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Le levier de vitesses

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Lesley Wimbush
Je n’avais pas réalisé avant de lire l’invitation pour conduire la nouvelle Buick Regal GS, puis de fermer le courriel, que les subtilités en bas du message spécifiaient que « les voitures pour cet événement sont uniquement MANUELLES ».

Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus : le fait qu’un véhicule de presse muni d’une boîte manuelle vaut une mention spéciale, où qu’on doive avertir les invités à l’avance afin de s’assurer qu’ils savent conduire manuel.

Photo: Lesley-Wimbush/Auto123.com

On ne parle pas ici d’un échantillon représentatif de la population, mais bien d’un groupe de gens spécialisés, qui gagnent leur vie à conduire des voitures. Et pourtant, je me souviens d’une occasion où un journaliste a joué au passager durant une partie d’un événement, parce qu’il ne savait pas comment utiliser un levier de vitesses…

Des gérants de flotte m’ont déjà remis les clés d’un modèle en me précisant que « c’est une manuelle, est-ce que ça te va? » pour ensuite m’expliquer (vu mon regard perplexe) que des journalistes ont déjà refusé une voiture en apprenant qu’il s’agissait d’une manuelle.

À moins qu’on parle d’une voiture sport, nous avons appris à nous attendre à ce qu’un modèle soit automatique. J’ai récemment réservé une séance au volant d’une Chevrolet Cruze Eco durant une semaine très chargée. Quand j’ai inséré la clé dans le contact, j’ai découvert que le moteur ne voulait pas démarrer. J’ai fini par réaliser qu’il y avait trois pédales, et un vrai de vrai levier à six vitesses. Une belle petite boîte qui rehausse l’attrait d’une voiture déjà attrayante, soit dit en passant.

C’est un signe des temps que la majorité des conducteurs, outre les passionnés automobiles, ne savent pas utiliser une boîte manuelle. La plupart des véhicules vendus ici comme voitures quotidiennes disposent d’une boîte automatique, et beaucoup d’entre eux ne proposent même pas de boîte manuelle en option. Notre trajet quotidien représente bien plus qu’une simple question de transport. Pour beaucoup d’entre nous, la voiture est devenue un bureau ambulant, branché et débordant de gadgets.

Je suis de ceux qui croient que derrière le volant, la priorité est de conduire la foutue voiture. Donc, même si j’accueille les nouvelles technologies avec enthousiasme et possède moi-même un Crackberry, en aucun cas ne vais-je m’en servir en conduisant. L’idée d’envoyer des textos au volant m’enrage : j’ai dû éviter tellement de crétins inconscients qui, fixant intensément leur entrejambe, ont dérivé dans ma voie. Ces conducteurs ne réussiraient sûrement pas à niaiser avec leur téléphone intelligent s’ils devaient aussi changer leurs propres vitesses.

Malheureusement, les boîtes automatiques permettent à certains de s’adonner à une variété de péchés. Cela étant dit, j’avoue volontiers qu’il y a plusieurs automatiques sur le marché, en particulier offertes par certaines marques allemandes de prestige, qui sont tout simplement fabuleuses. Je pense par exemple à la Porsche 911 Turbo S et sa boîte PDK à double embrayage et sept rapports. Et la Speedshift DCT à sept rapports signée Mercedes-Benz AMG est aussi foudroyante qu’un canon à tir rapide.

Malheureusement, la plupart des boîtes automatiques ne peuvent se vanter d’en faire autant. On n’a pas inventé le terme « slushbox » pour rien.

De nombreux mordus automobiles (y compris les journalistes) gloussent inélégamment de dérision devant toute machine comprenant moins de trois pédales. Vantardise et bravade : Michael Schumacher lui-même ne pourrait ramer aussi bien que la PDK de Porsche.

Buick Regal GS 2012 (Photo: Lesley-Wimbush/Auto123.com)

Il y a évidemment des exceptions à la règle, et j’ai vu des six-vitesses proposant d’indignes leviers mollasses ainsi que des embrayages si accapareurs que les utiliser relève de la corvée.

Tout récemment, j’ai essayé la Buick Regal CXL Turbo automatique et l’ai prononcée une excellente routière, idéale pour le grand tourisme.

La Regal GS se veut beaucoup plus musclée et vive, grâce en grande partie à une suave boîte manuelle à six rapports qui assure une expérience emballante. À son lancement, la GS ne sera offerte (roulement de tambour, svp) qu’en version manuelle, mais on prévoit une variante automatique à six rapports l’an prochain.

Or, GM estime qu’elles se vendront à parts égales. On parle donc de 50 % moins de gens qui texteront au volant.

Parlez-moi de ça.

Lesley Wimbush
Lesley Wimbush
Expert automobile
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