Vernon, Colombie-Britannique — La Subaru Legacy fête ses 30 ans cette année. Le saviez-vous ? Il est fort probable que non, car cette voiture est aussi connue du public que l’ailier droit du quatrième trio des Panthers de la Floride.
Un triste constat pour une auto qui, au fil des années, n’a cessé de prendre du galon. Une triste réalité pour une berline qui, depuis 30 ans, œuvre dans l’ombre d’un paquet de concurrentes et d’une autre proposition fort populaire chez Subaru, l’Outback.
Depuis le début de l’année, la Legacy traîne une fois de plus de la patte dans son segment. Toyota vend 10 fois plus de Camry, Honda 8 fois plus d’Accord, Ford 6 fois plus de Fusion ; bref, vous voyez le topo... et on pourrait poursuivre l’exercice longtemps.
Le tout serait compréhensible si le produit était non pertinent et moribond. Or, c’est tout l’inverse et pour 2020, la nouvelle génération que nous propose la firme japonaise en remet à tous les niveaux.
Conséquemment, il est temps pour elle de passer de l’ombre à la lumière. Reste à savoir si le message sera entendu.
Style anonyme
Subaru est d’un conservatisme gênant en matière de style. La nouvelle Legacy n’est pas laide, mais c’est comme si on avait eu peur d’oser.
Dans les rues des municipalités arpentées lors de l’événement de presse, personne ne l’a remarqué. Le design est trop anonyme. Quand on occupe les bas fonds d’une catégorie, on doit faire quelque chose pour s’en sortir ; une calandre qui choque, un profil qui fait décrocher les mâchoires, des couleurs pétées. On n’a rien de cela. C’est comme si l’équipe de stylistes souffrait de constipation.
Et l’Outback ? On aura l’occasion d’y revenir, car nous assisterons au lancement de la nouvelle génération du modèle à la fin du mois de septembre. Un indice, toutefois, la concernant ; elle est pratiquement unique en son genre, ce qui contribue grandement à son succès, nonobstant son allure.
À bord : dosage parfait
À l’intérieur, c’est beaucoup mieux, heureusement. La qualité prend du galon à chaque refonte et la présentation, bien que classique, est de bon goût. Des félicitations pour l’intégration de l’écran multimédia à la console centrale. De type tablette, ce dernier est dominant et se scinde en deux sections, chacune renfermant des fonctions précises. Par exemple, la navigation en haut, les informations de la radio en bas. Avec la variante de base, la taille de l’unité fait 7 pouces plutôt que 11,6 pouces, mais l’affichage est aussi divisible. Dans les deux cas, on a conservé des boutons pour les commandes essentielles comme le volume, la température, etc.
Le degré de confort avancé par les sièges est au poil et les longs trajets ne sont pas à craindre. Sur les livrées plus huppées, l’assise est même extensible à l’avant. Derrière, l’espace est roi ; la belle-mère ne devrait pas trop chialer. Même le coffre est plus spacieux que jamais. Les centimètres gagnés permettent l’ajout d’une grosse valise, une excellente nouvelle, à moins que ladite belle-mère soit du genre à s’inviter un peu partout…
Blague à part, plus on passe du temps à bord de la Legacy, plus on apprécie son environnement.
L’équipement de base par modèles
La Legacy de base est servie avec un équipement généreux et en lien avec ce qui se fait ailleurs. On profite de sièges chauffants à l’avant, de la compatibilité avec les applications Apple CarPlay/Android Auto, de phares à DEL, de la climatisation automatique, d’un dispositif de départ/arrêt, de la suite de sécurité EyeSight, ainsi que de la traction intégrale symétrique à prise constante du constructeur, une référence à travers l’industrie.
Simplement pour ça, La Legacy devrait se vendre 10 fois plus, au moins.
