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NASCAR: Interview avec Steve Hallam - de la F1 au NASCAR

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Khatir Soltani
Auto123.com: Le rôle du chef d’équipe est donc important?

Steve Hallam: « Son rôle et sa compétence sont cruciaux. Ses relations humaines et techniques avec son pilote représentent un facteur déterminant dans la performance. Et pas seulement de course en course, mais de minute en minute alors que se déroule la course. Le chef d’équipe doit réellement comprendre ce que décrit son pilote. Cela peut mener à des ajustements mineurs comme des variations de pression des pneus à des modifications importantes comme aux cales de ressorts, la barre Panhard, le masquage des radiateurs et autres. Le chef d’équipe doit être capable d’anticiper les neutralisations et prévoir à l’avance les changements à apporter aux réglages.D’ailleurs, la plupart des chefs d’équipes sont d’anciens pilotes ou des coureurs encore actifs dans des catégories inférieures. Cela les aide énormément à comprendre la dynamique de la voiture. Ils deviennent un second pilote.

Auto123.com: Oui, mais les pilotes NASCAR sont-ils aussi bons que ceux de Formule 1?

Steve Hallam: « Tous les grands pilotes partagent un talent particulier. Il est extrêmement difficile de dire de quoi il s’agit. Ce talent les rend exceptionnels dans plusieurs domaines. Ici, en Coupe Sprint, il y a au moins 15 ou 20 pilotes qui sont vraiment bons, et quelques-uns qui sont réellement incomparables. Les pilotes de NASCAR s’intéressent à la Formule 1, mais l’inverse n’est malheureusement pas vrai. Les Européens ne se rendent pas compte à quel point le sport automobile est différent ici, et à quel point il est compétitif. En fait, je crois qu’ils ne savent même pas qu’il existe ».

« La qualité du spectacle ne dépend pas du niveau technologique de la voiture. Les bolides de Coupe Sprint ne sont pas très sophistiqués, mais ils produisent un divertissement sensationnel. Une des principales raisons est la qualité de la retransmission télévisée. La télé explique tout. Et si vous regardez dans les garages ici, les voitures sont serrées les unes contre les autres. On ne peut rien cacher. Vos adversaires ne sont qu’à quelques pouces de vous et peuvent scruter votre voiture des yeux. C’est pour cela que c’est si compétitif. C’est ce que j’appelle de « l’ingénierie inversée ». Vous voyez certaines choses sur d’autres voitures et il vous faut les comprendre avant de les appliquer sur la vôtre ».


Auto123.com: On entend parfois qu’une saison en Coupe Sprint exige des sommes énormes d’argent, aussi élevées que 15 ou 20 millions de dollars. Pouquoi est-ce si cher si les voitures ne sont pas sophistiquées?

Steve Hallam: « Courir en Coupe Sprint est relativement cher à cause de la taille de la série. Le calendrier comporte beaucoup d’épreuves et la saison est longue. D’une semaine à l’autre, nous allons de la Californie au New Hampshire puis en Floride. En même temps, nous passons d’un circuit routier à un petit ovale d’un mille puis à un superspeedway. Même si nos voitures ont l’air d’être identiques, elles sont toutes différentes leurs carrosseries. Durant une saison, nous construisons entre 35 et 40 voitures, tandis qu’en F1, ils n’en fabriquent que 5 ou 6 ».

« Une bonne partie du budget est aussi investi en recherche aérodynamique en soufflerie où nous effectuons des essais avec des voitures à l’échelle 1, et non pas des maquettes comme en F1. Nous travaillons beaucoup sur la surface de la voiture qui est toutefois figée et règlementée par NASCAR. Pour les superspeedways, nous tentons de diminuer la traînée autant qu’il est possible de le faire. Nous travaillons aussi sur le dessous de la voiture, sur le masquage et sur des détails qui font une différence, même infime. Nous sommes chanceux de pouvoir disposer de deux souffleries à l’échelle 1 en Caroline du Nord, celle de Windshear à Concord et celle d’Aerodyne à Mooresville ».

Steve Hallam durant ses années chez McLaren en Formule 1.

Auto123.com: Donc, pour vous, ingénieur, c’est aussi stimulant de travailler en NASCAR qu’en Formule 1?

Steve Hallam:
« Quand on y regarde bien, dans n’importe quelle catégorie de course automobile, tout se résume à quatre petites surfaces de contact en caoutchouc au sol. Que ce soit en F1, en IndyCar, en NASCAR, en rallye, en karting ou en Formule 1600, n’importe quoi, il n’y a que quatre petites plaques de caoutchouc qui retiennent la voiture en piste. Et c’est au pilote de les utiliser au mieux pour faire rouler leurs voitures le plus rapidement possible. »


photo:Autostock & WRI2
Khatir Soltani
Khatir Soltani
Expert automobile
  • Plus de 6 ans d'expérience en tant qu’essayiste automobile
  • Plus de 50 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à des discussions avec la quasi-totalité des manufacturiers au Canada