Le traversier entre Seattle et Bainbridge Island, située à quelques kilomètres de la côte, offre une vue exceptionnelle du secteur portuaire de la ville en constante évolution. Les grues de construction s’affairent à meubler l’espace qui n’est pas déjà occupé par les grosses tours à condos de luxe derrière Pike's Market, ce fameux marché où une foule de résidents et de touristes viennent cueillir les produits maraîchers et fruits de mer les plus frais.
La toute nouvelle Volkswagen Golf Alltrack 2017 garée tout à l’arrière du pont inférieur du traversier incarne en quelque sorte un changement similaire. En nous rapprochant de plus en plus de l’île, les ailes musclées et les longerons de toit de la voiture cachent ce décor urbain qui se transforme presque aussi rapidement que la gamme de Volkswagen devant les nouveaux besoins des familles canadiennes.
Les VUS continuent de régner; il suffit de jeter un coup d’œil aux tableaux de ventes pour s’en convaincre. Volkswagen, qui a longtemps été réputée pour ses petites voitures abordables et qui doit maintenant se remettre d’un scandale des émissions ayant réduit son inventaire de moitié, va de l’avant en se concentrant sur des véhicules utilitaires, à commencer par la Golf Alltrack.
Bon, je sais ce que vous dites : ce n’est pas vraiment un utilitaire. C’est également la première impression que j’ai eue en sortant du traversier pour explorer les routes bordées d’arbres de Bainbridge Island. En termes de conduite, elle démontre toute la solidité et tout le confort de la Golf Sportwagon ordinaire et même aussi de la Golf.
Mais voyez-vous, au lieu de nous vanter les merveilles mécaniques de la Golf Alltrack, Volkswagen désire surtout mettre de l’emphase sur sa personnalité. Oui, d’accord, on dirait une simple Golf Sportwagon qui s’est entraînée au gym pour grossir ses ailes et ses parechocs, mais en portant plus attention, on réalise que son look est plus agressif et que sa suspension a été relevée un peu (+15 millimètres).
Sage décision que de placer le style de vie au-dessus de l’ingénierie pour attirer les consommateurs dans les salles d’exposition. En attendant la venue du Tiguan de nouvelle génération et d’un VUS à 3 rangées encore plus spacieux pour l’année-modèle 2018, ceux-ci y découvriront une nouvelle sorte de multisegment pratique et agréable dans la vie de tous les jours ― et un vrai compétiteur pour Subaru, dont les ventes de véhicules à transmission intégrale explosent depuis 5 ans.
Bainbridge Island est d’ailleurs un fief de Subaru; je ne compte plus tous les Forester, Crosstrek et Outback que je vois dans les villages. Or, la Volkswagen Golf Alltrack 2017 cadre parfaitement ici.
Je laisse la voiture un petit bout de temps pour une sortie en kayak, chose que je n’ai pas faite depuis 15 ans. Je m’éloigne même suffisamment pour que le rivage ne devienne qu’une mince ligne à l’horizon, question de profiter d’un fantastique coin de tranquillité où le seul bruit qui parvient aux oreilles est celui des cormorans au loin qui volent autour des bateaux de pêche.
De retour sur la terre ferme, en territoire Suquamish, l’asphalte disparaît bientôt pour laisser place à 25 kilomètres de chemins de gravier étroits et sinueux. La forêt de chaque côté est dense et sombre. En sillonnant à vive allure ce paysage ancien digne des plus grandes aventures d’explorateurs, la Volkswagen Golf Alltrack m’impressionne avec son système 4Motion qui peut envoyer une partie du couple du moteur à l’essieu arrière chaque fois que j’ai besoin d’aide pour sortir d’un virage dans lequel je suis entré trop rapidement.
Fort de 170 chevaux et 199 livres-pied, le moteur turbo à 4 cylindres de 1,8 litre m’entraîne avec enthousiasme et docilité. Pour une raison que les gens de Volkswagen ne veulent pas nous expliquer, la boîte automatique à 6 rapports offerte aux clients canadiens ne comprendra pas de sélecteurs manuels au volant, contrairement à nos voisins du Sud. Qu’à cela ne tienne, elle trouve admirablement le bon rapport dans toutes les circonstances.
Évidemment, la transmission intégrale augmente la consommation d’essence (environ 20 % supérieure à celle de la Golf Sportwagon à traction), mais la Golf Alltrack conserve une petite empreinte et se veut donc une alternative plus frugale à un VUS conventionnel, sans compter plus agile et plus facile à stationner.
Juste avant de reprendre le traversier pour Seattle, j’ai l’occasion de mettre la Volkswagen Golf Alltrack 2017 à l’épreuve dans un parcours hors route rempli de côtes, question de voir l’efficacité du contrôle de vitesse en descente et du mode « tout-terrain » absent chez les autres modèles Sportwagon. J’attaque prudemment les sentiers où abondent pierres et racines, bien conscient de la garde au sol modestement accrue, puis je m’amuse au point de ne pas vouloir quitter Bainbridge Island.
Certes, très peu de propriétaires de Volkswagen s’adonneront à ce genre de conduite ― le système 4Motion est conçu davantage pour se débrouiller dans la neige que rouler dans le fin fond des bois ― mais c’est bon de savoir qu’il en est capable.
En fin de compte, je vois toute cette expérience comme un microcosme des défis auxquels fait face Volkswagen pour regagner le cœur des acheteurs canadiens sans ses moteurs TDI et sans une gamme de VUS modernes. La compagnie n’est peut-être pas encore sortie du bois, mais je suis convaincu qu’elle y arrivera et continuera de nous épater.