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Pneumatiques : quelles sont les innovations à venir pour des pneus plus écologiques ?

Prototype roue Michelin | Photo : Auto123
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Khatir Soltani
Découvrez les Prochaines Révolutions en Matière de Pneumatiques Écologiques et Comment Elles Vont Transformer Votre Expérience de Conduite.

Depuis l’émergence des enjeux internationaux liés au climat, tous les secteurs connaissent des évolutions notables en matière d’écologie. Le secteur des pneumatiques n’échappe pas à la règle, et les marques développent des modèles de pneus plus adaptés aux enjeux futurs.

Les problématiques liées aux pneumatiques

Les pneus sont nécessaires et il serait difficile de s’en passer, mais ils sont au cœur d’enjeux non négligeables lorsqu’on s’intéresse à la santé publique et à l’environnement. Leur fabrication est consommatrice de matière première, en partie issue d’hydrocarbures pétroliers, leur utilisation est émettrice de particules et leur fin de vie les transforme en déchets encombrants et pouvant être polluants.

Dans beaucoup de pays la réglementation évolue pour que les particuliers et les professionnels du secteur diminuent l’impact de ces consommables sur la planète, tout en respectant des normes primordiales de sécurité. On pourra par exemple citer les programmes gouvernementaux de récupération des pneus hors d’usage au Canada, qui ont été mis en place à la suite d’incidents majeurs touchant des lieux de stockages de pneus. Après que des matières très inflammables ont provoqué des incendies, il a fallu investir plusieurs millions de dollars pour assainir la zone.

Depuis, de nombreuses directives ont été mises en place au Québec, on citera notamment un premier « programme d’aide au réemploi, au recyclage et à la valorisation énergétique de pneus hors d’usage » en 1993, qui a été suivi de plusieurs autres programmes de gestion intégrée, et de la mise en place d’une taxe environnementale de 3$ à l’achat de pneus neufs. Ce droit ayant été révisé en janvier 2023 pour atteindre 4,5$ sur les pneus d’automobile et 6$ pour les pneus de camion, afin de financer les différents programmes.

En fonction des pays, des programmes de traitement et de recyclage des pneus sont donc mis en place ; ils entraînent avec eux tout un secteur économique. 

Des innovations sur le pneumatique

Lorsqu’il s’agit d’écologie, les grands fabricants de pneus s’axent principalement autour de deux types d’innovations : la fabrication de pneus dont la durée de vie est augmentée et des pneus fabriqués à partir de matériaux recyclés (ou biosourcés). 

Ces innovations sont orientées par l’intérêt du grand public, mais aussi, et surtout par les enjeux nationaux et internationaux autour des normes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Pneu Michelin
Pneu Michelin | Photo : Michelin

Pour le côté durable, nous vous avions parlé en 2019 de GM et Michelin qui se sont unis pour développer et commercialiser un pneu sans air nommé Uptis (pour Unique Puncture-proof Tire System). Quatre ans plus tard, on approche désormais de la date de mise en vente pour le grand public de ces produits, qui visent notamment à réduire « le nombre de pneus jetés suite à une crevaison » et donc induire « moins de matières premières consommées pour produire des pneus de remplacement ». Pour cette dernière ligne droite, les pneus sont en tests en conditions réelles auprès de différentes sociétés, par exemple DHL à Singapour sur près de 50 véhicules et 40 fourgons du groupe La Poste en France.

 

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On notera que Goodyear se positionne également sur des choix de pneumatiques plus écologiques. Leur objectif affiché est de commercialiser un pneumatique « 100 % durable d’ici 2030 ». 
Cette année, la marque a annoncé avoir développé un modèle de démonstration composé de 90 % de matériaux durables, démontrant ainsi « sa capacité à produire un pneumatique tourisme avec un haut niveau de matériaux durables. ». Ce dernier a également été pensé pour diminuer la résistance au roulement et donc diminuer la consommation de carburant du véhicule.
Les différences par rapport à un pneu classique ? L’utilisation de produits biosourcés pour remplacer, ou réduire, l’utilisation de matériaux à base de pétrole : huile de soja, cendres d’écorces de riz, polyester recyclé, résines de pin biorenouvelables, etc.

Goodyear et Michelin ont tous deux communiqué sur une augmentation du renouvelable d’ici 2040 et d'ici 2048.

La localisation de la production

On assiste au Canada comme dans d’autres pays, à l’envie de relocaliser une partie de la production de pneus sur le territoire. Outre l’intérêt économique (emplois, taxes, et autres), cette implantation « locale » présente un intérêt écologique. Des pneus qui voyagent moins pour être acheminés du lieu de production au lieu de consommation c’est un bilan carbone réduit.