En grimpant dans la gamme, on gagne quelques éléments intéressants à chaque variante. Ainsi, après le modèle de base Convenience, la proposition Touring ajoute le démarrage à bouton-poussoir, le toit ouvrant, les rétroviseurs à atténuation automatique et la climatisation à deux zones. Avec la livrée Limited, la taille des jantes en alliage passe à 18 pouces et le revêtement des sièges adopte le cuir, tout comme le volant. Enfin avec la déclinaison Premier, on retrouve des éléments comme les sièges avant ventilés, un cuir signé Nappa et un dispositif qui surveille notre niveau d’alerte, notamment.
Et avec cette dernière variante, on offre même le lecteur de disques compacts. Oui, oui, cette chose qui n’existe plus dans les véhicules modernes. Si vous avez une importante collection et que vous êtes sur le bord de la crise d’apoplexie parce que vous ne pouvez plus vous en servir sur la route, la Legacy Premier est peut-être votre planche de salut.
Mécanique et comportement
Toutes les Legacy sont équipées de série d’un 4-cylindres Boxer de 2,5 litres, un bloc que l’on connaît bien. La puissance avancée est de 182 chevaux, le couple de 176 livres-pieds, ce qui est suffisant pour le modèle, mais surtout pour la clientèle visée.
Les variantes Limited et Premier peuvent profiter d’un moteur 4-cylindres turbo de 2,5 litres, lequel annonce une prestation de 260 chevaux et 277 livres-pieds de couple. C’est de nature à nous faire oublier le 6-cylindres qui servait jusqu’ici le modèle.
Dans chaque cas, une transmission à variation continue est responsable du passage de la puissance aux roues.
Avec le moteur atmosphérique, cette dernière se lamente passablement, mais seulement lorsqu’on met la pédale au plancher ; ce n’est pas dans les habitudes du client type de cette voiture. En fait, celui qui a parfois comme réflexe de malmener la monture qui le sert n’hésitera pas à cracher les 2800 $ supplémentaires pour profiter de la mécanique turbo. Avec elle, la CVT n’a pas le temps de se plaindre et la simulation de rapports est efficace. Et la livrée de la puissance aussi, linéaire et prompte. On peut même dire qu’elle est impressionnante.
S’il est clair qu’on s’amuse davantage au volant de versions pourvues de ce dernier moulin, les GT, on peut vivre le quotidien avec le plus petit bloc. C’est une question de priorités.
Quant au comportement général, le confort et la quiétude dominent l’expérience. La nouvelle plateforme globale de Subaru offre une belle rigidité, au point où vous verrez les limites des pneumatiques, et probablement les vôtres, bien avant celle du châssis.
Et, un peu comme pour l’habitacle, on prend goût à la conduite de la Legacy. Pour la décrire, un seul mot suffit : équilibre.
Conclusion
La Legacy est à ce point pourvue de belles qualités qu’on ne peut qu’être incrédule devant ses piètres résultats. Sans être meilleure qu’une Toyota Camry, elle n’a rien à lui envier. Conséquemment, elle devrait performer beaucoup mieux dans sa catégorie.
La mission de Subaru est de la faire connaître. Les gens qui apprécient déjà la marque vont d’instinct vers l’Outback, du moins six fois plus depuis le début de la présente année. La compagnie doit mettre sa Legacy à l’avant-scène, car elle a tout pour sortir de l’ombre.
La campagne de pub la concernant parle du VUS des berlines. Ça en dit beaucoup sur le rôle qu’on souhaite pour elle.
Versions et prix
Modèle PDSF
Convenience 26 395 $
Touring 30 295 $
Limited 34 295 $
Premier 36 295 $
Limited GT 37 095 $
Premier GT 39 095 $
On aime
Équilibre général
Présentation intérieure soignée
Mécanique turbo convaincante
Traction intégrale ; l’ajout majeur du modèle
On aime moins
Style beaucoup trop anonyme
Boîte CVT bruyante avec le moteur de base
Plusieurs aides à la conduite sont trop intrusives
Principales concurrentes
Toyota Camry
Honda Accord
Nissan Altima
Hyundai Sonata
Kia Optima
Mazda6
Ford Fusion