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Coût de fabrication des VÉ : fermetures d’usines à prévoir, selon Stellantis

RAM 1500 Revolution BEV | Photo : RAM
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Daniel Rufiange
Selon Carlos Tavares, il en coûte 40 % de plus pour produire un véhicule électrique.

•    Les coûts de production plus élevés des véhicules électriques menacent certaines usines, selon Stellantis.

•    Carlos Tavares explique qu’il en coûte 40 % de plus pour produire un véhicule électrique.

•    En février, l’usine Stellantis qui produit le Jeep Cherokee sera mise à l’arrêt.

Vous l’avez remarqué tout comme nous, les coûts des véhicules neufs ont explosé depuis quelques mois. Plusieurs facteurs expliquent cette réalité, mais l’une d’elles est assurément les sommes importantes que doivent dépenser les constructeurs pour effectuer leur virage électrique. 

Au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, qui s’est tenu la semaine dernière, le grand patron de Stellantis, Carlos Tavares, y est allé de quelques déclarations intéressantes à ce sujet. Le site Autocar, entre autres, rapporte les propos du dirigeant et y va d’une analyse de la situation. Certains angles méritent qu’on s’y arrête. 

Répondant à des questions concernant la décision de Stellantis de mettre en arrêt définitif les activités à l’usine où est produit le Jeep Cherokee (Illinois) à compter de février, Carlos Tavares a expliqué que les voitures électriques coûtent 40 % de plus à construire que leur contrepartie à essence. Selon lui, les constructeurs doivent trouver un moyen d’absorber les coûts, sinon les modèles seront inabordables pour la majorité des acheteurs. Le cas échéant, le marché va subir une baisse importante, ce qui va menacer les emplois. 

« Partout où vous introduisez une technologie qui est 40 % plus chère que la précédente, vous devez travailler fort pour améliorer votre modèle économique par le biais des coûts fixes et variables. Si le prix moyen de la transaction grimpe en raison de l’augmentation du mix des ventes de véhicules électriques, alors vous avez le risque que le marché total se rétrécisse. Ce phénomène est déjà observable en Europe. »

Conséquemment, il y va d’une mise en garde ; les fermetures d’usines sont inévitables si les constructeurs automobiles ne peuvent pas absorber les coûts plus élevés des voitures électriques et si le marché se rétrécit en conséquence. 

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Jeep Grand Cherokee 4xe
Jeep Grand Cherokee 4xe | Photo : Jeep

Stellantis, à l’instar d’autres fabricants, a pu augmenter le prix de ses véhicules pour couvrir les coûts plus élevés de fabrication des véhicules électriques au cours des 18 derniers mois, car la pénurie de semi-conducteurs a réduit le nombre de voitures qu’ils pouvaient construire.

Si de nombreuses entreprises ont vendu moins de modèles depuis deux ans, elles ont réussi à augmenter leurs profits en réduisant les rabais et autres dépenses liés au marketing. Stellantis, par exemple, a réalisé un bénéfice net de huit milliards d’euros au premier semestre de 2022, une hausse de 34 % par rapport à la même période l’année précédente, le tout pour une marge bénéficiaire de 14 %.

Avec la production qui va reprendre un rythme plus normal au cours des prochains mois, les consommateurs vont se retrouver devant plus de choix et des temps d’attentes moins élevés pour obtenir un véhicule. Dès lors, les constructeurs devront dépenser davantage pour séduire la clientèle (promotions, rabais, baisses de prix, etc.). 

Cela va avoir pour effet de réduire les bénéfices, a averti Carlos Tavares. « Vous perdez votre pouvoir de fixation des prix parce que vous rééquilibrez l’offre et la demande. Vous devez alors travailler plus rapidement à la réduction des coûts pour protéger les marges ».

Carlos Tavares explique que Stellantis est équipée pour traverser toutes les intempéries et il a promis qu’elle serait toujours rentable même si les ventes devaient chuter de moitié par rapport aux niveaux actuels.

Depuis son arrivée à la tête de la nouvelle Stellantis en 2021, Tavares a protégé les usines au sein du réseau de production mondial et s’est plutôt concentré sur l’amélioration de la productivité.

La décision concernant l’usine où est produit le Cherokee montre toutefois qu’il y a une limite à cette protection, car Stellantis continue de réduire les coûts. 

« Il n’y a pas d’autre option aujourd’hui que d’absorber les coûts supplémentaires de l’électrification. Cela signifie que certaines décisions impopulaires devront être prises. Si vous arrêtez de travailler sur les coûts dans ce secteur, vous passez du héros à zéro en trois ans ».

- Carlos Tavares, PDG de Stellantis

Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque