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On élimine le mercure lentement... mais sûrement !

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Richard Roch
Tout le monde le sait ! Le mercure est une substance parmi les plus toxiques et les plus dangereuses qu'on trouve sur la planète. Ce métal liquide peut avoir des effets néfastes sur la santé des personnes. À titre d'exemple, quand un organisme vivant, un humain par exemple, absorbe du mercure inorganique, il le convertit en méthylmercure organique, lequel s'accumule dans l'organisme et peut engendrer des dommages irréversibles au cerveau. De plus, quand on le rejette dans l'environnement, en brûlant des composants qui en contiennent par exemple, le mercure peut migrer vers l'atmosphère par évaporation, se déplacer sur des distances importantes et se redéposer dans un autre milieu. Ainsi, en raison de cette migration, certaines populations, chez qui l'on n'a noté aucun rejet de mercure, peuvent présenter des concentrations élevées de ce métal dans leur organisme.

Le mercure dans le secteur de l'automobile
Au cours des dernières décennies, les fabricants d'automobiles ont utilisé le mercure dans la fabrication d'un certain nombre de pièces de toutes sortes : les interrupteurs d'éclairage ainsi que des composants de systèmes de freinage antiblocage et de réglage actif de la suspension. Il semble même que l'année modèle 1996 ait connu un pic en termes d'utilisation de mercure dans la fabrication des nouvelles voitures avec une quantité aussi importante qu'un peu plus de 11 tonnes. Par la suite et jusqu'à la fin de 2002, l'utilisation du mercure a connu une baisse radicale, de l'ordre de 75 %.

Une question de prix
Pourquoi les manufacturiers utilisaient-ils les capsules au mercure et pourquoi utilisent-ils encore certains mélanges de plastiques impossibles à recycler ou des substances toxiques comme le plomb, le cadmium et le chrome dans la fabrication d'un grand nombre de véhicules automobiles ? Pour de simples considérations de coût de revient. En effet, dans l'industrie de l'automobile, la concurrence est forte. Que dis-je, elle est féroce. Ainsi une somme, si minime soit-elle, qu'un constructeur économise sur la fabrication d'un véhicule de grande production, peut faire toute la différence entre un succès et un échec en termes de commercialisation.

Par contre, avec les années et les divers programmes de sensibilisation, les consommateurs ont dû changer leur comportement et développer une conscience sociale au point d'êtres prêts à payer le prix pour obtenir une voiture recyclable. Simultanément, les constructeurs d'automobiles ont opté pour des matériaux de rechange non polluants. Considérez-vous donc comme avisés. Vous paierez probablement plus cher pour votre prochain véhicule.

L'industrie de l'auto, la reine du recyclage
Depuis longtemps, les spécialistes considèrent l'industrie de l'automobile comme la reine du recyclage. Parmi les produits de consommation qu'on peut se procurer sur le marché, l'automobile est encore le produit le plus recyclé. Les voitures des années 2000 comportent toutes sortes de matériaux : de l'acier (55 %), du fer (11,6 %), des plastiques (7,5 %), de l'aluminium (6,3 %) et des matériaux divers (de 0,4 à 4,3 %) (AAMA, Motor vehicle, facts and figures, 1997). Dans une grande proportion, soit 75 %, il est possible de recycler tous ces composés qui entrent dans la construction d'un véhicule standard.

Par contre, une fois qu'on a recyclé ces 75 % de matières recyclables, on trouve dans les résidus de broyage un certain pourcentage de produits qu'on ne peut pas recycler : certains plastiques, du chrome, du plomb, de l'arsenic, des BPC, du caoutchouc, du polystyrène, du verre, de la peinture, du bois, du textile, du papier, du carton, des liquides et des lubrifiants, sans oublier, évidemment, les capsules de mercure utilisées dans les interrupteurs. On doit récupérer ces derniers composés et en disposer sans crainte pour les populations et l'environnement.

Mais que fait-on du mercure ?
Grosso modo, on recycle près de un million de véhicules par année au Canada seulement. De ces véhicules, il faut retirer les interrupteurs qui contiennent, en moyenne, 850 milligrammes de mercure chacun. Depuis janvier 2003, les fabricants d'automobiles ne peuvent plus utiliser de mercure dans la fabrication des nouveaux véhicules. Toutefois, il reste encore sur les routes des millions de véhicules qui contiennent encore de ces capsules de mercure qui assurent le fonctionnement d'interrupteurs. On évalue, d'ailleurs, cette quantité entre 13 et 15 tonnes. En raison des modifications apportées à la loi, les secteurs de l'automobile et de l'acier devront maintenant veiller à ce que les carcasses de voitures ne comportent plus de commutateurs au mercure avant de les envoyer au recyclage.

Québec recycle !
En 2006, plusieurs organismes comme Recyc-Québec, Environnement Canada, l'Association canadienne des constructeurs de véhicules et la Fondation Air Pur, notamment, se sont fixé comme objectif de récupérer le mercure à l'étape du recyclage des véhicules. Plus près de chez moi, Recyc-Québec à elle seule a récupéré 12 000 capsules de mercure issues des véhicules envoyés à la casse auprès des recycleurs et des ferrailleurs du Québec. Étant donné qu'un seul interrupteur contient une quantité suffisante de mercure pour contaminer pendant un an toute la ressource halieutique d'un lac de 24 hectares, essayez d'imaginer les dégâts que provoqueraient les 10 kilos de mercure provenant de ces 12 000 capsules aux divers cours d'eau et à la nappe phréatique.

Nous sommes actuellement dans une période charnière. Nous réparons les erreurs effectuées dans le passé, d'une part, et nous travaillons à mettre sur pied des normes qui nous permettront d'améliorer notre environnement et d'éviter de refaire les mêmes erreurs, d'autre part. Les années qui viennent seront des années de gros bon sens dans l'industrie de l'automobile avec les nouvelles technologies vertes, les carburants renouvelables et les matériaux recyclables.
Richard Roch
Richard Roch
Expert automobile
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