Au début des années 2000, quelques compagnies automobiles ont songé à lancer une supervoiture. Certaines ont fabriqué des prototypes, mais Audi a été la première à commercialiser un modèle de série. Ça fait maintenant plus de 10 ans que la marque aux anneaux nous démontre tout son savoir-faire dans une machine incroyablement sexy et l’impact de celle-ci se fait sentir abondamment.
Audi n’avait pas conçu un tel chef d’œuvre technologique depuis la légendaire Quattro, qui a mis en lumière les avantages de la transmission intégrale chez les voitures de course et éventuellement chez les voitures de production.
À son image, la nouvelle R8 profite des technologies et des systèmes les plus dernier cri. La différence se trouve bien sûr au niveau du design et du positionnement : la R8 est une supervoiture luxueuse et ultra performante de classe mondiale avec un prix à la hauteur de ses capacités.
V10
Il manque de mots dans la langue de Molière pour décrire le spectacle qu’est le démarrage et le rugissement du sublime moteur V10 atmosphérique de 5,2 litres de l’Audi R8 2017.
En version régulière, la puissance s’élève à 540 chevaux, mais en version V10 Plus comme celle que j’ai essayée, on a droit à 610 chevaux à 8 250 tours/minute. Le couple n’est pas moins extraordinaire, soit 413 livres-pied à 6 500 tours/minute. Ce moteur épate par sa férocité et sa détermination à augmenter le régime; même une bombe atomique ne pourrait empêcher l’aiguille du tachymètre d’atteindre la zone rouge.
Comme c’est le cas de la plupart des moteurs non turbocompressés, la puissance coule de façon linéaire. Toutefois, ce V10 ne semble pas avoir d’instinct de survie. Quand on écrase l’accélérateur en roulant à un peu plus de 100 km/h, l’empressement de la boîte de vitesses à rétrograder de la 7e à la 3e a de quoi foutre la trouille. Chaque fois, j’attachais ma tuque avec de la broche, comme on dit.
La force de décollage de l’Audi R8 V10 Plus est tellement grande que ç’en est presque une farce. Officiellement, elle atteint 100 km/h en 3,3 secondes, mais dans la 6e édition de la grande course d’accélération de Motor Trend, elle l’aurait fait en seulement 2,6 secondes, ce qui se compare à la Bugatti Veyron de plus de 1 000 chevaux.
La beauté de quattro
Le réputé système de transmission intégrale d’Audi est sans aucun doute la meilleure chose que ses voitures haut de gamme ont transférée aux plus populaires. Du tout premier différentiel central à verrouillage manuel jusqu’au système actuel qui varie la répartition du couple en tout temps, quattro a beaucoup évolué, et ce, avec un impact direct sur l’adhérence, la motricité et la performance.
L’Audi R8 V10 2017 adopte la version la plus polyvalente et la plus adaptative à ce jour, elle qui peut acheminer jusqu’à 100 % du couple aux roues avant ou encore à celles d’en arrière. Quand on ouvre pleinement les gaz, le derrière de la voiture s’écrase légèrement, mais le système ne perd pas un seul millième de seconde pour transmettre ce qu’il faut à l’essieu avant, évitant ainsi toute perte de puissance au décollage. Dans des conditions plus normales, quattro opère de façon transparente et avec le même degré de raffinement que dans la grande berline A8.
S tronic
Pour l’instant, la nouvelle Audi R8 n’offre pas de boîte manuelle. Cette dernière n’a d’ailleurs pratiquement aucune chance de faire un retour, car ses ventes étaient trop faibles pour la justifier. À la place, on retrouve une boîte à double embrayage S tronic comptant 7 rapports.
Ce qui est génial avec cette technologie, c’est qu’on peut la laisser en mode automatique et ne plus y penser. Le mode sport aiguise les réflexes de la boîte, mais il n’y a rien de tel que le mode manuel actionné par les palettes au volant pour s’amuser et se sentir impliqué. D’ailleurs, je ne conduirais jamais la R8 autrement.
