Depuis quelques mois, tout ce qu’on entend – ou presque – à propos de la voiture munie d’un bloc thermique est négatif. L’automobile telle qu’on la connaît depuis le siècle dernier est devenue, au fil des dernières années, la cible de tous les environnementalistes de la planète.
L’industrie a, en grande majorité, décidé de se tourner vers la propulsion électrique. Quoique, pour le moment, ces annonces concernant l’avenir de l’industrie sont presque toutes tournées vers 2030. Voilà une année qui s’annonce charnière dans l’histoire de l’automobile, si on se fie à tous ces communiqués de presse.
Mais revenons au présent. En ce dernier trimestre de 2022, l’automobile carbure encore majoritairement à l’essence. Et on s’entend que cette ultime berline intermédiaire surpuissante signée Cadillac en prend, de l’essence.
Grosso modo, la Cadillac CT5-V Blackwing est un muscle car déguisée en salon sur roues. Ou, comme je me suis amusé à l’appeler pendant ma semaine d’essai, une Corvette à quatre portières. Mais, avant de vous conseiller de l’acheter ou non, prenez le temps de lire ce qui suit, ça pourrait vous éclairer sur le potentiel de l’une des dernières berlines à essence de l’histoire de la marque.
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Musclée à souhait
Sous le capot, la berline la plus pimentée de l’empire General Motors a droit à une version révisée du V8 suralimenté de 6,2 litres qu’on retrouvait à bord de l’ancienne Corvette Z06, rien de moins. Rappelons que la plus récente Z06 fait appel à une configuration à moteur central.
Avec une puissance de 668 chevaux et un couple tout aussi impressionnant de 659 lb-pi, disons que les accélérations n’ont rien de monotone. D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une berline posée dotée d’un rouage intégral sophistiqué. Non, la CT5-V Blackwing joue la carte nostalgique avec ses deux seules roues motrices arrière et sa boîte manuelle à six rapports, une configuration de plus en plus rare de nos jours.
Sous cette robe de berline de luxe se cache donc un monstre que seul un constructeur américain aurait pu concocter. La sonorité gutturale du V8 suralimenté, les vibrations de la caisse lors des arrêts aux intersections – j’adore (!) soit dit en passant –, la férocité des dérapages (contrôlés, je vous rassure), toute cette énumération a plus de points en commun avec la Chevrolet Camaro qu’une berline intermédiaire confortable.
Au siècle dernier, rien de tout ça n’aurait été associé à une grande berline Cadillac. Mais depuis 20 ans, les sorciers de la marque mettent les bouchées doubles pour développer des berlines capables de rivaliser avec les meilleures de l’industrie.
Une tenue de route phénoménale, mais…
La CT5-V Blackwing n’est pas seulement une berline où les ingénieurs ont réussi à insérer un gros V8 dans le compartiment moteur. Le châssis de l’intermédiaire montrait déjà de belles choses à bord de la CT5-V – celle qui vient avec le moteur V6 corporatif de l’empire –, mais avec une puissance motrice qui a plus que doublé, le squelette de la CT5 a intérêt à être rigide dans cette application aux « ailes noires ».
Malgré ces vibrations ressenties aux intersections, la plateforme de la CT5 – connue sous l’appellation Alpha 2 à l’interne – est rigide à souhait. Elle peut également compter sur la suspension MagneRide, qui fait appel à des électro-aimants associés à un fluide magnétorhéologique à l’intérieur des amortisseurs pour varier le taux d’amortissement, et ce, jusqu’à concurrence de 1000 fois par seconde.
Et c’est quand on ajuste les multiples paramètres de conduite que l’on comprend à quel point la CT5-V Blackwing a plusieurs personnalités, de la grande berline idéale pour les boulevards jusqu’au monstre d’accélération capable de se défendre sur un tracé sinueux de circuit fermé.
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On se calme
Sur les chemins malmenés de la grande région de Montréal, la CT5-V Blackwing est un peu ferme lorsque la suspension est à son ajustement le plus aiguisé. La suspension molle m’apparaît comme l’option la plus logique en ville ou sur une route secondaire en mauvais état.
Même la direction à son ajustement le plus lourd est peut-être un peu trop pour le quotidien, mais il est rassurant de savoir que ce mode existe… pour les instants de folie! En revanche, le maniement de la boîte de vitesses est un vrai charme, surtout lorsque le grondement de chaque changement de rapport se fait entendre sous le capot.
Ce V8 coiffé d’un compresseur volumétrique appartient peut-être à la « vieille école », ça ne l’empêche pas de séduire chaque fois que le pied droit se montre plus insistant.
En fait, j’ai passé plus de temps à peser sur le bouton « V » durant cette semaine d’essai, simplement pour profiter de la mécanique gonflée à bloc. J’ai également pu tester la motricité de la voiture (sans l’aide du système antipatinage) en ligne droite avec des départs arrêtés assez violents. Laissez-moi vous dire que l’essieu arrière patine encore en troisième vitesse. J’aurais pu continuer, mais ceci m’aurait exposé à une contravention assez salée, alors... .
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Plus féroce que les autres
Au cours de la dernière année, j’ai pu conduire une BMW M5 Competition et une Mercedes-AMG E63 S et même si ces deux pointures n’ont rien en commun avec une tortue, leur rendement est plus doux, plus facile à vivre. À noter, d’ailleurs, que ces deux voitures sont exclusivement munies d’une boîte automatique, contrairement à l’unité manuelle à six vitesses de la Cadillac.
J’ajouterais également que, même s’il est clair que la version équipée de la boîte automatique à 10 rapports est la plus rapide des deux, je crois que l’amateur de conduite pure lui préfèrera celle qui l’oblige à appuyer sur la pédale de gauche chaque fois qu’il veut bouger le levier de la boîte de vitesses.
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Un habitacle bien ficelé?
À côté des récentes créations de Cadillac, la planche de bord de la CT5-V Blackwing n’est pas aussi « m’as-tu-vu ». Disons que le design paraît même un peu vieillot par moments, mais personnellement, après avoir profité de cette fusée américaine pendant quelques jours, le look de ce qui se trouve devant moi n’a pas vraiment d’importance.
D’ailleurs, même si les plus technos d’entre nous auraient préféré le vaste écran implanté à bord de l’Escalade, je vous rassure, le système d’infodivertissement est toujours aussi convivial et la réactivité de l’écran ne pose aucun problème.
Ce qui compte dans une telle berline de performance, c’est d’être confortablement assis dans des sièges enveloppants avec une excellente position de conduite. Le reste de l’histoire s’écrit à mesure que les kilomètres s’accumulent au compteur de la voiture.
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Le mot de la fin
Vous avez remarqué que je n’ai pas abordé la question de la consommation de carburant. Si elle vous préoccupe, vous n’êtes pas à la bonne adresse, car le plaisir ne fait que croître avec l’usage à bord de la CT5-V Blackwing. Autrement dit, la facture d’essence sera salée, mais l’acheteur d’une berline aussi puissante sait exactement ce qui l’attend. Mais ça, vous le saviez probablement déjà!
On aime
La sonorité du V8
Le côté bestial, très « muscle car » finalement
La présence d’une boîte manuelle
On aime moins
Le design un peu moins impressionnant de la planche de bord
Quelques plastiques bon marché dans l’habitacle
Pas autant de dispositifs de sécurité avec la boîte manuelle
La concurrence principale
Audi RS6 Avant / RS7
BMW M5 Competition
Maserati Ghibli Trofeo
Mercedes-AMG E 63 S
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