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Essai de la Chevrolet Bolt 2019 en hiver : êtes-vous prêts à changer vos habitudes ?

| Photo : D.Rufiange
Le meilleur taux d'intérêt
Daniel Rufiange
La conduite d’une voiture électrique exige une adaptation

La Chevrolet Bolt est pour l’instant l’une des rares voitures tout électriques à être commercialisée. Elle ne sera pas seule longtemps ; les prochaines années nous promettent l’arrivée d’une pléthore de modèles.

Avec eux, la technologie va faire des bonds prodigieux et les problèmes que l’on rencontre aujourd’hui avec ce type de véhicule ne seront que de mauvais souvenirs.

Mais en attendant, on doit composer avec la réalité et cette dernière est claire à propos de l’utilisation d’une voiture électrique en hiver ; son autonomie fond comme neige au soleil.

Dans ce contexte, comment se vit le quotidien avec une auto comme la Chevrolet Bolt pendant que le mercure joue au yoyo entre moins 20 et 30 degrés Celsius ?

La semaine passée au volant de cette puce à la mi-janvier nous a fourni des réponses intéressantes.

| Photo : D.Rufiange

Attention, ceci n’est pas un essai routier.(Pour en savoir plus sur le modèle vous pouvez lire notre essai routier de la Bolt 2019 ici). Plutôt, il s’agit d’un petit cours sur la gestion de l’énergie d’une voiture électrique en hiver. Ou, si vous préférez, comment ne pas manquer de courant à la mauvaise place et au mauvais moment ?

La gestion
Avec une voiture à essence, on n’y pense plus, mais la gestion du carburant se fait automatiquement. L’autonomie est grande et lorsqu’elle réduit suffisamment pour nous rendre nerveux, les stations-service ne sont jamais loin.

Avec une voiture électrique, on n’est pas encore rendu là. Certes, en certains endroits, les bornes ne manquent pas, mais ce n’est pas la réalité de l’auteur de ces lignes qui demeure en région légèrement en retrait des grands centres. Conséquemment, la première leçon avec une auto électrique, c’est qu’il faut bien connaître l’emplacement des endroits où la recharge est possible.

Un devoir aussi simple qu’essentiel. Ça peut paraître simplet, à la limite. Dites-vous cependant que la possibilité que vous vous pointiez à un endroit et que toutes les installations soient prises est réelle et qu’il vous soit en plus difficile d’en trouver d’autres. Il faut aussi tenir compte de la contrainte du temps ; parfois, nos horaires exigent que tout se passe (trop) rapidement.

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De 383 km à 215
La Chevrolet Bolt propose, en condition idéale et normale, une liberté de 383 kilomètres. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que l’indicateur d’autonomie n’affichait que 235 km lors de la prise de possession de la voiture ! C’est beaucoup, 235 km, mais lorsque les déplacements prévus de la journée en obligent autour de 190, il y a de quoi stresser un tantinet.

Surtout que je n’avais aucune minute de libre pour une recharge pendant la journée.

Deuxième leçon, donc : Avec une voiture électrique, il faut être prêts à changer ses habitudes et sa routine. En fait, il faut parfois les construire autour d’elle.

La journée s’annonçait intéressante. Mon objectif était simple ; économiser l’énergie du véhicule au maximum afin de m’assurer un retour à la maison sur quatre roues, et non sur une plateforme.

| Photo : D.Rufiange

La gestion ; 2e partie
Là, un autre type de gestion m’attendait ; celle de l’autonomie. Sachant qu’il est possible de récupérer de l’énergie en conduite urbaine, je comptais sur mes déplacements au centre-ville de Montréal pour engranger l’énergie suffisante pour autoriser mon retour à la maison. Ce dernier devait s’effectuer sur une distance d’environ 80 kilomètres à vitesse d’autoroute, là où le rendement de la voiture électrique est moins optimal.

Tout au long du trajet que l’on emprunte, il est possible de voir si on perd ou si on gagne des kilomètres. Je m’explique. À la gauche du tableau de bord, la voiture nous indique son autonomie projetée. Cependant, au-dessus et en dessous, les possibilités maximales et minimales sont indiquées. Il n’en revient qu’à nous de conduire de façon responsable afin de ne pas trop hypothéquer ladite autonomie.

En bout de piste, après ce premier trajet, j’ai parcouru les 190 kilomètres prévus. Normalement, la voiture aurait dû m’indiquer une liberté restante de 45 km (235-190). Plutôt, il ne m’en restait que 10. Le temps froid y a joué pour beaucoup.

Une moyenne
À la maison, une recharge complète fut effectuée. Le lendemain, un autre trajet du même type m’attendait. En appuyant sur le bouton de démarrage, la surprise fut encore plus grande ; l’autonomie avait fondu à 215 km. La voiture, c’est simple, a calculé, selon mon dernier segment de conduite, qu’elle ne pouvait pas en proposer autant et a donc revu, à la baisse, son évaluation.

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Le moment était venu de passer au test ultime. J’ai décidé d’emprunter des boulevards et routes secondaires pour atteindre ma prochaine destination. En utilisant au maximum les capacités de régénération du véhicule, il était impossible que je tombe à court.

Le résultat : après 54,2 kilomètres parcourus, l’autonomie n’avait fondu que de 9 kilomètres pour s’établir à 206. J’avais donc gagné 45 km. Après 99.6 km, 185 demeuraient restants. Le gain était passé à environ 70 km.

Conséquemment, au lendemain de la prochaine recharge, le compteur affichait une possibilité de 247 kilomètres.

Troisième leçon : qu’importe ce que l’autonomie indique, il est possible d’en faire plus. Surtout, avec une conduite bien réfléchie l’hiver, il est possible de minimiser les effets du froid sur la batterie.

Et je n’ai pas eu à me priver des fonctions de climatisation ou des sièges chauffants ; j’ai utilisé la voiture comme je l’aurais fait normalement avec une autre.

En été, ça devient même un jeu amusant. Certains propriétaires ont atteint les 500 kilomètres avec une seule charge.

| Photo : D.Boshouwers

Une semaine différente
La petite jouissance de la semaine, on va se le dire, fut de ne pas avoir à faire le plein d’essence lors du retour du modèle. Ça, ça suffit pour coller le sourire aux lèvres.

Pour savourer pleinement cette expérience, il est cependant nécessaire de revoir ses habitudes… mais si peu. Ma semaine en a été une d’adaptation, mais il est clair que si j’avais pu profiter du véhicule pendant deux ou trois mois, sa gestion serait devenue un automatisme.

Si vous hésitez à vous procurer un véhicule électrique, sachez qu’avec une autonomie de quelque 400 kilomètres, il n’y a vraiment rien à craindre. Oui, vous aurez à revoir certaines de vos habitudes. Cependant, soyez assurés d’une chose ; les arrêts aux stations-service ne manqueront pas à votre existence.

Une Chevrolet Bolt l’hiver ? Oui, sans soucis.

Cependant, personnellement, j’irais pour un modèle qui m’offre plus de confort ; entre vous et moi, l’expérience est un peu trop minimaliste à ce chapitre avec ce véhicule.

La bonne nouvelle, c’est que les propositions électriques vont pleuvoir d’ici peu sur le marché.

Article par Auto123.com

| Photo : D.Boshouwers
| Photo : D.Boshouwers
Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque