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Voir d'un oeil et ne plus entendre

Le meilleur taux d'intérêt
Rob Rothwell
Facile de perdre la moitié de son champ de vision et la totalité de ses facultés auditives (du moins temporairement). C’est vrai : il suffit de monter à bord d’une voiture et de prendre la route! On ne voit alors que ce que le pare-brise et les vitres latérales veulent bien nous laisser voir. Quant à nos oreilles, elles sont entièrement accaparées par les cris des enfants à l’arrière et le grondement du moteur sous le capot.

Je vous en parle simplement pour faire valoir un avantage que les cyclistes ont sur les automobilistes : celui d’être en contact étroit avec leur environnement et de pouvoir réagir en conséquence. Certes, bon nombre de cyclistes enfreignent le code de la sécurité routière en ne s’arrêtant pas complètement aux panneaux d’arrêt ou en effectuant des manœuvres en apparence dangereuses. Je ne veux pas ici condamner ou justifier pareils comportements. Les lois en vigueur visent à protéger l’ensemble des usagers de la route et à y maintenir l’ordre pour empêcher le chaos de s’installer — tout le monde s’entend là-dessus.

Par contre, je dois vous avouer que je roule de façon plus sécuritaire à vélo qu’en voiture, et ce, à plusieurs égards. En gros, tout repose sur les sens. En auto, ou devrais-je dire dans son cocon d’acier et de verre, le conducteur se trouve isolé du monde et des événements extérieurs. Ce n’est pas le cas en vélo. Quand je pédale, mes sens s’aiguisent de la même manière qu’un athlète qui s’engage dans un sport ou un exercice intense. J’entends mieux, je vois mieux et je réagis plus rapidement — aucun doute possible. Cette sensibilité accrue me permet d’écouter les oiseaux chanter et, surtout, les voitures approcher.

Rouler à vélo sollicite énormément le sens de l’ouïe. Analyser le bruit des pneus nous dit d’où vient le véhicule, à quelle vitesse il se déplace et s’il accélère ou ralentit. En fait, il est remarquable de voir tout ce qu’un cycliste à l’affût peut comprendre de son environnement immédiat uniquement avec ses oreilles. Demandez à plusieurs adeptes et ils vous le confirmeront sans hésiter.

En plus de l’ouïe, il y a la vision totalement dégagée — pas de toit, pas de tableau de bord, etc. Par surcroît, contrairement à un automobiliste qui s’assoit six pieds ou plus derrière l’extrémité avant de son véhicule, j’ai l’habitude de me tenir directement au-dessus de ma roue avant de vélo. Imaginez que votre tête se trouve à la place de l’emblème qui orne votre calandre au moment d’approcher une intersection achalandée au milieu de gros édifices. En termes de visibilité, avouez que ce serait fantastique! C’est comme pointer le nez avant de se découvrir lorsqu’on joue à la cachette.

Je conclurai en réitérant que les lois du code de la route s’appliquent équitablement à tous les usagers et en me présentant comme le plus sévère critique des cyclistes insouciants et téméraires. Mais un petit rappel à vous, chers automobilistes : lorsque vous verrez une personne à vélo aborder une intersection en toute sécurité, dites-vous que ses sens sont davantage aiguisés que les vôtres et qu’elle possède une bien meilleure appréciation de l’environnement.
Rob Rothwell
Rob Rothwell
Expert automobile
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