AM : Quelles sont les grandes lignes de ce " Toyota Way "? Est-ce que vous avez eu une certaine difficulté à l'intégrer?
RT : La logique est très facile. Il y a deux mots dont le président, monsieur Cho, se sert pour décrire le " Toyota Way". Premièrement, le respect: pour nos employés, pour notre communauté, pour nos clients. Cela inclut l'esprit d'équipe, très important dans la manière de faire nos affaires. Deuxièmement, c'est le Kaisen. Cela veut dire amélioration continue. C'est une manière de penser, un ensemble de valeurs. Quand ils m'ont confié le poste de vice-président de la production, le président m'a dit : "Je ne te demande qu'une chose: oublie tout ce que tu sais. Nous voulons juste que tu sois un bon leader. On va t'enseigner notre façon de faire. 'lu dois comprendre notre culture, notre manière de faire et te servir de ton leadership. Nous n'avons pas besoin de ton expérience". Ce fût un gros choc, j'étais très fier de mon passé! Dans les dernières années, Toyota a fait beaucoup de formation avec le nouveau personnel de gestion dans le monde pour essayer de mieux leur faire comprendre le " Toyota Way". Dans mon usine, on fait de la formation avec tous nos employés. On veut mélanger les bonnes qualités canadiennes avec des valeurs du " Toyota Way". C'est comme ça qu'on peut être différent. La possibilité de fabriquer la Lexus a été une grande chance pour nous. Dans la vie, il n'y a pas toujours une seconde chance de se recréer. J'ai eu la chance de visiter toutes les usines qui fabriquent des Lexus au Japon. Quand je suis revenu, j'ai essayé de définir "Lexus". Et ce n'est pas facile! Je posais des questions et, la plupart du temps, ils me répondaient "Hum... bonne question... ", sans donner de réponse. C'est la manière japonaise. S'ils avaient répondu immédiatement, je n'aurais pas fait autant de recherches. Ils voulaient que je comprenne par moi-même. Il y a vraiment deux notions qui m'aident à définir la Lexus: la compétence (la façon de finir le métal, la peinture, l'assemblage) et, la plus grosse différence, l'état d'esprit. C'est là qu'on gère de la passion. Parce que cela prend beaucoup de passion pour poursuivre la perfection. Changer l'état d'esprit, c'est la même chose que faire changer une personne. La première chose à faire consiste à s'habiller d'une manière plus professionnelle. À l'usine, j'ai vraiment essayé de faire quelque chose de différent. La salle de soudure et la salle d'assemblage sont presque des laboratoires: la couleur des planchers est coordonnée avec celle de l'équipement. La nouvelle salle de peinture est une salle blanche: aucune saleté n'y est permise. Dans la salle d'assemblage, il y a des planchers en bois franc pour créer une sensation de luxe. Autre exemple: l'entrée des employés a coûté plus d'un million de dollars pour qu'elle ressemble à une concession Lexus. Pour que chaque jour, quand ils rentrent dans l'usine, les employés se sentent chez Lexus. C'est ça l'état d'esprit. C'est beaucoup de travail et beaucoup de formation. Dans beaucoup de sections, nous sommes un exemple, même au niveau des usines Lexus japonaises. J'ai dit un jour que pour être aussi bon qu'eux, il fallait que nous soyons meilleurs. Notre précision d'assemblage de la carrosserie est de 99,5 % : c'est la meilleure du monde!