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L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio 2017 ne connaît pas la juste mesure

L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio 2017 | Photo : B.Hunting
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Benjamin Hunting
La belle Italienne en fait beaucoup trop pour son propre bien

Ce n’est jamais facile de se joindre à un club sélect, surtout celui des berlines sport de luxe européennes, bien protégé par les constructeurs tels de vieux dragons accroupis sur une montagne d’or. Il est tentant de mettre le paquet afin de prouver que vous méritez votre place, mais cette stratégie peut se retourner contre vous, en particulier quand certains traits de caractère amplifiés dépassent la juste mesure et tombent dans l’excès.

Prenons par exemple l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio 2017, une voiture terriblement séduisante dotée d’un moteur qui est à peu près l’équivalent d’un jeu gonflable rempli de mille gamins en surdose de sucre. Avec son design sublime, son châssis capable de danser comme l’inimitable Fred Astaire et pas moins de 505 chevaux sous le capot, cette version haute performance de la berline d’Alfa Romeo devrait être un charme à conduire. Or, elle se veut plutôt un avertissement de ce qui peut arriver quand on en fait trop.

Une puissance du tonnerre qui se déchaîne en un éclair
Les problèmes commencent et se terminent avec le V6 turbocompressé de 2,9 litres. En plus des 505 chevaux que j’ai mentionnés, il génère un couple de 443 livres-pied. Ce moteur est donc le plus puissant de la catégorie — plus que la BMW M3, plus que la Mercedes-AMG C 63 S, plus que la Cadillac ATS-V — mais il manque de contrôle. Je m’explique…
 
Quand on enfonce l’accélérateur au plancher, la Giulia Quadrifoglio demeure relativement placide jusqu’à ce qu’on arrive à mi-chemin de la zone rouge de 7 250 tours/minute. À ce moment, elle déclenche une poussée soudaine qui risque de surmener le train arrière en une fraction de seconde et de vous catapulter directement dans l’objet stationnaire le plus près. Un tel pic de puissance ne serait pas si inquiétant si les systèmes de contrôle de la stabilité et de la traction ainsi que les modes de conduite avaient été savamment réglés, mais ce n’est pas le cas.

Une molette sur la console permet d’alterner entre les modes Dynamique, Naturel, Économie avancée et Course. Le second et le troisième ralentissent la réponse de l’accélérateur et les changements de rapport de la boîte automatique (8 rapports) au point où l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio se comporte tout à fait sainement en ville, même avec une bonne nervosité. En mode Dynamique, c’est comme si on réveillait un démon. Bizarrement, la compagnie a décidé de ne pas toucher au niveau d’intervention de l’antipatinage et de l’antidérapage. On ne peut pas non plus les désactiver séparément à notre guise. Bref, c’est tout ou rien.

Le pire, bien sûr, c’est le mode Course. Il faut faire extrêmement attention, car celui-ci éteint absolument toutes les aides électroniques et peut nous projeter de 0 à 100 km/h en 3,6 petites secondes — le temps de crier « Mamaaaan! ». Bien qu’elle soit chaussée de pneus Pirelli P Zero Corsa Asimmetrico, qui s’usent aussi vite que les semelles d’un adepte de planche à roulettes freinant avec ses pieds, la voiture se laisse facilement entraîner dans un tête-à-queue si l’on fait la moindre erreur. Mince consolation, c’est le seul mode qui nous permet d’écouter pleinement le son fabuleux du système d’échappement sport.

Ceci étant dit, j’ai aimé plusieurs aspects de l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio 2017, comme la tenue de route hyper précise et l’une des meilleures directions à assistance électrique de la catégorie. Son habitacle est spacieux et bien aménagé, avec des sièges aux appuis massifs, quoique des lacunes ergonomiques minent le système d’infodivertissement et les cadrans. Quant au design extérieur, j’adore le superbe mélange de courbes et d’angles de la belle Italienne; j’avais du mal à cesser de la prendre en photo à la fin de mon essai. 

Le jeu en vaut-il la chandelle?
Comparée à ses rivales allemandes et américaines survitaminées, l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio 2017 semble avoir abusé de stéroïdes. Ç’aurait été plus facile de lui pardonner son tempérament bouillant et son manque de raffinement si son prix était raisonnable, mais le fait est qu’elle se vend à partir de 90 000 $ environ. On a davantage l’impression d’être coincé dans un wagon de montagnes russes sorti des rails que dans une vraie berline sport de classe mondiale. 

Si vous comptez vous en servir uniquement sur des pistes de course, je peux comprendre l’intérêt, mais d’un autre côté, pourquoi vous contenteriez-vous d’une berline au lieu d’y aller avec un bon coupé sport? Au diable les chronos; je préfèrerais avoir un moteur plus linéaire et plus docile sous le sensuel capot en fibre de carbone de cette Alfa Romeo.

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