâchée. En d'autres termes, le véhicule est alimenté par le carburant le plus abordable que l'on connaisse: un lubrifiant. Des essais faits avec le véhicule ont toutefois montré qu'il possède une portée de 33 mètres, un tantinet inadéquat selon les standards d'aujourd'hui.