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Grève stratégique amorcée chez Ford, GM et Stellantis

La grève est enclenchée, trois usines à l'arrêt | Photo : Twitter (UAW)
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Daniel Rufiange
L’écart important entre les demandes syndicales et l’offre patronale n’annonce rien de bon.

Hier, on faisait état de la menace de grève qui planait sur l’industrie automobile américaine, alors que les trois grands constructeurs et le syndicat représentant les travailleurs, l’UAW (United Automobile Workers), arrivaient à la fin du contrat de travail qui les liait depuis quatre ans.

Devant l’écart entre les demandes syndicales et l’offre patronale, il semblait évident qu’on se dirigeait vers un mur. Ce dernier a été frappé à 23 h 59 hier soir.

La grève a donc été déclenchée, mais elle sera d’abord stratégique. Ainsi, dans un geste que l’on doit qualifier d’historique, près de 13 000 travailleurs répartis dans trois grandes usines d’assemblage se sont mis en arrêt de travail contre sur le coup de minuit. Les premières usines touchées se trouvent dans le Michigan (Ford), l’Ohio (Stellantis) et le Missouri (General Motors).

C’est la première fois qu’on assiste à une grève touchant simultanément les trois grands constructeurs américains.

Le débrayage va interrompre immédiatement la production de véhicules rentables et très populaires à l’intérieur des usines où sont produits le Ford Bronco, le Jeep Wrangler et le Chevrolet Colorado. Le geste pourrait avoir des effets dévastateurs sur les fournisseurs, les sous-traitants, les concessionnaires et l’économie en général dans les semaines à venir si les parties ne parviennent pas à une entente.

Le président de l’UAW, Shawn Fain, a qualifié l’action de « juste combat » contre les riches pour obtenir de meilleurs salaires et avantages sociaux pour la classe ouvrière.

Rappelons que le syndicat demandait 40 % d’augmentation de salaire sur quatre ans (ramené à 36 %), entre autres. Les négociations se sont enlisées au cours des dernières heures, même si les constructeurs ont augmenté leurs propositions contractuelles à des niveaux record, y compris des augmentations allant jusqu’à 20 %.

Jim Farley, chef de la direction de Ford
Jim Farley, chef de la direction de Ford | Photo : Ford

Le chef de la direction de Ford, Jim Farley, a exprimé sa frustration plus tôt jeudi. Il a mentionné que si les demandes syndicales actuelles avaient été acceptées en 2019, plutôt que de réaliser des profits de 30 milliards sur quatre ans, Ford aurait perdu 15 milliards, ce qui l’aurait directement entraînée vers la faillite.

Sous la direction de Shawn Fain, qui a été élu en mars en partie grâce à sa promesse d’adopter une ligne plus dure que ses prédécesseurs à l’égard des employeurs, l’UAW s’en est tenu pour l’essentiel aux revendications « audacieuses » qu’il avait formulées au début du mois d’août.

La grève durera au moins jusqu’au week-end. Shawn Fain a déclaré que le syndicat ne négocierait pas du tout vendredi et prévoit un rassemblement avec le sénateur américain Bernie Sanders (qui siège comme Indépendant, représentant le Vermont) devant le centre de formation conjoint UAW-Ford dans le centre de Detroit cet après-midi.

Après une semaine, les grévistes auront droit à une indemnité de 500 $ par semaine, prélevée sur le fonds de grève de 825 millions du syndicat.

Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque