Au cours des quatre prochaines semaines, nous allons faire plus ample connaissance avec le Mitsubishi Outlander PHEV 2024. Voici le premier chapitre de notre essai à long terme du VUS.
Depuis le temps, vous savez ce que signifie PHEV : Plug-in Hybrid Electric Vehicle. En français, nous disons VHR pour véhicule hybride rechargeable. Quoiqu’il en soit, à son arrivée en 2013, cet utilitaire compact a créé une petite révolution. Commençons par la mettre dans son contexte…
Mitsubishi vend des automobiles au Canada depuis 2002. Vingt-deux ans plus tard, sa gamme 2024 compte cinq modèles. Outre le Outlander PHEV, on retrouve son frère, le Outlander à essence, puis deux autres VUS, soit l’Eclipse Cross et le RVR, et enfin la Mirage, une rarissime berline compacte dans un marché qui les évince les unes après les autres, ce qui sera d’ailleurs le sort de la Mirage puisque l’année-modèle 2024 représentera son dernier tour de piste au Canada.
Portrait chiffré
Le duo Outlander a beaucoup de pression sur les épaules car il est l’incontestable vedette du portfolio de la marque au Canada. L’an dernier, Mitsubishi a vendu 35 708 véhicules, une hausse de 61,2 % par rapport à 2022 et un nouveau record national. Or, sur l’ensemble de ces ventes, les deux Outlander ont en totalisé 19 551, c’est-à-dire 9 640 Outlander à essence et 9 911 unités de la variante PHEV.
Autrement dit, les Outlander ont compté pour plus de la moitié (55%) du succès de Mitsubishi au Canada en 2023.
À l’international, si on se fie à un tableau qui a recensé les ventes mondiales des véhicules légers des 16 principaux constructeurs automobiles en 2023, Mitsubishi logeait au 16e rang avec 789 000 ventes.
Pour fins de comparaison, précisons que Mazda et Tesla occupaient les 15e et 14e places avec respectivement 1,2 et 1,8 million de ventes, alors que Toyota (incluant Lexus) dominait le classement avec plus de 11 millions de ventes.
Ça signifie aussi que le Canada a compté pour 4,5% des ventes mondiales de Mitsubishi en 2023.
Si ces statistiques vous donnent l’impression que Mitsubishi est un petit joueur de l’industrie automobile à l’échelle planétaire, vous n’avez pas tort. Mais il est par ailleurs intéressant de constater que Mitsubishi Motors n’est que l’un des maillons du Groupe Mitsubishi. Et ce groupe-là n’est pas un deux de pique !
Il était une fois…
Ses origines remontent à 1870 en tant que compagnie maritime. L’expansion qui a suivi a fait en sorte que la compagnie s’est transformée en zaibatsu, un mot japonais qui désigne un regroupement de plusieurs entreprises détenues par une même famille. Rien que dans la division Mitsubishi Heavy Industries, on touchait à l’électricité, au nucléaire, aux produits chimiques et optiques (la réputée marque Nikon) et à l’automobile. En fait, dès 1917, la Mitsubishi Shipbuilding Company lança le Model A, la première automobile commercialisée au Japon.
Entièrement construite à la main, capable de transporter sept personnes, la carrière de cette berline s’échelonna sur quatre ans et 22 exemplaires... Néanmoins, une étape cruciale de l’histoire automobile japonaise venait d’être franchie.
À la fin de la Deuxième guerre mondiale, les Alliés disloquent le Groupe Mitsubishi. En 1954, Mitsubishi Corporation (une portion de l’ancien Groupe) renaît de ses cendres et Mitsubishi Heavy Industries renoue aussi avec l’automobile. Le succès de la Galant en 1969 incita MHI a créé une division qui allait se concentrer uniquement sur l’automobile : Mitsubishi Motors.
Aujourd’hui, le « groupe » n’est plus un zaibatsu mais un keiretsu, c’est-à-dire le partenariat d’une quarantaine de compagnies qui intègrent toutes le nom Mitsubishi dans leur dénomination corporative, qui détiennent toutes des parts entre elles mais qui conservent leur indépendance. Personne n’est en contrôle mais tout le monde s’entraide.
Ainsi, quand Mitsubishi Motors connu des ennuis financiers dans les années 2000, la Banque Mitsubishi et d’autres frères d’armes vinrent à sa rescousse.
Championne des échanges
Pour assurer sa survie et son épanouissement, Mitsubishi Motors n’a jamais crainte de sceller des ententes avec des rivaux. Ainsi, pendant des décennies, elle a collaboré avec Chrysler (qui fit de la Galant sa Dodge Colt américaine). Au fil des ans, elle conclut plusieurs autres accords avec Hyundai, Volvo, Suzuki, VW, etc. Mais une fois Chrysler sorti définitivement de l’équation (en 1993), Mitsubishi se rapprocha de plus en plus de Nissan, une fréquentation qui accoucha en 2016 de la fameuse Alliance entre Mitsubishi, Renault et Nissan, cimentée entre autres par l’acquisition de 34% des parts de Mitsubishi par Nissan.
Ce qui explique en grande partie aujourd’hui pourquoi les deux Outlander partagent autant de points communs avec le Nissan Rogue.
Un cousinage que nous explorerons la semaine prochaine.