La Lamborghini Huracán LP 580-2 2016 est un bolide fou dans le bon sens du terme. Vous savez, de nos jours, les voitures ne sont plus aussi amusantes par souci de sécurité. Je trouve ça un peu triste que des conducteurs se sentent comme des as du volant simplement parce qu’ils ne causent pas d’accident… à moins qu’ils roulent en Mustang.
L’art de conduire est en voie d’extinction. Oui, vous pouvez encore acheter une Porsche avec boîte manuelle ou désactiver l’antidérapage d’une Golf R, mais les jours où l’on pouvait jouer avec un levier de vitesses dans une Ferrari ou une Lamborghini sont terminés. Je suis bien prêt à l’accepter. Par contre, j’ai de la misère avec les voitures ultra rapides qui n’en donnent pas l’impression. Elles sont tellement isolées et bourrées de technologies (des amplificateurs de son de moteur!) que la magie n’est plus là. D’accord, je suis de la vieille école, mais les jeunes d’aujourd’hui n’ont aucune idée de ce que c’est que chier dans ses culottes en conduisant une voiture.
Du moins, jusqu’à maintenant…
Merci, merci, merci, chers ingénieurs diaboliques de Sant’Agata qui ont cru bon d’offrir l’AK-47 des automobiles au grand public. Attendez-vous à lire plusieurs essais au sujet de cette Lamborghini comme quoi elle est une des meilleurs voitures sports à conduire sur le marché en ce moment. Puisque je suis un si bon gars, en voici un exemple.
C’est comme ça qu’elles doivent être
La Huracán LP 610-4 est une machine hyper explosive qui sait garder le conducteur en contrôle tout en dévorant le bitume à un rythme débile. Son système de transmission intégrale permet au V10 de répartir sa puissance aux 4 roues. De son côté, la LP 580-2 n’utilise que la propulsion de ses roues arrière, comme les meilleures voitures sport se doivent de le faire.
Voici un conseil très important à suivre si vous désirez rester en vie : ne jamais, jamais, en aucune circonstance, désactiver complètement l’antidérapage. En mode Sport ou Corsa, ce système intervient déjà moins souvent, alors si vous aimeriez avoir une petite idée de la vitesse à laquelle vous vous précipiteriez dans un fossé, vous n’avez qu’à enfoncer brusquement l’accélérateur en mode Sport et à bien vous accrocher. Pendant que les gros pneus arrière se démènent pour trouver de l’adhérence et lancer la voiture, vous vous rendrez compte que vos réflexes ne vous sauveraient jamais à temps.
La Lamborghini Huracán LP 580-2 marque le retour de la voiture pour les vrais amateurs de conduite. Elle est assez sauvage, mais n’allez pas croire qu’on ne peut pas l’utiliser au quotidien. On est en 2016, après tout.
Conduite formelle semi-décontractée
Par défaut, la Huracán démarre en mode Strada. Celui-ci adoucit le comportement de la voiture, mais vous ne sentirez la différence qu’après avoir joué avec l’interrupteur sur le volant.
Je vous recommande quand même d’éviter les nids-de-poule le plus possible. La direction très affutée vous aidera à cette fin. Notez aussi que l’option de la suspension ajustable est fortement conseillée, car elle épargnera le becquet avant de votre Lambo quand vous circulerez en ville.
« Confortable » n’est pas le bon mot pour décrire son roulement, bien sûr, mais ma copine enceinte de 6 mois ne s’en est pas plainte. La Lamborghini Huracán LP 580-2 2016 peut se montrer civilisée à ses heures; il ne faut juste pas lui demander d’être douce. Si c’est ce que vous recherchez, vous devriez plutôt acheter une Audi S8.
Chargez!
La suspension à double levier triangulaire en aluminium paraît drôlement simple, mais ne vous faites pas avoir : elle a été légèrement recalibrée pour tenir compte des 73 livres en moins par rapport à la LP 610-4, ce qui fait que le devant est maintenant un peu plus souple. Ajoutez à cela de nouveaux pneus Pirelli et vous obtenez une supervoiture qui aime beaucoup plus faire valser son derrière, mais qui est quand même loin d’être indomptable entre de bonnes mains.
