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Dossier : Conduite autonome Super Cruise de Cadillac

Photo : Cadillac
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Daniel Rufiange
Efficace et fascinante, mais…

Généralement, à titre de chroniqueur automobile, lorsque je suis invité à un événement médiatique, c’est soit pour recevoir une formation technique quelconque, assister au dévoilement d’un véhicule ou bien prendre le volant d’un nouveau produit.

Récemment, j’ai eu droit à une première alors que le lancement auquel j’étais convié visait à nous faire « essayer » un système de conduite autonome. Ce dernier, qui adopte le nom de Super Cruise, est pour l’instant offert sur un seul modèle de la gamme Cadillac, soit la berline CT6.

En 2020, on le retrouvera partout chez la marque de luxe de General Motors, puis d’autres véhicules de la famille y auront droit.

Ainsi donc, je me suis laissé conduire par une voiture, littéralement. Pour quelqu’un qui adore prendre les commandes d’à peu près tout ce qui possède quatre roues, je dois vous avouer que c’était contre nature. Mais bon, le métier entre en ligne de compte et il faut bien faire son travail. Conséquemment, je me suis laissé faire… enfin presque.

Photo : Cadillac

Super Cruise… ou un régulateur de vitesse super intelligent

Cadillac a donné le nom Super Cruise à sa technologie, mais pour vous résumer ça simplement, il s’agit d’un régulateur de vitesse dotée d’une intelligence (artificielle) supérieure.

Concrètement, alors que les régulateurs de vitesse intelligents sont capables de nous garder à une distance sécuritaire du véhicule qui nous précède, l’approche Super Cruise fait cela, mais nous garde en prime centrés dans notre voie. Si vous levez le petit doigt pour me dire que d’autres véhicules offrent ce genre d’aides à la conduite, je vous réponds que vous avez parfaitement raison.

Nissan, avec son ProPilot Assist, par exemple, permet au véhicule qui en profite de circuler de façon autonome au centre de sa voie. Chez Mercedes-Benz, on retrouve un système similaire qui est même capable d’effectuer des changements de voies seuls à la condition qu’on active le clignotant à sa place.

Mis à part ce dernier détail, le Super Cruise va plus loin que cela.

En fait, grâce à une technologie qui prend le nom de LiDAR (Light Detection And Ranging), la voiture est capable de détecter ce qui se trouve à l’avant en matière de dénivellation et de virages jusqu’à une distance de 2,5 kilomètres. Les grandes autoroutes d’Amérique du Nord ont été enregistrées dans une mémoire dont se sert le système via des repères GPS. Autrement dit, vous emprunter une autoroute et votre voiture la connaît mieux que vous.

Photo : Cadillac

Une fois sur ladite autoroute, il est alors possible d’activer le mode Super Cruise. Des caméras repèrent les marques sur la chaussée et l’auto s’occupe du reste. Et, contrairement aux dispositifs précédemment mentionnés, on ne nous avertit pas de reprendre le contrôle après quelques secondes ; on peut en fait parcourir de très longues distances sans mettre une seule main sur le volant.

Laisser les commandes à un système informatique n’a rien de rassurant de prime abord. Je dois cependant vous avoir qu’une fois que l’on comprend comment ledit système fonctionne, on se sent un peu mieux.

Fonctionnement

Le fonctionnement est simple. Avec le mode Super Cruise activé, une bande verte apparaît dans la partie supérieure du volant. Si elle n’y est pas, c’est que l’activation est impossible pour X raison.

Photo : Cadillac

Le fonctionnement est simple. Avec le mode Super Cruise activé, une bande verte apparaît dans la partie supérieure du volant. Si elle n’y est pas, c’est que l’activation est impossible pour X raison.

Une fois sur l’autoroute, le mode se désengage à l’approche d’une bretelle où des changements de routes ont lieu. Lorsque des tracés ne sont pas mémorisés, ce dernier ne tente pas de jouer les héros. La fameuse bande verte se met alors à clignoter, ce qui nous indique qu’il est temps de reprendre le volant. Si on refuse de la faire, la voiture se met à ralentir, tout en conservant sa trajectoire dans la voie, et nous intime d’intervenir à l’aide d’une commande vocale. Si on s’obstine, l’auto va activer ses clignotants d’urgence et freiner jusqu’à un arrêt complet.

C’est exactement ce qui se passe si on s’endort dans le siège du conducteur. En compagnie de collègues, j’ai eu l’occasion de simuler la chose et rapidement, la voiture intervient pour nous ramener à l’ordre. Si on se rend à l’étape de l’avertissement vocal, le système ne peut être réactivé sans que l’on s’arrête pour couper les gaz.

Restrictions

Franchement, le système s’exécute de manière impressionnante. Seulement, il est restreint aux autoroutes pour l’instant.

Ainsi, on oublie ça en ville, sur les chemins de campagne ou ceux où la circulation peut se faire à contresens.

Si des marques sont absentes sur la chaussée, il est possible que le module refuse de fonctionner.

À l’approche d’une zone de construction, le véhicule demeure dans sa voie, mais c’est moins rassurant. Disons que les cônes sont parfois examinés de très près.

Dans la circulation lourde, c’est un jeu d’enfant alors que l’auto accélère et s’arrête comme une grande.

Pendant notre essai, on n’a pas vu le Super Cruise être défaillant. En fait, il offre une conduite plus stable que celle de bien des humains. En revanche, alors qu’Éole se met en colère, ce qui s’est produit à notre retour sur l’autoroute 20 à l’est de Québec, le système était appelé à faire des correctifs plus fréquents et la trajectoire était moins linéaire.

Photo : Cadillac

Un détail

Le Super Cruise peut être fonctionnel jusqu’à une vitesse de 85 milles à l’heure, soit 138 km/h. Puisqu’il est interdit de circuler à cette vélocité au Québec, on peut dire que le mode Super Cruise est toujours accessible... du moins en principe…

L’avenir

Qu’on le veuille ou non, la voiture autonome sera un jour une réalité. Est-ce que cette dernière va prendre le contrôle partout et en tout temps ? Probablement pas. Des endroits précis seront ciblés, comme des... autoroutes, par exemple.

La question est de savoir si ça nous intéresse. Personnellement, mon travail fait que je dois essayer et évaluer ces technologies. C’est ce que je viens de partager avec vous. Cependant, dans ma vie de tous les jours, ça ne m’interpelle pas. En revanche, ceux qui font souvent le trajet Montréal-Québec comprendront que ce genre d’aides à la conduite peut rapidement devenir agréable, surtout lorsque Morphée cogne à la porte.

Et si je me sens fatigué à mon tour lors d’un périple, je vous avoue que je serai probablement bien heureux de pouvoir compter sur l’intelligence d’un tel système.

Tout sera une question de logique à l’utilisation. Malheureusement, c’est là que ça risque de déraper ; suffit de constater comment les gens se servent de leurs téléphones cellulaires à bord de leur véhicule…

Les constructeurs ont leur rôle à jouer cette fois-ci, notamment en imposant des restrictions, comme ce que fait le mode Super Cruise lorsqu’on décide de laisser nos yeux quitter la route.

Photo : Cadillac

Ne nous reste qu’à être patients, évaluer les systèmes et bien voir de quelle façon favoriser une intégration intelligente de ces derniers.

Là, peut-être que ça en vaudra le coup. Et les coûts aussi. Nul doute, la multiplication des voitures autonomes réduira le nom d’accidents.

Simplement pour ça, il est difficile d’être contre.

Une autre histoire à suivre.

Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque