L'année 2012 marque le 30e anniversaire de la mort du légendaire pilote Ferrari de Formule 1, Gilles Villeneuve, survenue sur le tracé de Zolder en Belgique le 8 mai 1982. Nous continuons notre série de reportages spéciaux avec Richard Spénard qui raconte les souvenirs de son ancien coéquipier.
Après avoir disputé une saison victorieuse en Formule Ford 1600 en 1973, Gilles Villeneuve, jeune pilote doué, décide, la saison suivante, de passer à l'échelon supérieur, la Formule Atlantique. Peu connue des Européens, l'Atlantique est réservée à des monoplaces de Formule B semblables aux Formule 2 de l'époque. Propulsées par des moteurs atmosphériques de 1,6 litre, munies d'ailerons et chaussées de pneus lisses, l'Atlantique parvenait à intéresser des pilotes étrangers à venir courir en Amérique du Nord comme Keke Rosberg, Patrick Depailler, Jacques Laffite, James Hunt, Riccardo Patrese et Didier Pironi.
En 1974, Villeneuve dispute sa première saison en Atlantique et se casse une jambe au circuit de Mosport. En 1975, il remporte sa première victoire sous une pluie torrentielle sur le tracé de Gimli au Manitoba. Il décroche le titre en 1976 (March 76B, cette voiture peut être vue au musée Gilles-Villeneuve de Berthierville) et répète l'exploit en 1977 aux commandes d'une March 77B d'Écurie Canada. Son coéquipier était alors un autre jeune Québécois, Richard Spénard, qui est devenu par la suite l'un des meilleurs pilotes au pays, récoltant plusieurs titres en Formule 2000, Coupe Porsche et série GM, et courant même aux 24 Heures du Mans.
« Gilles était un bon coéquipier, mais il était très en avance sur nous tous (les autres pilotes de Formule Atlantique), » a confié Richard Spénard à Auto123.com. « Je veux dire que Gilles était déjà un pilote professionnel à cause de ses nombreuses années en motoneige. Il possédait déjà une attitude de pilote professionnel et il était habitué à effectuer des essais, et à développer, concevoir et même fabriquer des pièces. Il avait ce côté ingénieur. À côté de lui, nous étions des jeunes pilotes sans beaucoup d'expérience. Gilles était un 'patenteux' comme on dit ici. Nous ne faisons que piloter tandis que lui faisait aussi tout le travail de développement et d'ingénierie », de raconter Spénard. Toujours actif à titre de coach en Challenge Ferrari, Spénard, âgé de 58 ans, se souvient bien de sa première rencontre avec Gilles Villeneuve. « Je l'ai rencontré pour la première fois au printemps 75, au restaurant, en compagnie de notre préparateur. J'étais en Formule Ford et lui, avait disputé une année en Atlantique. Nous étions à seulement trois semaines du début de la saison et Gilles n'avait pas d'entente pour courir. Si l'accord se faisait, il devait tout faire dans l'équipe, de la mécanique au pilotage. Tout. Il venait pourtant de disputer une bonne première saison, et à quelques jours du début de la seconde, il n'avait rien en place. Ça m'a vraiment étonné », de raconter Spénard.
« J'ai été son coéquipier au sein d'Écurie Canada en 1977. Il possédait une énorme avance sur nous tous. Le niveau de pilotage n'était pas super relevé, mais pour lui, c'était le top. Il agissait en pilote hyper professionnel. Il faisait des exercices pour améliorer sa vision et autres choses de ce style. Il ne laissait rien au hasard. Nous étions dans la même écurie, mais s'il endommageait sa voiture, je devais lui céder la mienne. Il avait sa famille auprès de lui, et Jacques était tout petit, mais il vivait déjà dans le monde de la course automobile » de poursuivre Spénard. « J'étais relativement tranquille sur la route. Je n'étais pas vraiment un 'gars de char'. Même jeune, j'étais assez discipliné au volant. Mais Gilles, c'était toujours à fond. Tout le temps. Quand il était au volant de sa Mustang V8, il me disait 'Rouler doucement ? Pas capable !' La vitesse, c'était en lui, » de poursuivre Spénard. Richard Spénard se souvient aussi d'expéditions mémorables avec le pick-up 4x4 avec Villeneuve... « Je suis allé faire du pick-up off-road avec lui à Berthierville », de dire Spénard. « Je ne connaissais rien là-dedans, et je suis resté coincé. J'ai dû demander son aide pour qu'il me sorte du pétrin. Mais le plus ironique est tandis qu' il changeait et modifiait sans cesse les pièces mécaniques de son pick-up, il apportait un soin maladif à la carrosserie. J'aurais pu casser le moteur ou briser le différentiel, et cela ne l'aurait pas perturbé. Mais il ne fallait surtout pas bosseler la tôle de son pick-up ! Il pouvait changer le moteur en un tour de main, mais il ne voulait surtout pas réparer la carrosserie ! Il était comme ça..., » de conclure Spénard.
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