Plus concrètement, le museau de la Huracán LP 580-2 donne l’impression de se soulever de la chaussée, alors que celui de la LP 610-4 s’y presse ardemment, comme on le sent dans le volant, la suspension et même au freinage. On croirait qu’un lien indestructible unit la voiture à la route.
En mode Sport, la direction devient encore plus sensible, les amortisseurs se raidissent, le son d’échappement se corse et l’accélérateur réagit plus vite. C’est le mode idéal pour apprécier la nouvelle agilité du châssis.
Il va sans dire que le V10 de 5,2 litres s’exploite le mieux sur une route déserte, à défaut de trouver une piste de course. Malheureusement pour moi, des contraintes de temps, de kilométrage et, je l’avoue, de sécurité ont dicté mes options d’essai. Peu importe, car j’ai eu la chance de passer de beaux moments au volant de cette nouvelle Lamborghini.
En passant, j’ai goûté brièvement au mode Corsa, mais j’ai trouvé que la direction s’alourdissait au point de devenir pratiquement inutilisable sur les artères de la ville. De plus, j’ai remarqué un point mort important dans son assistance au centre, beaucoup plus qu’en mode Sport. Peut-être qu’un essai sur circuit aurait changé la donne...
Puissance naturelle
Le couple de ce V10 non turbocompressé est étonnant. Comme il aime tourner à haut régime, on ne s’attend pas à décoller aussi rapidement. Or, 75 % de ses 397 livres-pied sont disponibles dès 1 000 tours/minute. Tout le couple se libère finalement à 6 500 tours, tandis que la puissance maximale arrive à 8 000 tours, soit 500 de moins que la zone de régime critique.
La poussée vers cette dernière est aussi violente qu’enivrante. Le bruit! Les vibrations! La fermeté! Tous ces attributs rejetés par les voitures modernes sont bien présents dans la Lamborghini Huracán LP 580-2 2016.
La fantastique boîte à double embrayage à 7 rapports Lamborghini Doppia Frizione (LDP) sait comment jouer le jeu. Efficace et intelligente, elle peut retrousser ses manches au moment opportun. En fait, elle possède une double personnalité. Laissée en mode automatique (et Strada), cette boîte enchaîne discrètement vers le 7e rapport ― à des vitesses aussi basses que 55 km/h ― au nom de l’économie de carburant. Optez pour la sélection manuelle des vitesses et le mode Sport, toutefois, et elle livrera des passages en un éclair.
Vous voulez d’autres chiffres? La Huracán LP 580-2 atteint 100 km/h en 3,4 secondes et 200 km/h en 10,1 secondes avant de plafonner à 320 km/h. C’est impressionnant, mais pas autant que la férocité dont elle fait preuve en chemin ― de quoi donner des sueurs. Les freins en carbone-céramique (optionnels) aident à nous rassurer grâce à leur puissance infatigable.
Au-delà de l’excitation
La Lamborghini Huracán LP 580-2 2016 est une voiture sport phénoménale. Elle offre des sièges fermes avec beaucoup de soutien, un volant qui tient bien dans les mains ainsi qu’une excellente visibilité avant grâce à son parebrise très incliné et à ses montants de toit relativement minces (pas la même chose à l’arrière, mais bon, c’est une Lamborghini!).
Par ailleurs, son look est incroyable, comme si la voiture avalait la route même à l’arrêt. La finition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, reflète bien le calibre suprême de cette machine.
Vendue à partir d’environ 220 000 $, la Lamborghini Huracán LP 580-2 ne s’adresse pas aux clients habituels de la marque. C’est l’un des bolides de performance les plus pointus et spécialisés sur le marché. Même avec 45 000 $ d’options sur mon modèle d’essai, dont un régulateur de vitesse, Bluetooth et des roues de 20 pouces, ça reste une voiture très exigeante, voire dangereuse. Les novices font mieux de l’oublier.
En d’autres mots, elle est fabuleuse.
