C’est le même constat chaque fois qu’un tableau des ventes annuelles nord-américaines est publié : la « traditionnelle berline » perd petit à petit des parts de marché face à l’envahisseur utilitaire. Même le segment des berlines de luxe compactes en souffre. Les ventes diminuent depuis trois ans, ce qui oblige les stratèges automobiles à redoubler d’efforts pour conserver les consommateurs.
Chez INFINITI, par exemple, la berline Q50 a perdu son V6 atmosphérique de 3,7-litres au profit de trois moteurs, si on ne tient pas compte du rarissime modèle hybride. Si le modèle d’entrée de gamme fait appel à un 4-cylindres turbo issu du catalogue du partenaire Mercedes-Benz, les deux autres paliers ajoutent deux cylindres et une paire de turbos pour gonfler la puissance à 300 ou 400 chevaux.
Entre le modèle médian et la plus épicée Red Sport, une somme de 4700 $ sépare les deux versions. À première vue, ce supplément peut paraître exorbitant, mais Infiniti exige sensiblement le même montant pour passer du 4-cylindres au V6 de 300 chevaux. Bref, la division luxueuse de Nissan applique enfin une recette employée un peu partout dans l’industrie, soit celle de varier son offre pour plaire à un auditoire élargi.
J’ai récemment pu conduire les deux livrées à moteur V6, ce qui m’a permis de constater que le constructeur sait encore comment développer une authentique berline sport.
Le design INFINITI, vous aimez?
Un peu à l’instar de Lexus ces dernières années, INFINITI a fini par trouver sa voie au chapitre du design, un élément qui n’était pas aussi homogène par le passé. Certes, ces courbes irrégulières dans la fenestration ou même cette grille de calandre dramatique ne plaisent certainement pas à la majorité, mais il faut l’avouer, le design INFINITI ne passe plus inaperçu, et ça, c’est déjà un plus.
Entre les deux Q50 essayées, l’édition Red Sport est plus expressive avec cette riche couleur Pierre de Soleil Dynamique et les détails gris anthracite qui l’habillent. Mais, la version Sport n’est pas vilaine non plus avec un bouclier qui ne manque pas de panache en plus d’être équipée de jantes de 19 pouces qui remplissent adéquatement les arches de roues.
Un habitacle peaufiné
L’histoire se répète à l’intérieur, la Red Sport n’étant pas l’égale des BMW M3 et Mercedes-AMG C 63 de ce monde. La sellerie n’est pas aussi enveloppante que dans les ténors d’Allemagne, même si la Red Sport est plus accueillante (que l’édition Sport) avec ces surpiqûres rouges et ce motif en diamant. D’ailleurs, le volant de cette dernière est également orné d’un fil rouge et donne à son conducteur des palettes allongées pour le changement manuel des vitesses de la boîte automatique.
Du reste, la Q50 demeure fidèle à la berline introduite en 2015. La planche de bord est toujours munie de deux écrans, le plus bas servant de contrôle pour la navigation affichée plus haut. Heureusement, les concepteurs de la voiture ont conservé quelques boutons de part et d’autre de cet espace tactile. La qualité générale de l’habitacle est définitivement en hausse par rapport à la génération précédente, mais face aux produits de Mercedes-Benz ou Audi, INFINITI doit encore s’incliner.
La position de conduite se trouve évidemment en un tour de main grâce aux multiples ajustements du siège. Les passagers de la première rangée profitent aussi de la mollesse de ceux-ci, un détail qui rend les parcours prolongés plus agréables. À l’arrière, l’espace est plus limité, mais c’est également le cas à bord des autres berlines de la catégorie. Je dois aussi souligner que je n’ai pas été handicapé par la vision arrière pendant cet essai, un fait rare de nos jours.
Au volant des deux
Il reste maintenant à départager les deux variantes les plus intéressantes de la gamme Q50. Non pas que l’édition à moteur 4-cylindres soit à proscrire, mais pour les puristes, l’INFINITI Q50 (anciennement commercialisée sous l’écusson G35 ou G37 par la suite) est une version endimanchée de la Nissan Skyline vendue au Japon. En d’autres termes, la Q50 se doit d’être sportive et la présence d’un moteur V6 biturbo sous le capot est une excellente nouvelle pour celui ou celle qui apprécie les accélérations soutenues.
Soyons francs, dans la circulation lourde des grands centres, une mécanique qui développe 300 chevaux n’est même pas pertinente. Mais, et c’est là que ça devient intéressant, lorsque la route se libère devant soi, il est bon d’avoir un V6 biturbo de 3,0-litres attaché au pied droit. Comme vous le savez peut-être, INFINITI a dit au revoir à la boîte manuelle lors de la dernière refonte complète du modèle. Seule l’automatique à 7 rapports demeure en poste, une boîte de vitesses qui s’acquitte très bien de sa tâche, même s’il est vrai qu’une boîte à double embrayage est plus sportive.
En toute honnêteté, les 300 chevaux de l’édition Sport sont amplement suffisants dans 99 % des situations. L’INFINITI Q50 Red Sport est une voiture beaucoup plus explosive lorsque les turbos entrent en fonction. En fait, elle fait presque peur lorsque le pied droit est au plancher. Heureusement, le système de freinage est adéquat, tandis que la suspension dynamique se veut un excellent compromis entre tenue de route et confort. S’il y a une différence perceptible entre les deux livrées de la Q50, c’est peut-être au niveau de la douceur de roulement. La Red Sport semble plus aiguisée que l’édition Sport, à cause de ces jantes élargies et les pneus à profil bas.
Malheureusement, la direction de l’une ou l’autre des Q50 est encore trop floue, trop déconnectée du bitume. La technologie « steer-by-wire », c’est bien beau, mais la sensation ressentie au volant ne vas pas avec le caractère de cette berline sport. À ce niveau, INFINITI peut faire mieux.
Conclusion
À la réponse du début, je suis obligé de dire que c’est la Red Sport qui est la plus alléchante, et ce, malgré le déboursé additionnel de 4700 $. À 52 000 $ et des poussières, la plus sportive des deux ne représente pas une grosse dépense, surtout quand on considère toute la cavalerie qui se trouve entre les roues avant. Le rationnel optera pour la Sport (ou même l’édition à moteur 2.0T), tandis que le passionné n’hésitera même pas un instant : c’est avec la voiture rouge – elle est disponible en plusieurs couleurs – qu’il repartira!