Ainsi à Joliette au Québec on trouve l’usine Bridgestone, qui compte plus de 1 250 employés et qui produit jusqu’à 17’000 pneus par jours. Construite en 1965, cette usine est présentée par la marque comme « l’une des usines les plus vertes du groupe Bridgestone ». Un acteur historique essentiel pour l’activité dans la région, qui fait partie des pilotes de l’innovation pour le groupe.

Récemment, on observe l'émergence de productions locales qui, souvent indépendantes des grands fabricants, combinent des circuits de distribution courts avec la conception de pneus plus respectueux de l'environnement.

C’est le cas par exemple de la marque Leonard commercialisée en France chez Norauto, qui propose des pneumatiques composés de 80 % de matière recyclée, permettant « d’économiser 63% du CO2 lors de la fabrication » (comparativement à un pneu neuf selon le fabricant). Située dans le nord du pays, l’entreprise s’est implantée sur l’ancien site Bridgestone de Béthune permettant de réindustrialiser une partie des lieux et de conserver une partie du savoir-faire avec le retour à l’emploi d’une trentaine de salariés sur les 800 de l’ancienne usine.

Les pneus reconditionnés (ou rechapés) présentent un double intérêt, puisque les déchets produits dans le pays restent sur le territoire pour être réutilisés et transformés en de nouveaux pneus, plutôt que d’être stockés inutilement ou détruits. Matière première, produit final, client et déchet se trouvent alors sur un seul et même territoire, c’est un des avantages de l’économie circulaire.

Qu’il s’agisse de grandes marques ou de marques émergentes, ces initiatives prouvent que le secteur du pneumatique n’est pas en manque de ressources pour innover et proposer des produits plus durables.

Privilégier la qualité des pneus et les comportements routiers adaptés

L’écologie peut également se trouver ailleurs, notamment dans les comportements routiers. Ainsi la conduite d’un véhicule peut aider à économiser de la gomme et donc moins polluer, comme elle peut augmenter les risques de dommage sur un pneu et ainsi diminuer sa durée de vie.

Les bons comportements à adopter sont les suivants : 

  • Vérifier régulièrement la pression des pneus à froid : vous devez vous baser sur la pression de référence fournie pour votre véhicule, en cas de sur-gonflement ou surtout de sous-gonflement, vous risquez une usure excessive des pneus.
  • Vérifier l’équilibrage et la géométrie : pour éviter une usure anormale et asymétrique du pneu, comme pour limiter les vibrations et donc les contraintes sur ce dernier,
  • Éviter les vitesses excessives : qui auront tendance à augmenter les contraintes appliquées sur la gomme,
  • Attendre d’atteindre la limite légale d’usure, ni plus, ni moins : sur ce point veillez à respecter les normes en vigueur, changer des pneus trop tard c’est un risque important pour la sécurité, les changer trop tôt c’est transformer un produit encore utilisable en un déchet trop tôt.

On notera également, même si ça paraît évident que plus un véhicule est petit, plus ses pneumatiques sont petits, plus la quantité de gomme nécessaire pour leur production est faible ! D’après Recyc-Québec et le programme québécois de gestions des pneus hors d’usage, « une croissance de la quantité de pneus hors d’usage a été observée », cette augmentation est attribuée en partie à l’augmentation « du poids moyen d’un pneu », « à cause de la popularité grandissante des véhicules de type VUS. ».

La qualité des pneumatiques à l’achat compte également. Même sans aller jusqu’à faire le choix de l’innovation ou d’un pneu reconditionné, certains profils sont plus durables que d’autres. Le nombre de kilomètres qu’ils pourront parcourir avant d’atteindre le témoin d’usure variant énormément. L’UFC que Choisir, une association française de consommateurs, équivalent au Québec à l’édition « Protegez-vous » a ainsi comparé 50 pneus et la différence est bien là ! Le modèle le plus durable a atteint 71 500 km, là où le dernier du classement a difficilement atteint les 23 100 km. La moyenne du comparatif se situant autour des 39 000 km. 
Ajoutons à cela que les pneumatiques ont un impact sur la consommation de carburant du véhicule et l’optimisation de leur performance au cours de leur vie, ce critère est donc à vérifier lors de l’achat d’un profil de pneu, quelle que soit la marque.

Khatir Soltani
Khatir Soltani
Expert automobile
  • Plus de 6 ans d'expérience en tant qu’essayiste automobile
  • Plus de 50 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à des discussions avec la quasi-totalité des manufacturiers au Canada