• La demande croissante d'électricité pour recharger les VÉ mettra au défi les fournisseurs d'électricité au Canada.
• Selon une nouvelle étude, elle pourrait dépasser même la compagnie d'électricité la mieux équipée au Canada.
• Hydro-Québec reste persuadée que les économies d'énergie et l'augmentation de l'efficacité énergétique permettront d'éviter tout manque de capacité.
La croissance du nombre et de la taille des véhicules électriques sur les routes du Québec devra être prise en compte par le fournisseur d'électricité de la province. Telle est la conclusion d'une nouvelle étude réalisée par un stagiaire de la Chaire en transformation du transport de l’Université de Montréal et Polytechnique, selon un reportage de Radio-Canada.
L'auteur principal de l'étude a été clair :
« La transition (vers l'électrification) arrive et il va falloir faire des changements, sinon on n'y arrivera pas. Clairement, on ne peut pas continuer dans l’état actuel, parce que le système électrique ne sera pas capable d’endurer le changement. »
- Simon Brassard, stagiaire de la Chaire en transformation du transport de l’Université de Montréal et Polytechnique, en entrevue avec Radio-Canada.
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Selon les calculs de Simon Brassard et de son professeur superviseur, le chercheur Normand Mousseau, Hydro-Québec pourrait ne pas avoir la capacité d'alimenter les cinq millions de voitures et de camions actuellement en service dans la province de Québec s'ils étaient entièrement électriques. La pénurie ne se situe pas au niveau de l'offre d'électricité en tant que telle, mais plutôt au niveau de la capacité de l'entreprise de service public à fournir cette électricité à tous ceux qui en ont besoin.
La capacité actuelle du réseau d'approvisionnement d'Hydro-Québec est de 37 gigawatts (GW), et les limites de cette capacité sont déjà atteintes certains jours où la demande est particulièrement élevée.
Les calculs de l'étude montrent que, pendant un hiver typique, l'entreprise aurait besoin d'une capacité de 3,65 GW additionnelles pour alimenter l'ensemble du parc de véhicules actuellement utilisés au Québec, s'ils étaient tous électriques. Cela signifie que les jours de forte demande, le réseau pourrait manquer de 10 % de la capacité nécessaire pour répondre à cette demande.
Des véhicules plus nombreux et plus lourds, des VÉ plus nombreux et plus lourds
L'auteur de l'étude souligne également que le nombre total de véhicules en circulation devrait continuer à augmenter au cours des prochaines années, ce qui rendrait le déficit potentiel encore plus important. De plus, l'étude ne comptabilise que les véhicules de tourisme, et non les autres types de véhicules qui seront de plus en plus électrifiés dans les années à venir, tels les autobus et les camions de transport.
Le phénomène des heures de pointe devrait également créer des périodes de forte demande qui amèneraient Hydro-Québec à manquer encore plus de capacité, notamment à l'heure du dîner, lorsque les automobilistes rentrent chez eux et branchent leur véhicule pour la soirée ou la nuit.
Enfin, l'auteur de l'étude a tenu compte de l'augmentation du poids de nombreux véhicules électriques qui arrivent sur le marché. Nous avons récemment fait état des risques pour la sécurité que posent les gros VÉ comme le GMC Hummer et le camion Ford F-150 Lightning, mais ces véhicules plus gros et plus lourds exacerberont également le risque pour l'approvisionnement en électricité si Hydro-Québec se fie à sa capacité actuelle.
Mais même dans le cas des petits véhicules, les versions électriques des modèles à moteur à combustion interne existants sont plus lourdes que leurs homologues traditionnels (qui deviennent eux-mêmes plus lourds d'année en année). L'étude cite quelques exemples, mais citons celui du Hyundai Kona : le modèle à essence pèse 1 457 kg, tandis que le Kona électrique pèse 1 661 kg. Si l'on multiplie cette différence de plus de 1 200 kg par le nombre de véhicules actuellement en circulation, on comprend l'ampleur du problème.
Hydro-Québec demeure confiant
L'entreprise de services publics se dit confiante de pouvoir faire face à ce qu'elle reconnaît être une pression accrue sur son réseau électrique. Selon ses prévisions, la demande globale d'électricité dans la province devrait augmenter d'environ 25 térawatts/heure et de 4 GW d'ici 2032. Sur ces 4 GW, Hydro-Québec prévoit que 1,8 GW de la demande supplémentaire proviendra des propriétaires de véhicules électriques.
L'entreprise affirme pour autant qu'elle ne prévoit pas, pour l'instant, de problème en ce qui concerne la capacité. L'une des raisons invoquées est que le pourcentage de VÉ augmente progressivement, de sorte que la transition ne sera pas instantanée. Grâce aux économies d'énergie et à l'amélioration de l'efficacité énergétique, l'entreprise croit pouvoir répondre à la demande supplémentaire au fur et à mesure.
Cela sera-t-il suffisant pour répondre à l'augmentation de la demande d'électricité, dans la province qui possède la plus grande capacité électrique, devrions-nous ajouter ? Le temps nous le dira...