C’est quand même impressionnant qu’une seule et même boîte de vitesses puisse tantôt enchaîner les rapports dans la plus grande fluidité, tantôt les marteler avec la force de l’ouragan Matthew. Ça explique aussi en partie la consommation moyenne de 12 L/100 km qu’il est possible d’obtenir. Évidemment, pas quand on conduit comme je le fais. Vraiment pas.
Les rapports de la boîte S tronic sont parfaitement réglés selon la courbe de puissance du V10 pour livrer des accélérations soutenues. En outre, le moteur qui tourne à haut régime produit un son capable de fendre la croûte terrestre. C’est magique.
L’Audi R8 V10 Plus 2017 est rapide; l’avez-vous bien compris? En fait, de toutes les supervoitures que j’ai essayées en 2016 (570S, 650S, GT-R, Huracán LP 580-2, quelques Porsche, etc.), c’est elle qui m’a donné l’impression d’être la plus rapide.
Roulement magnétique
Mon exemplaire Rouge tango, d’une valeur de 223 395 $, comprenait la suspension Magnetic Ride optionnelle. Cette technologie existe depuis plusieurs années déjà, mais sa complexité et son coût l’empêchent de se retrouver dans des véhicules plus abordables que la R8.
À basse vitesse, les amortisseurs en ont plein les bras avec les ondulations répétées de la chaussée, même en mode confort. Ça signifie qu’il faut conduire l’Audi R8 rapidement et agressivement en tout temps.
À ce moment, la voiture me donne l’impression d’aspirer la route vers elle. Le positionnement central arrière du moteur lui assure équilibre et neutralité, ce qui favorise une plus grande traction. La suspension travaille de manière optimale quand on évite les mouvements brusques de l’accélérateur et qu’on garde la pédale enfoncée. Les vitesses qu’on peut alors atteindre dans une courbe donnent parfois la frousse.
Incluse dans l’ensemble Le Mans, la direction dynamique d’Audi apporte une dose de précision supplémentaire qu’on ne doit pas sous-estimer. Un petit coup de volant et la R8 change aussitôt de voie. Ce système est disponible dans plusieurs modèles Audi, dont la S4.
Design à couper le souffle
Les matériaux légers sont de plus en plus répandus parmi les véhicules destinés au grand public. L’Audi R8 V10 Plus 2017 ne lésine pas et emploie de la fibre de carbone au niveau du plancher et de la cloison moteur, ce qui explique en partie son prix exorbitant. Le nouveau modèle pèse 25 kilogrammes de moins que l’ancien et s’avère plus rigide de 40 %. Il y a aussi plusieurs composantes en aluminium, un matériau aussi solide que l’acier, mais nettement plus léger.
Les phares au laser, actuellement exclusifs à la R8 et à la TT, aboutiront un jour sur des modèles plus bas de gamme. Vous savez, quand on conduit le soir ou la nuit, on doit s’adapter et se concentrer davantage. Or, avec ces phares puissants et très clairs, ce n’est pas nécessaire.
D’un point de vue strictement esthétique, la nouvelle R8 est époustouflante de tous les angles. Mon seul reproche est le fait que les grosses lames de chaque côté de la voiture ― jadis une marque de commerce ― sont maintenant séparées en 2 sections.
L’habitacle a été conçu en fonction du conducteur. Le nouveau volant est ce qui se rapproche le plus de l’expérience d’une F1 en deçà d’une Ferrari. Après avoir appuyé brièvement sur le bouton de démarrage et vérifié que l’échappement est en mode sport, tout est possible. Quant aux technologies de sécurité et d’infodivertissement, l’Audi R8 2017 se place sur le même pied que ses compagnons d’écurie.
Le porte-étendard
La nouvelle R8 est une voiture phénoménale qui rendra de nombreux services à Audi. En plus d’attirer beaucoup de consommateurs dans les salles d’exposition, elle se veut une plateforme d’essai pour divers systèmes et composantes dernier cri. Grâce à des machines comme la R8, les véhicules que nous conduisons au quotidien sont beaucoup plus agréables.
Bref, Audi continue de nous épater, cette fois-ci avec sa supervoiture, son porte-étendard. La prochaine étape, bizarrement, sera d’installer sous son panneau de verre un moteur turbo comme dans les Audi plus populaires.
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