Ford est probablement le constructeur qui est allé le plus loin dans cette démarche. En janvier 2000, au Salon de l'auto de Detroit, Ford présentait la 24/7, un prototype dont les lignes s'apparentaient plus à celle d'un électroménager qu'à celles d'une automobile. Mais, la 24/7 intégrait toute une panoplie de services reliés à que, rétrospectivement, " il s'était complètement planté ". Cela illustre à quel point, à forcer la dose sur l'aspect télématique, les constructeurs en sont venus à oublier pendant quelques années que leur mission première consistait à fabriquer, et surtout à vendre, des automobiles. Pris au jeu de la surenchère, ils ont accouché d'une série de concepts d'ordinateurs roulants dont l'aptitude à se déplacer de A à B n'était devenue qu'une fonction accessoire. Un peu comme si IBM nous annonçait l'implantation d'un V8 de 5 litres dans son prochain modèle de Thinkpad et nous rabattait les oreilles avec des chiffres d'accélération de 0 à 100 km/h.
Aussi absurde que cela puisse paraître aujourd'hui, cela explique les difficultés que connaît Ford : de précieuses ressources ont été englouties dans des aventures sans lendemain plutôt que dans le renouvellement d'une gamme de véhicules vieillissants. Heureusement, cette ère a pris fin avec le remerciement de Jacques Nasser (c'est une expression car, dans les faits, très peu de gens se sont déplacés le jour de son départ pour lui dire merci). Bill Ford a repris les rênes de la compagnie et, signe des temps, il a " débranché " la totalité des initiatives de haute technologie de son prédécesseur pour affecter plus de capitaux à la conception de nouveaux véhicules.