Quel meilleur endroit pour exploiter pleinement une Audi R8 qu'une piste de course? Quelle meilleure piste que le Circuit Mont-Tremblant? Et quel meilleur événement que l'Expérience de sport automobile Audi?
Vous avez peut-être déjà entendu parler de l'Expérience de conduite Audi, mais pas de l'Expérience de sport automobile Audi. Normal, puisque ce programme en est seulement à sa première année d'existence au Canada. Les apprentis pilotes de course ont la chance d'essayer une RS 7 de 560 chevaux ou encore une R8 de 430 ou 525 chevaux en compagnie d'instructeurs chevronnés et réputés qui les aident à pousser ces machines d'exception tout près de leurs limites dans un environnement contrôlé et sécuritaire.
Ayant vécu une aventure torride avec la RS 7 en Allemagne il y a quelques années, je me suis dit que j'allais en profiter cette fois pour renouer avec la R8.
RS 7
J'aimerais quand même clarifier une chose : bien qu'elle représente une sérieuse menace à tous les bolides exotiques de ce monde avec sa nature délinquante et ses poussées infernales, l'Audi RS 7 n'est pas le genre de voiture qu'on prendrait pour s'amuser en piste sur une base régulière (c'est tout à fait possible, mais pas le meilleur choix).
Oui, sa puissance monstrueuse nous permet de ne faire qu'une bouchée des longues lignes droites et ses freins gigantesques aident à ralentir assez vite pour restaurer le calme et la pleine motricité des 4 roues, mais voyez-vous, sa taille et son poids constituent toujours un défi à relever dans les virages.
R8
L'Audi R8 est une tout autre bête. Bien installé entre les 2 essieux, le conducteur a l'impression de ne faire qu'un avec la machine. D'ailleurs, la position de conduite est ce qui donne le ton à la performance. Au volant, les sens s'activent et l'adrénaline coule à flots. On sait qu'on va se payer du très bon temps.
J'ai effectué plusieurs tours du Circuit Mont-Tremblant avec 2 exemplaires très différents de la R8 — le premier avec un moteur V10, une boîte S tronic à double embrayage et des freins en céramique; le second avec un V8 (la même R8 gris foncé avec laquelle j'ai passé une semaine quelque temps auparavant).
V10
Furieusement rapide, le V10 de l'Audi R8 nous permet d'atteindre des vélocités alarmantes... à condition d'avoir des couilles, si vous me permettez l'expression. Durant les exercices en piste, il a même fait sourciller mon instructeur! Pour vous donner une idée, avant d'entrer dans la zone de freinage, j'avais dépassé les 180 km/h — environ 10 km/h de plus qu'avec la RS 7, pourtant plus puissante en théorie.
Les énormes étriers et disques en céramique fournissent une puissance de freinage immédiate et tenace à coup sûr. Chaque fois, ils me rappelaient que je pouvais freiner plus tardivement, mais compte tenu de la piste mouillée et glissante, j'ai préféré y aller plus mollo.
Le V10 est un chef-d’œuvre d'ingénierie, mais il doit tourner à haut régime (8 000 tours/minute) pendant longtemps pour libérer sa puissance maximale. Quant au couple, les 391 livres-pied se déchaînent à 6 500 tours/minute. Le moteur crie, mais il ne se plaint jamais. En fait, je crois qu'il accepterait de dépasser les 10 000 tours/minute!
La boîte S tronic enchaîne promptement ses 7 rapports sans faire perdre de momentum à la voiture. Accélérer de 0 à 100 km/h prend seulement 3,5 secondes — sans doute les 3,5 secondes les plus intenses de votre vie.
V8
Le moteur V8 de l'Audi R8 est plus profond et émet un son plus rauque et fracassant, comme si toutes ses pièces fonctionnaient au rythme d'une folle musique militaire. Bon Dieu que ça rend accro!
Il n'a pas besoin de tourner à aussi haut régime pour atteindre son apogée, les 317 livres-pied de couple étant présentes de 4 500 à 6 000 tours/minute. Les accélérations sont moins frénétiques et j'ai donc pu me concentrer davantage sur les roues et la direction, même si je devais changer les rapports moi-même.
La conduite de cette R8 est beaucoup plus stimulante et gratifiante. Je me suis senti plus proche de la machine et plus conscient de la vitesse à laquelle je roulais. Les freins en métal conventionnels, par surcroît, m'ont procuré une meilleure sensation lors des arrêts.
Bien que la R8 V10 soit plus rapide en général, celle à moteur V8 arrive presque à suivre la cadence malgré une puissance, des rapports et des freins moins convaincants sur papier.
Le système quattro
Chaque R8 a livré une performance admirable sur une chaussée bien souvent mouillée. Leur système de transmission intégrale quattro a fait de son mieux pour maximiser les élans de la voiture et je l'ai grandement apprécié.
L'absence d'un système de répartition du couple s'est bien fait sentir par rapport à la RS 7, mais j'ai préféré moduler la direction, la pédale de frein et l'accélérateur moi-même au lieu d'avoir un cerveau électronique qui pensait à ma place. Je l'avoue, j'ai laissé l'antidérapage activé, mais celui-ci n'est entré en jeu que pour m'aider dans une bataille d'égos... que j'ai perdue.
Seul bémol au niveau de la tenue de route : j'ai eu l'impression que le devant de la voiture n'était pas toujours pleinement en contact avec le sol et il avait une fâcheuse tendance à sous-virer lorsque j'appuyais modérément et progressivement sur l'accélérateur. Dieu merci, une pression plus hâtive et plus insistante sur la pédale produisait le contraire.
La R8 est toujours dans le coup
L'Audi R8 se fait vieille, certes, mais elle occupe toujours une place de choix dans le segment des supervoitures. Son habitacle est bien aménagé pour rouler en piste autant que pour se rendre à l'opéra, tandis que son design extérieur passera à l'histoire comme l'un des meilleurs provenant d'Allemagne; il saura toujours plaire.
En somme, la R8 n'a pas été conçue principalement pour attaquer des circuits. Évidemment, elle peut faire un excellent bolide de course, comme en témoignent les victoires d'Audi dans diverses séries et épreuves telles qu'au Mans, mais il existe sur le marché des voitures sport plus sérieusement axées sur la piste. Par contre, si vous recherchez une bombe pour la vie de tous les jours, la R8 est imbattable.
