Voilà plusieurs semaines que son avenir semblait compromis chez Ford qui traverse une crise assez importante. En effet, l'entreprise a enregistré des pertes au cours des deuxièmes et troisième trimestres de l'année, et le quatrième ne s'annonce guère mieux. L'action a baissé de 31 % depuis le début de l'année, contre 16 % pour General Motors. Quand Bill Ford a déclaré : " Nous devons retourner à la base de notre commerce, c'est-à-dire construire de bonnes voitures et de bons camions ", il signalait que l'entreprise s'était trop éloignée de l'automobile. Nasser avait poussé vers une diversification dans la nouvelle économie. Il voyait Internet comme un soutien majeur aux ventes, causant des frictions avec un réseau qui ne se sentait plus soutenu. Quand la bulle des nouvelles technologies a éclaté, les beaux rêves de Jacques en ont fait de même.
Pas de sanglots chez GM non-plus!
Le 13 novembre, chez GM la démission de Ron Zarella, vice-président exécutif et chef des opérations nord-américaines, a tout bouleversé. Mal à l'aise depuis l'arrivée " en sauveur " du tonitruant Bob Lutz, Zarella a préféré quitter l'entreprise où ses initiatives de gestion de marques (Brand management) se sont soldées par un fiasco en termes de vente. Sous sa gouverne, la part de marché de GM a chuté de plus de 7 % en sept ans. Zarella et ses sbires étaient convaincus qu'avec un marketing approprié on pouvait vendre n'importe quoi à n'importe qui. Leur manque de considération pour le produit et le design a eu pour effet qu'aujourd'hui les concessionnaires doivent travailler fort pour vendre des produits ternes, appuyés par un marketing trop segmenté pour être efficace. Il ne s'était pas fait d'amis parmi ceux-ci, d'ailleurs, lorsqu'il avait répondu aux critiques des concessionnaires, sur la gamme de produit, en affirmant que, s'ils n'étaient pas content, " GM avait d'autres moyens de vendre des véhicules ", faisant allusion à la vente directe par Internet.