Il y a longtemps que Jaguar n’a pas connu de succès avec une voiture compacte, mais ce n’est pas vraiment de sa faute. Forcée d’adopter la plateforme de Ford qui a donné naissance à la berline X-Type au tournant du millénaire, elle a vécu un échec retentissant avant de divorcer de l’ovale bleu et d’aboutir dans le giron du conglomérat indien Tata Motors.
Voici enfin qu’arrive une berline compacte réellement intéressante : la Jaguar XE 2017. Le fait qu’elle ait été conçue et développée à l’interne exclusivement est important pour plus qu’une raison de fierté. Voyez-vous, Jaguar est sur une lancée en ce moment, ayant introduit coup sur coup et en peu de temps les F-Type coupé et cabriolet très acclamés, la grande berline XJ largement construite en aluminium et, simultanément avec la XE, son tout premier utilitaire sport, le F-PACE. Chacun de ces véhicules est très bien équipé pour défendre la part de marché de Jaguar, aussi modeste soit-elle, mais ce sont les 2 nouveaux modèles 2017 ― le F-PACE et la XE ― qui ont le plus de chances de sortir Jaguar de sa niche habituelle et de lui permettre de se mesurer directement aux gros canons mondiaux.
Menaçante de série
Tout commence avec les phares. La nouvelle Jaguar XE ne s’éloigne pas bien loin du nid en termes de design extérieur, ce qui signifie qu’elle adopte le même faciès agressif marqué par des phares d’allure menaçante et des feux de jour à DEL perçants. Leur effet est encore plus puissant sur une petite carrosserie comme celle de la XE, surtout en version haut de gamme R-Sport, qui se trouve à remplir les passages de roues avec des jantes de bon diamètre.
Il est rafraîchissant de voir la Jaguar XE éviter de faire la même erreur que bien d’autres voitures en n’ayant pas l’air plus grosse qu’elle le soit en réalité. Sa silhouette svelte lui confère un look sportif encore plus prononcé.
À l’intérieur, la Jaguar XE 2017 se veut charmante, mais pas tout à fait autant qu’on l’espérait à première vue. Bien que la majorité des éléments de design de la marque soient réunis, dont la molette de vitesses qui surgit de la console au démarrage et la bande de sélection du mode de conduite non loin de là, il y a un peu trop de plastique rigide à mon goût, surtout au niveau des portières et là où le genou repose contre la console. Peut-être ai-je été trop gâté par les superbes habitacles des plus récents produits de Jaguar, notamment celui de la berline intermédiaire XF, mais j’aurais aimé davantage de cuir sur le tableau de bord et les portières.
Bien entendu, ce ne sont pas les raisons qui manquent d’aimer l’intérieur de la Jaguar XE, à commencer par le système d’infodivertissement InControl Touch Pro avec écran large de 10,2 pouces, plus grand, plus rapide d’exécution et plus convivial que son prédécesseur simplement appelé InControl Touch. L’espace aux places arrière est aussi plus abondant que je me rappelais après ce premier contact avec la XE il y a presque 8 mois, en particulier pour la tête. Bref, cette berline compacte est bel et bien pratique et ne sert pas qu’à embellir un garage, ce qui est important quand on rivalise avec les meilleures comme la BMW Série 3 et la Mercedes-Benz Classe C.
Suralimentée pour votre plaisir
Les ingénieurs de Jaguar savent que la lutte est très chaude dans le segment des voitures compactes de luxe, alors ils ont sorti l’artillerie lourde. Forte de 340 chevaux et d’un couple de 332 livres-pied, la nouvelle Jaguar XE 35t exploite le fameux V6 suralimenté de 3,0 litres de la marque anglaise. Au Canada, contrairement aux États-Unis, il n’y a pas de moteur à essence turbocompressé à 4 cylindres comme dans les versions de base de la Série 3, de la Classe C, de l’Audi A4 et de la Cadillac ATS, du moins pas pour 2017.
Par contre, un turbodiesel de 2,0 litres développant 180 chevaux et 318 livres-pied de couple est aussi disponible. Moins dispendieuse, la Jaguar XE 20d se vend à partir de 45 000 $. Elle se montre aussi plus écoénergétique : bien que ses cotes de consommation officielles n’aient pas encore été annoncées, attendez-vous à 5-6 L/100 km sur l’autoroute. Dans chaque cas, un rouage intégral est le seul système d’entraînement offert avec la XE canadienne.
Quand on a la chance de les essayer successivement, on constate une bonne différence en termes d’accélération. La XE 35t atteint 100 km/h en seulement 5,1 secondes, alors que la version 20d le fait en 7,6 secondes. Une fois lancée, cependant, cette dernière ne doit pas être négligée, car sa puissance coule de façon linéaire, prévisible et surtout silencieuse. Vraiment, c’est difficile de deviner qu’on conduit une berline à moteur diesel juste par le son.
Mordante et accrocheuse
Les qualités athlétiques de la Jaguar XE 2017 sont évidemment mieux exploitées avec le V6 suralimenté. Peu de berlines de luxe excellent autant dans l’art d’épouser les courbes sans nous faire sentir toutes les imperfections de la chaussée en cours de route (je pense à la Série 3 et à l’ATS). La XE est une voiture qu’on désire réellement conduire, parfois même avec l’envie de s’amuser sur des chemins plus tortueux au fin fond de la campagne après que les policiers aient terminé leur journée de patrouille.
En somme, si le look sensas de la Jaguar XE attirera les acheteurs potentiels chez les concessionnaires, un essai sur une belle route asphaltée devrait inciter la majorité à échanger leur véhicule sur-le-champ.
Le meilleur à venir?
Aussi talentueuse et agréable que soit la nouvelle Jaguar XE 2017, je ne peux m’empêcher de fantasmer sur le potentiel de son châssis en aluminium et à quel point la compagnie ferait mal aux autres berlines sport de luxe simplement en utilisant l’un de ses plus gros moteurs. Que diriez-vous d’une Jaguar XE R? Moi, j’en veux une!
